Question de Mme MICOULEAU Brigitte (Haute-Garonne - Les Républicains) publiée le 17/01/2018

Question posée en séance publique le 16/01/2018

Mme Brigitte Micouleau. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale. En réalité, il s'agit moins d'une question que d'un appel au secours, celui des enseignants du lycée Joseph-Gallieni de Toulouse, qui accueille 1 000 élèves, du CAP au bac professionnel et technologique.

Mardi dernier, les enseignants de cet établissement étaient en grève pour dénoncer une situation inouïe, qui dure depuis des années et qui ne cesse d'empirer : quelque 150 élèves « très difficiles », parfois délinquants, font régner la terreur dans ce lycée. Ils y ont pris le pouvoir : agressions verbales, menaces, coups, jets de pierres et de canettes à l'encontre du personnel de l'établissement ; humiliations des élèves les plus faibles ; exclusions des filles de certains espaces de convivialité ; vols ; généralisation des bagarres, toujours plus violentes ; déclenchements d'incendies… Tout cela, bien sûr, sur fond de trafic de drogue.

Les surveillants de l'établissement sont aujourd'hui dépassés, épuisés. Les professeurs confient venir travailler la peur au ventre – on les comprend !

Ce lycée professionnel, entièrement reconstruit en 2008, en raison du drame survenu à l'usine AZF, est quasiment neuf. C'est bien la démonstration que le cadre de vie ne suffit pas.

La situation de ce lycée n'est malheureusement pas unique en France. L'accueil d'élèves particulièrement difficiles conduit à remettre en cause les chances de réussite de tous ceux qui, dans ces établissements, souhaitent travailler.

Ministre le ministre, ne croyez-vous pas qu'il est temps de prendre à bras-le-corps ce dossier et de se poser la question de la création d'établissements d'accueil adaptés à ces situations ? Ne croyez-vous pas qu'il convient de repenser en profondeur l'organisation des parcours scolaires des élèves les plus difficiles, afin de faire en sorte qu'élèves et professeurs ne vivent plus l'enfer ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement publiée le 17/01/2018

Réponse apportée en séance publique le 16/01/2018

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Madame Micouleau, vous avez utilisé les mots « appel au secours » pour relayer la voix des enseignants de ce lycée.

Aujourd'hui, 70 des 135 enseignants du lycée Joseph-Gallieni se sont mis en retrait, parce qu'ils vivent la situation totalement inacceptable que vous venez de décrire.

Ce phénomène n'est pas nouveau. Cet établissement, reconstruit après le drame de 2001, a normalement une capacité d'accueil de 1 400 places. Ses effectifs sont aujourd'hui largement inférieurs, car les tensions qui existent ont amené les services du ministère de l'éducation nationale à faire des choix.

L'année dernière, déjà, il a fallu déployer sur le site même du lycée l'équipe mobile académique de sécurité. Des cellules d'écoute ont également été mises en place pour les personnels. Autant de situations que nous avons connues ces dernières semaines et qui se sont renouvelées le jour de la rentrée, le 8 janvier dernier.

Les faits que vous avez rappelés et ceux que j'évoque à mon tour sont totalement anormaux. Un établissement scolaire doit être un lieu de paix, un lieu de calme, un lieu de partage, un lieu d'éducation.

Aujourd'hui, ces conditions ne sont pas réunies. C'est la raison pour laquelle l'inspection d'académie et le rectorat ont reçu, dès la semaine dernière, l'équipe de direction pour envisager, avec les autorités des collectivités locales, les moyens d'aménagement nécessaires pour cet établissement.

L'inspecteur d'académie et les services du rectorat recevront ce soir l'ensemble des représentants des enseignants pour trouver une solution pérenne, qui permette de ramener le calme nécessaire à l'apprentissage des enseignements.

Il s'agit d'un quartier difficile, comme il en existe ailleurs dans notre pays. Nous voulons investir massivement dans l'éducation, parce qu'il s'agit de la clef de l'émancipation et de la sécurité de chacune et de chacun.

Le ministre de l'éducation nationale est bien évidemment très attentif à ce sujet. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

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