Question de M. CHASTAN Yves (Ardèche - SOC) publiée le 08/05/2014

M. Yves Chastan attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur la problématique pour les collectivités exploitantes d'installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) de la constitution de garanties financières pour la mise en sécurité du site lors de sa mise à l'arrêt définitive.

En effet, le décret n° 2012-633 du 3 mai 2012 relatif à l'obligation de constituer des garanties financières en vue de la mise en sécurité de certaines installations classées pour la protection de l'environnement a étendu le dispositif des garanties financières aux ICPE visées au 5° de l'article R. 516-1 du code de l'environnement, qui concerne notamment les installations de transit, regroupement, tri ou traitement de déchets.

Or, l'article R. 516-1 du code de l'environnement prévoit un régime d'exemption pour l'État qui, lorsqu'il a la qualité d'exploitant d'ICPE, est exonéré de l'obligation de constitution des garanties financières. Cependant, les collectivités locales et leurs groupements ne bénéficient pas de cette exonération.

Sans cette exonération, les collectivités et leurs groupements devront très rapidement faire face à d'importants surcoûts, qui n'apparaissent pas forcément justifiés pour les usagers qui en subiraient directement les conséquences au niveau de la fiscalité locale ou des redevances payées.

Ainsi, au regard de l'objectif du Gouvernement de maîtrise des dépenses publiques et de limitation de l'endettement des collectivités territoriales, il lui demande de bien vouloir examiner la possibilité d'étendre par décret le régime d'exonération prévu à l'article R. 516-1 du code de l'environnement aux collectivités territoriales et à leurs groupements.

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Réponse du Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie publiée le 26/06/2014

Le dispositif de garanties financières mis en place par le décret n° 2012-633 du 3 mai 2012 pour certaines installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) a pour objectif d'assurer leur mise en sécurité en cas de défaillance économique de l'exploitant. Ce dispositif a été mis en place suite aux affaires Métaleurop, LGD et Citron qui ont laissé à la charge de l'État et des collectivités un lourd passif environnemental. Il s'agit d'une priorité du Gouvernement destinée à faire respecter le principe « pollueur-payeur ». L'exemption accordée pour les ICPE exploitées directement par l'État est possible car il s'agit d'installations qui ne fonctionnent pas dans le domaine concurrentiel (installations militaires). Au contraire, la gestion des déchets ou la production d'énergie sont des compétences facultatives des collectivités et s'exercent également dans le domaine concurrentiel. Ainsi, un régime d'exemption pour les ICPE exploitées en régie par les collectivités territoriales créerait une distorsion de concurrence avec les entreprises privées du secteur de l'énergie ou des déchets. Il est d'ailleurs à noter que les établissements publics de l'État sont eux aussi, et pour les mêmes raisons, assujettis aux garanties financières. Cette position a été confirmée par le Conseil d'État lors de la préparation des textes. L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), qui assure la mise en sécurité pour le compte de l'État, a déjà dû intervenir pour mettre en sécurité des installations exploitées par des collectivités, qui ne parvenaient pas à réaliser avec leurs fonds propres la mise en sécurité des sites. La Commission consultative d'évaluation des normes a émis un avis favorable sur le projet de décret lors de la séance du 5 avril 2012. Ce texte avait fait l'objet de plusieurs consultations du 21 juin au 31 juillet 2011 et du 6 au 21 septembre 2011 où l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF), l'Assemblée des départements de France (ADF) et l'Association des régions de France (ARF), n'avaient formulé aucune observation. Toutefois dans le cadre de l'évaluation des politiques publiques, une mission confiée au Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD), et au Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies (CGIET), a été lancée afin de faire le bilan de la mise en place de ce dispositif et proposer des pistes de simplification. Le cas particulier des collectivités exploitantes d'ICPE sera examiné à cette occasion.

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