Question de M. FONTAINE Michel (La Réunion - UMP) publiée le 18/09/2014

M. Michel Fontaine appelle l'attention de Mme la secrétaire d'État, auprès de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion sur le syndrome d'alcoolisation fœtale (SAF).
Alors que le SAF est un problème de santé publique très fréquent, celui-ci est aujourd'hui assez méconnu.
Or, en France, un enfant naît toutes les heures avec un cerveau malformé.
À La Réunion, cela concerne la naissance d'un enfant tous les deux jours à cause de l'alcoolisation des mères durant la grossesse.
Ce syndrome qui frappe 8 000 enfants par an, dans notre pays, est la première cause de déficience mentale et d'inadaptation sociale alors que celui-ci est, à la différence des maladies génétiques, totalement évitable.
Aussi, il la prie de lui indiquer ses intentions pour encourager les initiatives des professionnels de santé spécialisés dans la lutte contre l'alcoolisation fœtale qui est un problème majeur de santé publique.

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Transmise au Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes


Réponse du Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes publiée le 15/10/2015

L'incidence du syndrome d'alcoolisation fœtale (SAF) en France serait de l'ordre de 1,3 ‰ naissances vivantes par an. Celle de l'ensemble des troubles causés par l'alcoolisation fœtale dans les pays occidentaux serait de 9 ‰ naissances vivantes par an. L'exposition prénatale à l'alcool représente un facteur de risque d'anomalies à tous les stades de la grossesse, notamment à son début ; ce risque est commun à toutes les variétés de boissons alcoolisées (apéritif, vin, bière, cidre, spiritueux, etc.) et existe même lors de consommations ponctuelles. Les enquêtes nationales périnatales montrent une évolution vers une diminution de la consommation d'alcool par les femmes enceintes entre la fin des années 1990 et 2010-2012. Toutefois, une étude de la direction générale de la santé menée en 2012 indiquait que 5,6 % des femmes enceintes qui consommaient de l'alcool avant leur grossesse continuaient à en consommer durant leur grossesse. Cette diminution s'explique notamment par l'imposition des messages à caractère sanitaire obligatoire sur les unités de conditionnement des boissons alcooliques pour préconiser l'absence de consommation d'alcool pendant la grossesse (le message « La consommation de boissons alcoolisées pendant la grossesse, même en faible quantité, peut avoir des conséquences graves sur la santé de l'enfant » ou le pictogramme). Toutefois, si la consommation quotidienne d'alcool est perçue comme dangereuse par 92 % des femmes, seules 62 % d'entre elles ont la même perception pour une consommation occasionnelle. À La Réunion, le SAF représente la première cause de retard mental non génétique et de surcroît évitable. C'est pourquoi le plan Cancer (2014-2019) prévoit dans sa mesure 11.1 d'améliorer le respect des modalités d'avertissements sanitaires s'appliquant aux boissons alcooliques. Le plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017 propose plusieurs actions pour lutter contre le syndrome d'alcoolisation fœtale. Ainsi, la mesure 84 de son plan d'action 2013-2015 propose de mieux avertir les femmes enceintes des risques du tabac et de l'alcool. La mesure 55 prévoit l'élaboration d'un programme de prévention et de prise en charge des troubles liés à l'alcoolisation fœtale et de l'expérimenter dans une ou deux régions. Par ailleurs, le guide « Alcool et grossesse, parlons-en », élaboré par la direction générale de la santé en 2011 à destination des professionnels de santé afin de les aider à mieux prévenir l'ensemble des troubles causés par l'alcoolisation fœtale, doit faire l'objet d'une actualisation en 2016 et d'une nouvelle diffusion.

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