Question de M. BOUTANT Michel (Charente - SOC) publiée le 17/07/2014

M. Michel Boutant attire l'attention de Mme la ministre de la culture et de la communication sur l'apparition dans la liste des langues de France d'une langue dite « poitevin-saintongeais » qui vient de déqualifier le saintongeais dit patois charentais alors qu'il était langue de France autonome et de plein droit. En 2007, la délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), qui a bien précisé que l'appellation « poitevin-saintongeais » est « apparue avec la création de la région Poitou-Charentes pour faire coïncider une aire dialectale avec les limites de la région », a clairement statué que « le sentiment qu'ont les locuteurs saintongeais d'avoir un parler autonome ne doit pas être éludé » et que « l'ancienneté de la désignation “saintongeais”, la richesse de la production littéraire et savante sous cette appellation plaidait en son maintien » à part entière. Les services de la culture ont alors classé le patois saintongeais au rang de langue de France autonome, bien distinct du patois poitevin comme il l'a toujours été, supprimant de fait une langue picto-charentaise qui n'a aucune assise linguistique. La réapparition du poitevin-saintongeais, sans aucune consultation de la représentation nationale, a semé une grand étonnement d'autant qu'elle est intervenue bien après le vote du Parlement réuni en congrès qui, avec l'article 75-1, a placé les langues régionales sous la protection de la Constitution même si elles ne sont pas nominativement citées. Cette déqualification du parler saintongeais d'une ancienneté écrite attestée depuis au moins 8 siècles étant totalement injustifiée alors que se met en place un dispositif de sauvegarde des langues du patrimoine de France. Il lui demande donc de bien vouloir remettre le saintongeais parmi les langues de France autonomes comme il l'était au moment du vote constitutionnel.

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Transmise au Ministère de la culture et de la communication


Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 16/10/2014

La politique publique de mise en valeur des langues régionales concerne le patrimoine linguistique national dans son ensemble, préalablement à toute classification ou dénomination. Les parlers de Saintonge sont donc naturellement compris dans cet ensemble, quel que soit le nom qu'on leur donne ou les regroupements dont ils peuvent faire l'objet. L'article 75-1 de la Constitution ne cite aucune langue nommément, mais dispose que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». Pour la zone qui s'étend de la Loire à la Gironde, le ministère de la culture et de la communication a réuni, il y a quelques années, une commission de linguistes qui ont considéré que le poitevin et le saintongeais ne pouvaient être présentés comme deux langues séparées, sans référence à une unité supérieure. Ils ont donc proposé une désignation, qui a été retenue comme la plus adéquate : « poitevin-saintongeais (dans ses deux variétés, poitevin et saintongeais) ». Cette formulation marque à la fois la cohérence du domaine par rapport aux autres langues d'oïl et les particularités propres à chacune des deux composantes. Elle vise à tenir compte des divers points de vue en présence, et permet aux locuteurs de continuer à désigner leur langue comme ils l'entendent. La liste de langues de France diffusée par le ministère de la culture et de la communication n'a pas de caractère officiel ; elle est purement indicative et ouverte à d'éventuelles évolutions. L'État cherche en effet à mettre en œuvre les solutions les mieux adaptées à la situation de chacune des langues envers lesquelles il se reconnaît une responsabilité. Il continuera à œuvrer au développement du saintongeais, en liaison avec les collectivités territoriales et les associations de valorisation linguistique, considérant que la question des langues régionales doit être appréhendée dans un contexte plus large que le cadre strictement administratif, dans la diversité de leurs pratiques sociales et de leurs productions culturelles.

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