Question de Mme LE TEXIER Raymonde (Val-d'Oise - SOC) publiée le 22/10/2010

Question posée en séance publique le 21/10/2010

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Le Texier. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

Mme Raymonde Le Texier. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Plus de 70 % de nos concitoyens soutiennent les manifestations contre le projet de loi de réforme des retraites. (Oh ! sur les travées de l'UMP.)

Devant votre intransigeance, monsieur le Premier ministre, l'inquiétude se transforme en colère.

Oui, une réforme des retraites est nécessaire, mais la vôtre est injuste !

Elle est injuste, car l'effort de financement que vous exigez ne concernera que les salariés. Ceux-là la financeront à hauteur de 85 %, tandis que le capital sera encore une fois épargné. Avec vous, l'injustice sociale est organisée, normalisée, élevée au rang de dogme !

M. Roland Courteau. Exactement !

Mme Raymonde Le Texier. Vous cherchez des milliards d'euros : au lieu de les prendre sur les années de travail supplémentaires de nos concitoyens, prenez-les dans la « niche Copé » !

Il y a, dans ce cadeau fiscal aux grandes entreprises, 22 milliards d'euros disponibles. C'est la moitié de nos besoins de financement !

Votre réforme est injuste pour ceux qui ont commencé à travailler tôt ; elle est injuste pour ceux qui ont des métiers pénibles ; elle est injuste pour les femmes ; elle est injuste pour les seniors qui vont devenir de vieux chômeurs, les employeurs ne voulant plus d'eux passé l'âge de 55 ans !

Enfin et surtout, votre réforme est injuste pour les jeunes qui, diplômés ou pas, ne parviennent pas à accéder à l'emploi. Et vous vous étonnez qu'ils soient dans la rue…

Monsieur le Premier ministre, quand la jeunesse descend dans la rue pour dire son inquiétude légitime face à l'avenir, on ne la méprise pas en criant aux casseurs, on l'écoute.

M. Roland Courteau. Très bien !

Mme Raymonde Le Texier. La crise que traverse notre pays est grave. Cela est déjà arrivé dans notre histoire. Chaque fois, les présidents de la République, garants de l'unité nationale, ont ouvert des espaces de dialogue, ont tendu une main. Jusqu'ici, de la part de ce gouvernement, ni dialogue ni main tendue ! C'est à l'image de ce qui se passe dans cet hémicycle où la majorité multiplie les tensions et les manœuvres de diversion (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG. – Exclamations sur les travées de l'UMP.), comme ce fut encore le cas cette nuit.

Un sénateur de l'UMP. C'est incroyable !

Mme Raymonde Le Texier. Ce gouvernement aura-t-il le courage d'être à la hauteur de la situation, d'être à la hauteur de sa charge, d'être à la hauteur de sa fonction et, enfin, d'écouter nos concitoyens ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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Réponse du Ministère du travail, de la solidarité et de la fonction publique publiée le 22/10/2010

Réponse apportée en séance publique le 21/10/2010

M. le président. La parole est à M. le ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)

M. Éric Woerth, ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique. Madame la sénatrice, tous les Français – 100% d'entre eux – considèrent aujourd'hui qu'il faut réformer le système des retraites. (Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

M. Charles Revet. Mais oui !

M. Éric Woerth, ministre. C'est au moins une bataille de l'opinion que nous avons totalement gagnée. (Mme Nicole Borvo Cohen-Seat s'exclame.) En effet, nous avons su montrer aux Français qu'il était impossible de continuer à fonctionner comme par le passé en matière de retraites.

Nous ne pouvons pas continuer à financer les recettes par l'emprunt ! Nous ne pouvons pas, parce que nous constatons au mois de novembre qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses, nous contenter de décider d'emprunter sur les marchés financiers pour payer les retraites des Français !

C'est donc évidemment un devoir que de réformer notre système de retraite !

Je sais bien que vous n'avez jamais réformé quoi que ce soit dans ce domaine (Applaudissements sur plusieurs travées de l'UMP. – Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.),…

M. Bernard Piras. Ce n'est pas vrai !

M. Éric Woerth, ministre. … que vous avez toujours cherché à éviter les questions qui fâchent et que vous êtes les champions du monde de la « réforme facile » !

M. Jean-Jacques Mirassou. Et 1936 ?

M. Éric Woerth, ministre. Dès que c'est facile, le parti socialiste est présent. Dès que cela se complique, il n'y a plus de parti socialiste (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.), ou, en tout cas, il se divise en autant de chapelles : certains ont une vision responsable des choses, mais d'autres font profession de démagogie,…

M. Bernard Angels. C'est faux !

M. Bernard Piras. C'est vous, le démagogue !

M. Éric Woerth, ministre. … et, aujourd'hui, c'est le cas ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP. –Vives protestations sur les travées du groupe socialiste.)

M. Bernard Piras. Répondez à la question !

M. Éric Woerth, ministre. Si les Français jugent demain quel a été votre comportement dans le domaine des retraites, mesdames, messieurs les sénateurs du groupe socialiste, ils pourront le qualifier d'irresponsable !

M. Roland Courteau. Nous avons d'autres projets !

M. Didier Guillaume. Vous n'arrivez pas à convaincre !

M. Éric Woerth, ministre. Pour un parti qui se dit un parti de gouvernement, l'irresponsabilité n'est pas une bonne posture. Vous devriez revoir de bout en bout votre manière de traiter le dossier.

M. Didier Guillaume. Vous ne convainquez pas les Français !

M. Éric Woerth, ministre. Le système des retraites, madame Le Texier, est avant tout un système par répartition. Nous avons essayé de vous l'expliquer pendant des heures et des heures ici même ! (Nouvelles exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

M. Guy Fischer. Ce sera la capitalisation !

M. Éric Woerth, ministre. Je tiens d'ailleurs à remercier les membres de la majorité de leur présence, de leur soutien indéfectible et de leurs interventions. Je remercie aussi M. le rapporteur, Dominique Leclerc. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Nous vous avons expliqué qu'au fond, vous acceptez le système par répartition, tout en niant la manière dont il fonctionne.

Que le système de retraite soit financé par les travailleurs – non pas seulement les salariés ! –, indépendamment de la caisse à laquelle ils cotisent, c'est juste ! Cela correspond au fonctionnement du système par répartition : les actifs financent la retraite des retraités.

À cela – et j'en terminerai par ce point –, nous avons ajouté des recettes supplémentaires : les plus aisés des Français paieront 4 milliards d'euros supplémentaires …

M. Roland Courteau. Presque rien !

M. Éric Woerth, ministre. … pour financer la solidarité dans notre système de retraite. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et sur quelques travées de l'Union centriste.)

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