Question de Mme LAMURE Élisabeth (Rhône - UMP) publiée le 31/10/2014

Question posée en séance publique le 30/10/2014

Mme Élisabeth Lamure. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.

Je veux rendre hommage à votre franchise, monsieur le ministre, lorsque vous avouez votre souffrance, vous qui devez annoncer chaque mois une nouvelle augmentation du chômage, comme lorsque vous reconnaissez l'échec du Gouvernement, ce qu'a fait hier le Premier ministre lui-même.

Pourtant, vous attendiez, nous attendions tous l'inversion de la courbe du chômage. Au lieu de cela, c'est une situation dramatique à long terme que vous pressentez. On comprend pourquoi 88 % des Français ne font plus confiance au président Hollande en matière de lutte contre le chômage...

Vous tentez une conversion tardive à l'économie, avec des déclarations d'amour aux entreprises (M. M. Alain Gournac s'esclaffe.), des annonces qui se succèdent autour d'une panoplie de moyens très peu efficaces, alors que c'est un problème de confiance qui se pose.

Comment croire le Gouvernement quand, encore récemment, il provoque incompréhension, confusion et, surtout, exaspération des entrepreneurs à la publication des décrets du futur compte pénibilité ?

Avec l'obligation d'informer les salariés en cas de cession de leur entreprise, pensez-vous possible de les rassurer ?

Et il semblerait que votre majorité ait maintenant la volonté de taxer encore les dividendes !

Comment voulez-vous que la confiance revienne ?


M. Roger Karoutchi. C'est sûr !


Mme Élisabeth Lamure. En outre, quand vous persistez à baisser les dotations des collectivités, vous faites un très mauvais calcul : vous privez les entreprises des investissements publics que les communes ne pourront pas réaliser, ce qui sème la désolation, notamment dans les entreprises du BTP, qui sont au bord du sinistre.

Ici, au Sénat, nous nous réjouissons de l'initiative prise par notre président, Gérard Larcher, en vue de créer prochainement une délégation aux entreprises, car ces dernières, comme les collectivités, doivent être au cœur de nos préoccupations.

Monsieur le ministre, quand et comment allez-vous enfin redonner confiance à ceux qui entreprennent, qui s'exposent personnellement chaque jour et qui prennent des risques pour créer de la richesse, de l'emploi et pour faire fonctionner ce pays ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP, ainsi que sur certaines travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social publiée le 31/10/2014

Réponse apportée en séance publique le 30/10/2014

M. François Rebsamen,ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Madame Lamure, effectivement, oui, j'ai parlé de souffrance. Beaucoup de mes prédécesseurs l'ont sans doute ressentie, mais ils ne l'ont pas exprimée. Je voulais le préciser.

J'ai également parlé d'échec, et je confirme qu'il s'agit bien d'un échec collectif. Savez-vous que, depuis quarante ans, alors que le PIB de notre pays a été multiplié par deux, c'est-à-dire que la richesse de ce pays a doublé, dans le même temps, le taux de chômage a été multiplié par trois, et le nombre de chômeurs, par quatre ?

Mesdames, messieurs les sénateurs de l'UMP et de l'UDI-UC, de vous à moi, sereinement, vous n'avez pas vraiment de leçons à nous donner en la matière.(Applaudissementssur les travées du groupe socialiste.)

En effet, si le taux de chômage est aujourd'hui de 9,7 % en France métropolitaine, savez-vous quand il a atteint son pic ? C'était en 1996, sous le gouvernement de M. Juppé, avec un taux de 10,7 %. Nous pouvons tous ensemble faire ce constat.

M. Jean-Claude Lenoir. C'est donc qu'il a baissé ensuite !

Mme George Pau-Langevin,ministre des outre-mer. À partir de 1997, avec le gouvernement de Lionel Jospin !

M. François Rebsamen,ministre.C'est en effet M. Jospin qui a ensuite fait baisser le taux de chômage.

Je voudrais aujourd'hui vous dire que nous avons compris et analysé les retards de compétitivité de nos entreprises. Il est vrai que, depuis dix ans, pas un emploi n'a été créé dans le secteur industriel ; depuis 2008, il se détruit tous les jours des emplois dans le secteur de la construction. Vous le voyez, il y a une vraie continuité.

Nous nous sommes donc efforcés de redistribuer pour redonner des marges aux entreprises : 2 points de PIB, soit 40 milliards d'euros ! Un tel effort n'a jamais été fait ! Ce pacte de responsabilité et de solidarité va porter ses fruits. (Ah bon ? sur les travées de l'UMP.)

D'ores et déjà, des branches, comme la chimie, la métallurgie, la banque, se sont engagées.

M. Gérard Cornu. Dans le BTP, cela ne marche pas !

M. François Rebsamen,ministre.Demain, c'est la branche des assurances qui suivra.

C'est de l'emploi, de l'investissement, de l'alternance que nous proposons. Tout cela va dans le bon sens, celui de l'emploi.

Enfin, s'agissant du compte pénibilité, madame la sénatrice, je ne voudrais pas vous accabler, mais je ne peux pas ne pas vous rappeler que ce dispositif avait été mis en place par l'un de mes prédécesseurs, en 2010. Il était d'une extrême complexité et il m'est revenu de le simplifier. C'est ce que nous faisons avec les partenaires sociaux, pour le bien de l'économie française.(Applaudissementssur les travées du groupe socialiste- Exclamations sur les travées de l'UMP.)

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