Question de M. MAGRAS Michel (Saint-Barthélemy - UMP) publiée le 05/12/2014

Question posée en séance publique le 04/12/2014

Concerne le thème : Industrie du tourisme

M. Michel Magras. En marge de la présentation des crédits de la mission « Outre-mer », Mme Pau-Langevin a annoncé un plan de relance du tourisme ultramarin.

Le secteur touristique représente 7 % du PIB en Guadeloupe et en Martinique, alors que ces îles disposent en réalité d'une matière première inépuisable pour cette industrie. Le tourisme occupe environ 3 % des effectifs salariés à La Réunion et 9 % en Guadeloupe. Si l'on met ces chiffres en regard de ceux du chômage, on ne peut que considérer qu'il y a urgence à redresser ce secteur, sauf à le condamner définitivement et à obérer son important potentiel de croissance et d'emplois.

Parallèlement, dans la zone Caraïbe, Saint-Domingue accueillait en 2012 plus de 4 millions de visiteurs, quand la Guadeloupe et la Martinique en recevaient 450 000. Cela montre que l'explication du déficit est à rechercher non dans une désaffection des touristes pour cette zone, mais bien dans l'absence de compétitivité des îles françaises.

Il y a donc lieu de mettre en place une approche globale. Dans cette optique, la mise aux normes internationales du parc hôtelier, si elle ne peut en soi constituer une stratégie touristique, reste fondamentale.

En outre, la suppression du dispositif fiscal d'aide à la rénovation hôtelière – au demeurant très largement insuffisant pour répondre aux besoins – ne peut se concevoir que si le Gouvernement envisage de le remplacer par un dispositif mieux adapté et plus efficace.

Par ailleurs, il est impératif de développer une approche par les coûts, notamment en ce qui concerne les charges pesant sur les entreprises du secteur. En témoignent les retards de paiement des charges sociales, alors que les prix sont les plus élevés de la zone Caraïbe, pour des prestations souvent inférieures.

Enfin, une véritable stratégie de relance du secteur suppose une approche globale, incluant la prise en compte de questions culturelles et sociales qui freinent le développement de l'activité. De même, la mobilisation de tous les acteurs, y compris politiques, de tous bords s'impose. La Cour des comptes appelle, quant à elle, à un indispensable sursaut.

Monsieur le ministre, pourriez-vous m'indiquer si des orientations ont déjà été arrêtées dans la perspective de ce plan de relance ? Si oui, quelles sont-elles ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et du développement international publiée le 05/12/2014

Réponse apportée en séance publique le 04/12/2014

M. Laurent Fabius,ministre.Votre question est très intéressante, monsieur le sénateur, car elle retrace bien la situation extrêmement difficile que connaît depuis près de vingt ans le secteur du tourisme outre-mer. De nombreux rapports publics ont été produits sur ce sujet.

Cette situation est marquée par une baisse de la fréquentation touristique dans plusieurs territoires. Les causes en sont multiples et doivent être envisagées avec lucidité.

L'offre touristique outre-mer souffre d'un manque de compétitivité dans un contexte de forte concurrence. Le rapport qualité-prix est bien sûr un élément déterminant dans le choix d'une destination par les touristes. Or la qualité de service laisse parfois à désirer. En outre, certains instruments de promotion ne sont pas toujours au point et les dessertes, régionales et internationales, ne sont pas forcément satisfaisantes. Si l'on additionne tout cela, on aboutit à un constat qui n'est guère brillant.

Nous avons pourtant entre les mains un joyau, avec des sites absolument magnifiques et un grand potentiel de croissance. À côté des pistes traditionnelles, à savoir l'amélioration de la qualité des hôtels, du service, de la formation, de l'accueil, apparaissent de nouvelles pistes, avec le développement des croisières, du nautisme, de la petite et moyenne hôtellerie, du tourisme de gîtes : ce sont autant de directions intéressantes.

La question des dessertes aériennes n'est pas la plus aisée à résoudre, mais elle est décisive, car si nos territoires sont mal desservis ou le sont à des coûts très élevés, les touristes iront ailleurs.

J'ai demandé au Conseil de promotion du tourisme de travailler sur l'outre-mer. Nous allons consacrer une séance spécifiquement à ce sujet, qui sera précédée de multiples échanges, afin d'étudier comment renforcer l'attractivité et la promotion de nos sites ultramarins. Nous rendrons au printemps nos conclusions, qui déboucheront sur un plan d'action précis.

M. le président. La parole est à M. Michel Magras, pour la réplique.

M. Michel Magras. Monsieur le ministre, je vous remercie d'avoir adressé ce message qui, je l'espère, sera entendu par l'outre-mer.

Dans le domaine du tourisme, il faut savoir se faire une place, mais le plus difficile est encore de la garder. On l'a souvent rappelé, l'essentiel n'est pas tant de faire venir des touristes que de les faire revenir.

L'outre-mer dispose d'un potentiel touristique inépuisable, mais il peine à conserver sa place. Peut-être les élus locaux eux-mêmes ont-ils tardé à accompagner les professionnels du secteur.

Je veux croire que l'outre-mer pourra continuer à compter sur le Gouvernement. Son appui lui est absolument indispensable, et le chemin qui reste à faire est long !(Applaudissementssur les travées de l'UMP.)

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