Question de M. FICHET Jean-Luc (Finistère - SOC) publiée le 20/06/2014

Question posée en séance publique le 19/06/2014

M. Jean-Luc Fichet. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement.

Monsieur le ministre, depuis plusieurs mois, l'activité industrielle agroalimentaire bretonne souffre, particulièrement dans les filières porcine et avicole. Très au fait des difficultés rencontrées, vous vous êtes régulièrement déplacé en Bretagne. Des aides ont été débloquées pour soutenir les filières. Des moyens d'accompagnement des hommes et des femmes ayant perdu leur emploi ont été mis en œuvre.

L'État s'est engagé concrètement auprès des anciens salariés de Gad, en mettant en place une allocation de reconversion professionnelle pendant un an et un suivi dans la recherche d'emploi, avec un dispositif prévoyant un conseiller de Pôle emploi pour vingt salariés au chômage.

Pour autant, la Bretagne doit aujourd'hui faire face à la remise en cause complète de toute une filière et d'un modèle de développement économique en matière d'agroalimentaire. La période de transition vers ce nouveau modèle risque d'être longue.

Des projets émergent, comme celui de Lampaul Agro, qui prévoit la reprise du site d'abattage de porcs de Lampaul-Guimiliau. Ce dossier suscite de l'espoir. Quel soutien le Gouvernement peut-il encore apporter en la matière, sachant que nous attendons beaucoup, aussi, de la solidarité professionnelle pour que se concrétise rapidement l'ouverture de ces 250 emplois ?

La filière volaille souffre également. Sur le territoire du pays de Morlaix, à Guerlesquin, les salariés de l'entreprise Tilly-Sabco se mobilisent pour le maintien de leur outil de travail. Deuxième exportateur de poulets français, le volailler est toujours suspendu aux aides financières, et ses 340 employés sont très inquiets de cette situation critique.

Par ailleurs, après dix-huit mois de redressement judiciaire, le sort du volailler Doux n'est toujours pas scellé.

Toutefois, en parallèle, sans faire de bruit, de nombreuses PME ont pris le chemin de l'innovation et de la valeur ajoutée dans le secteur agroalimentaire ; je pense à Savéol, à Whaou, à Sodebo ou encore à Père Dodu. Mais il faudra encore du temps pour que l'ensemble du secteur se redresse.

C'est donc un élan collectif qui, seul, permettra de retrouver les conditions d'une dynamique solidaire pour l'économie bretonne et l'emploi. Monsieur le ministre, quelle est, à ce jour, votre perception de la situation du secteur agroalimentaire en Bretagne ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, du groupe écologiste et du RDSE.)

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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 20/06/2014

Réponse apportée en séance publique le 19/06/2014

M. Stéphane Le Foll,ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur, dans votre intervention relative au secteur agroalimentaire breton, vous avez particulièrement insisté sur les filières avicole et porcine.

Au sein de la filière avicole, vous l'avez dit, la filière volaille export connaît en particulier des difficultés, et ce non pas depuis quelques mois, mais depuis plusieurs années. Il se trouve que le redressement judiciaire de Doux a été engagé lorsque nous sommes arrivés aux responsabilités. Quant à la société Tilly-Sabco, elle est toujours en situation de fragilité. Que fait le Gouvernement ?

Premier point, et premier message : il y a un avenir pour une filière export de poulets en Bretagne.

Deuxième point : il fallait éviter la dégradation de la situation de Doux. C'est ce que nous avons fait, en mettant en place un fonds de retournement et en organisant la mobilisation des acheteurs, en particulier saoudiens. Nous avons également mobilisé les moyens de l'État, en créant une fiducie pour permettre à Tilly-Sabco de faire face aux difficultés et d'éviter la liquidation.

Rien ne garantit, à terme, la viabilité économique actuelle. Toute la stratégie mise en place a pour objectif de faire venir des opérateurs industriels français, qui pourront investir et relancer une filière export, dont je veux dire aujourd'hui, ici au Sénat, qu'elle a un avenir.

Il existe des marchés extrêmement importants au Moyen-Orient. Nous devons nous organiser pour y trouver des débouchés. Les acteurs économiques actuellement mobilisés doivent trouver des solutions pour développer la filière export.

J'en viens à la filière porcine, dont les problèmes ne datent pas d'hier. La production, qui était en baisse dans ce secteur, se redresse aujourd'hui grâce aux mesures que nous avons prises, en particulier la procédure d'enregistrement des établissements classés.

En effet, un abattoir ne peut fonctionner qu'à partir d'un certain seuil, exprimé en nombre d'animaux abattus. Lorsque ce dernier diminue, les structures d'abattage sont mises en difficulté. C'est le cas en Bretagne, où la production a baissé de 7 % à 8 % par rapport à 2010. Je ne parle pas d'augmenter la production pour l'augmenter... L'objectif est de revenir au niveau de 2010 - et non pas d'aller au-delà ! - pour structurer les établissements d'abattage.

Vous avez évoqué le site de Lampaul-Guimiliau, où un abattoir a été fermé. Vous l'avez dit, un projet est actuellement en discussion. En même temps, à Josselin, un autre abattoir connaît des difficultés.

Des réunions ont été organisées, en particulier au niveau de la région, afin que l'ensemble des acteurs concernés se retrouve autour de la table et cherchent des solutions communes, collectives. C'est ainsi que l'on y parviendra !

Aujourd'hui, force est de constater que nous n'avons pas encore trouvé ces solutions. La réflexion est en cours, animée par la volonté de redresser la production pour pouvoir, ensuite, assurer la pérennité des outils de transformation.(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du RDSE.)

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