Question de Mme COHEN Laurence (Val-de-Marne - CRCE) publiée le 19/10/2017

Mme Laurence Cohen interroge Mme la ministre, auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports sur le Grand Paris Express.
Les quatre nouvelles lignes du Grand Paris Express (15, 16, 17 et 18) et les lignes prolongées (11 et 14) seront connectées au réseau de transport existant et offriront 200 kilomètres de réseau supplémentaire aux usagers. Ainsi, 68 nouvelles gares seront réparties sur l'ensemble du territoire francilien.
Ce métro automatique est un projet ambitieux pour améliorer les déplacements en transports en commun en Île-de-France.

Il est le fruit de nombreux débats publics et d'une concertation approfondie avec les élus et les citoyens pour faire évoluer le tracé et répondre ainsi aux besoins des populations et des territoires.

Alors que les premiers travaux préparatoires ont débuté, certains évoquent un retard possible du chantier, voire un abandon de certaines lignes, suite à une réévaluation des coûts, à hauteur de 35 milliards d'euros.
Elle lui demande de lever les doutes et inquiétudes en confirmant les intentions du Gouvernement en termes de respect du calendrier initial, de respect du tracé dans son intégralité, et de maîtrise des coûts.
Ce projet est très attendu et ne saurait être remis en cause.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire publiée le 22/11/2017

Réponse apportée en séance publique le 21/11/2017

Mme Laurence Cohen. Le Grand Paris Express, ce futur métro qui doit compter 200 kilomètres de lignes automatiques et soixante-huit nouvelles gares, est sur les rails, si j'ose dire, les premiers travaux préparatoires étant en cours et un premier tunnelier devant bientôt entrer en action.

En tant qu'ancienne conseillère régionale et administratrice du Syndicat des transports d'Île-de-France, je peux témoigner de la qualité des débats publics qui ont conduit, en 2010, à l'élaboration du tracé, de façon très collective et participative, pour desservir le maximum de territoires, au plus près des besoins des populations.

Sans qu'il faille l'opposer à la nécessaire amélioration de l'existant, la réalisation du Grand Paris Express est très attendue par les Franciliens et les Franciliennes, d'où les inquiétudes légitimes qui émergent depuis quelques mois s'agissant des éventuels retards de calendrier ou d'une modification du tracé initial.

Les derniers chiffrages de la Société du Grand Paris font état d'un surcoût d'environ 10 milliards d'euros, tandis qu'un rapport du préfet de région évoque des optimisations de dépenses : autant d'éléments faisant craindre aux élus locaux et aux habitants que la réalisation de certains tronçons puisse être abandonnée ou retardée, peut-être au profit d'autres, plus en lien avec les jeux Olympiques, par exemple.

Certes, le Président de la République a coupé court à certains doutes, en annonçant récemment le maintien de la ligne 16 et sa réalisation pour 2024. C'est une bonne nouvelle pour les territoires concernés, qui en ont tant besoin, et j'espère qu'il ne les décevra pas. Mais qu'en est-il des autres lignes ? Élue val-de-marnaise, je sais que les lignes 15 Sud et 14 Sud ne sont pas particulièrement menacées, mais je suis en revanche beaucoup plus dubitative en ce qui concerne la ligne 15 Est. Il ne s'agit pas ici pour moi de défendre une vision parcellaire, telle ligne plutôt que telle autre : le Grand Paris Express est un schéma d'ensemble, conçu pour bien fonctionner une fois toutes les lignes réalisées.

En ce sens, je rejoins la motion votée le 9 novembre dernier par le conseil d'administration Orbival, cette association qui rassemble des élus de toutes les sensibilités politiques, pour demander le maintien de tous les projets en cours, chacune et chacun ayant pour seul objectif le développement des transports publics.

Le Gouvernement peut-il à présent préciser ses intentions sur le respect du calendrier et sur le maintien du tracé dans son intégralité, afin de lever toutes les incertitudes concernant un projet d'infrastructure de transport très attendu ? Il s'agit du quatrième projet d'infrastructure dans le monde, et les retombées économiques en matière d'emploi et d'aménagement du territoire seront colossales.

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.

Mme Brune Poirson, secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Madame la sénatrice, Mme Élisabeth Borne, ministre chargée des transports, n'a malheureusement pas pu être présente aujourd'hui et m'a donc chargée de vous répondre.

Vous l'interpellez sur le projet du Grand Paris Express, craignant que celui-ci ne soit remis en cause. Je souhaite vous rassurer : le Gouvernement est tout aussi conscient que vous de l'importance du projet du Grand Paris Express. Sa réalisation est indispensable pour maintenir l'Île-de-France dans les tout premiers rangs des métropoles mondiales et faciliter la mobilité quotidienne de l'ensemble des Franciliens.

Le Président de la République l'a rappelé récemment : ni l'opportunité ni le schéma d'ensemble de ce projet ne sont remis en cause. D'importants travaux ont démarré depuis maintenant près de dix-huit mois. Le premier tunnelier entrera en action dès le début de l'année prochaine à Champigny-sur-Marne, dans votre département, madame la sénatrice.

Pour autant, des évolutions récentes posent question.

D'une part, l'attribution à Paris de l'organisation des jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 amène à considérer le calendrier pour s'assurer que les infrastructures prioritaires seront bien livrées à temps. D'autre part, des surcoûts très importants sont apparus, à cause notamment de la difficulté des travaux souterrains.

C'est dans ce contexte que le Premier ministre a chargé le préfet de région de faire un point précis sur le programme de réalisation du Grand Paris Express, en tenant compte de tous ces éléments.

Le préfet a remis son rapport à la fin du mois de septembre et ses propositions sont en cours d'analyse. Le Gouvernement annoncera ses choix très prochainement, en vue de préserver au mieux les objectifs de ce projet essentiel pour l'Île-de-France, tout en retenant un calendrier techniquement réaliste et compatible avec la trajectoire de nos finances publiques.

M. le président. La parole est à Mme Laurence Cohen.

Mme Laurence Cohen. J'entends bien qu'il est nécessaire de prendre en compte certaines évolutions, notamment l'organisation des jeux Olympiques, ainsi que des surcoûts.

Cela étant, j'y insiste, l'Île-de-France a vraiment besoin que ce projet soit mené à terme. Le réseau du métro existant est saturé, fatigué, les pannes se succèdent chaque jour, les Franciliennes et les Franciliens sont épuisés. L'extension du réseau est donc nécessaire pour remédier à ces difficultés et renforcer les liaisons entre banlieues.

Par ailleurs, j'ai bien compris que, à la suite de la remise du rapport du préfet de région le Gouvernement allait faire ses choix et en avertir la population et les élus. Cependant, j'appelle de nouveau l'attention sur la nécessité d'une concertation très étroite avec les élus et d'une grande transparence. Il convient de ne pas prendre des décisions unilatérales qui pénaliseraient quelque territoire que ce soit.

Enfin, le Gouvernement doit faire très attention à ne pas donner un signal négatif, comme celui qui consisterait à privilégier le Charles-de-Gaulle Express, ce projet pharaonique plutôt destiné à répondre aux besoins des hommes d'affaires, au détriment des transports du quotidien pour des millions de Franciliennes et de Franciliens.

Je voulais insister sur ces points ce matin, et je compte sur vous, madame la secrétaire d'État, pour vous faire le relais de mes préoccupations auprès de Mme la ministre chargée des transports.

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