Question de Mme BATAILLE Delphine (Nord - SOC) publiée le 13/02/2014

Mme Delphine Bataille attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur la situation alarmante de la France en matière de consommation de psychotropes.
Une étude récente sur les abus liés aux prescriptions médicamenteuses en France, dont les résultats ont été publiés dans le rapport sur la surveillance et la promotion du bon usage du médicament, met en avant la prescription record de psychotropes.
Les auteurs ont souligné non seulement le niveau de consommation élevé de psychotropes, mais souvent un usage très éloigné des recommandations, qu'il s'agisse des indications ou du respect des durées de traitement recommandées.
Ce constat n'est pas nouveau. Depuis les années 1990, de nombreux travaux ont mis en évidence le niveau élevé de consommation de médicaments psychotropes en France, en particulier pour les anxiolytiques et les hypnotiques, principalement représentés par la classe des benzodiazépines.
La France est actuellement en première position européenne, peut-être mondiale, pour la consommation de ces molécules qui agissent sur le système nerveux central. L'existence d'un lien entre benzodiazépines et démence est en cours d'étude.
Les risques médicaux pour la société sont énormes et les coûts colossaux. C'est pourquoi, la lutte contre la surconsommation de psychotropes, qui font l'objet d'un mésusage patent, est aujourd'hui un enjeu majeur pour notre pays.
Les professeurs Bégaud et Costagliola, qui ont mené cette récente étude, proposent notamment une meilleure formation et information des professionnels de santé et du grand public, bien mal préparés en France, aux principes de base de la bonne prescription et du bon usage des produits de santé.
Par conséquent, elle lui demande de bien vouloir lui indiquer si le Gouvernement entend prendre des mesures quant à la mise en œuvre des recommandations préconisées dans ce rapport afin d'améliorer le système de santé français en matière de consommation de psychotropes.

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Transmise au Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes


Réponse du Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes publiée le 07/05/2015

Les médicaments psychotropes recouvrent un ensemble de molécules : les neuroleptiques, les antidépresseurs, les anxiolytiques et les hypnotiques ; ces deux dernières classes sont principalement représentées par les benzodiazépines, dont la France est l'un des plus gros consommateurs au monde (plus de 10 millions de personnes en ont pris au moins une fois en 2012). La ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes a décidé d'un programme de réduction de la consommation des médicaments psychotropes reposant sur les mesures suivantes : une communication auprès du public et des professionnels de santé pour promouvoir le bon usage des benzodiazépines et rappeler leurs risques a été menée ; parallèlement, la haute autorité de santé s'est engagée dans un travail de réévaluation du service médical rendu des benzodiazépines. La baisse du taux de remboursement des benzodiazépines hypnotiques, effective depuis la fin de l'année 2014, est le résultat de ce travail ; la formation des professionnels de santé va également être renforcée sur cette thématique, spécifiquement dans les maisons de retraite et les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes ; enfin, un renforcement de l'encadrement de la prescription des benzodiazépines en limitant leur durée de prescription à 28 jours sur ordonnance sécurisée est à l'étude.

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