Question de M. DEMUYNCK Christian (Seine-Saint-Denis - UMP) publiée le 10/09/2010

Question posée en séance publique le 09/09/2010

M. Christian Demuynck. Ma question s'adresse à M. le secrétaire d'État chargé de l'emploi.

Les jeunes, en particulier ceux qui entrent cette année sur le marché du travail, sont, en cette période de crise, les premières victimes du chômage.

M. Roland Courteau. C'est vrai !

M. Christian Demuynck. Ils se heurtent, malheureusement, à de sérieuses difficultés pour accéder à un premier emploi.

M. Roland Courteau. Oui !

M. Christian Demuynck. En effet, beaucoup d'entreprises ont gelé leurs embauches. Cette situation est évidemment inquiétante pour les jeunes, qui aspirent à vivre du fruit de leur travail, mais également pour leurs familles, qui les soutiennent souvent financièrement.

Le Sénat, sous l'impulsion de son président, M. Gérard Larcher, a très tôt pris conscience de l'importance de mettre en place une véritable politique en faveur des jeunes âgés de 16 à 25 ans.

C'est dans cet esprit qu'a été créée, en 2009, la mission d'information sur les politiques en faveur des jeunes. Le Président de la République, qui a présenté, voilà près d'un an, le plan « Agir pour la jeunesse », n'a d'ailleurs pas manqué de reprendre certaines de nos propositions. En annonçant ce plan, il a affirmé deux principes : s'appuyer sur ce qui fonctionne en matière d'emploi des jeunes, notamment l'alternance ; travailler avec l'ensemble des acteurs – missions locales, acteurs économiques, partenaires sociaux, collectivités territoriales.

Au moment où l'INSEE annonce que le taux de chômage global a reculé pour le deuxième semestre consécutif, avec 25 000 emplois créés au deuxième trimestre, pourriez-vous nous dire, monsieur le secrétaire d'État, ce qu'il en est de l'emploi des jeunes ?

M. Guy Fischer. La situation est dramatique !

M. Christian Demuynck. Nous savons tous, en effet, que le chômage des moins de 25 ans a ceci de particulier qu'il s'inscrit très souvent, malheureusement, dans la durée.

Par ailleurs, au cours des derniers mois, nous avons assisté à une réelle mobilisation du Gouvernement pour soutenir la formation en alternance, notamment grâce à la prolongation des aides exceptionnelles instituées en juin 2009, telles que l'aide à l'embauche en contrat de professionnalisation, le dispositif « zéro charges » pour l'emploi des jeunes apprentis ou la prime à l'embauche d'un apprenti.

M. Guy Fischer. Zéro charges pour les seniors, oui !

M. Christian Demuynck. Après avoir rapporté une proposition dont la mise en œuvre aurait contraint les familles à choisir entre l'aide personnalisée au logement et le bénéfice d'une demi-part fiscale, le Gouvernement continuera, je l'espère, à multiplier les mesures ambitieuses en faveur de notre jeunesse.

Dans cette perspective, pourriez-vous nous indiquer quel bilan vous tirez aujourd'hui de l'application des mesures déjà en place et quels nouveaux dispositifs sont en préparation, à l'heure où, eu égard à l'ampleur des déficits publics, une baisse du nombre des emplois aidés et la remise en cause de trois dispositifs s'inscrivant dans le cadre du plan pour l'emploi des jeunes semblent envisagées ?(Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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Réponse du Secrétariat d'État chargé de l'emploi publiée le 10/09/2010

Réponse apportée en séance publique le 09/09/2010

M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État chargé de l'emploi. Monsieur le sénateur Demuynck, permettez-moi tout d'abord de saluer le travail réalisé par le Sénat sur cette question de l'emploi des jeunes, dont vous êtes l'un des meilleurs spécialistes. (Exclamations amusées sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Merci patron !

M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État. J'ai pu constater par moi-même, lors d'un déplacement dans votre commune, à quel point vous avez travaillé sur ce sujet.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. M. le secrétaire d'État sort la brosse à reluire !

M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État. J'en viens à votre question, très précise et sans complaisance.

En matière d'emploi des jeunes, notre première préoccupation, à Mme Lagarde et à moi-même, a été d'éviter qu'une génération ne soit sacrifiée à cause de la crise. Nous avons agi très tôt à cette fin, comme en témoigne le plan d'action pour l'emploi des jeunes.

Quelles mesures ont été adoptées et quels sont les résultats de leur application ?

Notre premier réflexe a été de refuser de céder au vieux démon que représente, en matière de politique pour l'emploi, le traitement statistique du chômage. Cela consistait à inciter nos jeunes à demeurer sur les bancs de la faculté afin de ne pas venir grossir les chiffres du chômage. Refusant de jouer ce jeu, nous avons au contraire privilégié des outils permettant d'orienter délibérément les jeunes vers des formations professionnalisantes, et donc vers l'emploi. Vous en avez évoqué plusieurs : le dispositif « zéro charges », le soutien résolu à l'apprentissage et aux contrats de professionnalisation. Notre détermination à ne rien lâcher sur ce terrain est sans faille. Je citerai également les dispositifs de formation destinés aux jeunes ayant décroché du système scolaire, sur lesquels nous travaillons avec Luc Chatel et qui permettent d'offrir des solutions à des jeunes se trouvant dans l'impasse.

Au bout d'un an, les résultats sont là.

En ce qui concerne la formation en alternance, tout d'abord, nous sommes parvenus en 2009 à maintenir les effectifs, et une progression extrêmement intéressante s'annonce pour 2010. Les chiffres de la période estivale marquent une hausse de 20 % par rapport à 2009 ; ils sont le fruit d'une mobilisation sur le terrain, que nous avons conduite avec l'aide, notamment, des préfets et du ministère de l'intérieur. Je ferai d'ailleurs la semaine prochaine une série de déplacements à l'occasion de la rentrée des centres de formation d'apprentis.

La mise en place d'un grand plan de relance de la formation en alternance, demandée par le Président de la République, doit nous permettre de franchir une étape supplémentaire, afin que, dans notre pays, un jeune sur cinq soit formé par la voie de l'alternance.

Enfin, nous notons pour la première fois un réel recul du taux de chômage des jeunes, qui a diminué de deux points en un an.

M. Roland Courteau. Cela ne fonctionne pas sur le long terme !

M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État. Cela montre que, en matière d'emploi, si l'on se bat, on peut réussir. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)

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