Question de Mme BLONDIN Maryvonne (Finistère - SOC) publiée le 20/05/2010

Mme Maryvonne Blondin interroge M. le ministre des affaires étrangères et européennes sur la situation dramatique des femmes à Hassi Messaoud, en Algérie.
Si le ministère a, dans de récents communiqués, rappelé son attachement à la défense et la promotion du droit des femmes car elles constituent « l'une des priorités de la diplomatie française en matière de droits de l'Homme », il semble que la cruauté dont les femmes algériennes d'Hassi Messaoud sont victimes ne provoque pas l'intervention des autorités diplomatiques.
Pourtant, dans la nuit du 13 juillet 2001, plus d'une centaine de femmes venues travailler dans les compagnies pétrolières de la ville, sont violées, poignardées, torturées, brûlées, et même enterrées vives. Suite à ce lynchage opéré par près de 500 hommes, incités par le sermon d'un imam appelant à punir ces femmes seules, veuves ou divorcées, les victimes n'ont pas obtenu justice. Seulement une vingtaine d'hommes ont été jugés et n'ont écopé que de peines par contumace, et l'imam continue de prêcher. Pire, la honte s'est abattue sur ces femmes humiliées, qu'on dépeint maintenant comme des « prostituées ». En 2001, ni la France ni la communauté internationale n'ont appelé les pouvoirs publics algériens à prendre des dispositions pour que justice soient rendue à ces femmes, et pour que leur droit à la sécurité, pourtant inscrit dans la Constitution algérienne, soit respecté.
Aujourd'hui les exactions reprennent. Depuis plusieurs jours, des femmes ont été attaquées, violées et menacées de mort par des groupes d'hommes armés.
L'Union européenne a adopté, sous la présidence française en 2008, de nouvelles lignes directrices sur les violences à l'encontre des femmes qui guident l'action du réseau diplomatique de l'Union européenne et des États-membres dans ce domaine. Elle souhaiterait connaître les dispositions qu'il entend prendre pour exhorter le Gouvernement algérien à condamner les violences commises sur les femmes d'Hassi Messaoud, et à assurer leur sécurité et le droit qu'elles ont de travailler et de gagner leur vie.

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée le 21/04/2011

Le 13 juillet 2001, une quarantaine de femmes travaillant dans la ville d'Hassi Messaoud ont été victimes de violences graves, et notamment de sévices sexuels pour certaines d'entre elles. Les autorités algériennes ont engagé des poursuites contre les auteurs de ces crimes et des condamnations à des peines de réclusion ferme ont été prononcées. En avril dernier, de nouvelles agressions contre des femmes, dans cette ville pétrolière, ont été rapportées. Ces agressions, qui relevaient d'une délinquance violente et particulièrement lâche, en prenant spécifiquement pour cible des femmes seules, ont suscité une vive émotion, d'autant qu'elles coïncidaient avec la sortie d'un livre de témoignages sur les événements de juillet 2001. Le monde associatif s'est mobilisé pour défendre les droits de ces femmes qui sont parfois stigmatisées seulement pour le mode de vie qu'elles ont choisi. La lutte contre les violences faites aux femmes constitue une des priorités de la politique étrangère de la France en matière de droits de l'Homme. Notre pays demeure attentif, en Algérie comme partout dans le monde, au respect des droits des femmes. Lorsqu'elle a exercé la présidence de l'Union européenne en 2008, la France a obtenu l'adoption de lignes directrices de l'Union européenne sur les violences contre les femmes et la lutte contre toutes les formes de discrimination à leur encontre. Elle est également à l'origine, en collaboration avec le Royaume des Pays-Bas, d'une résolution annuelle de l'Assemblée générale des Nations unies relative à l'intensification de l'action menée pour éliminer toutes les formes de violence à l'égard des femmes. Enfin, elle a oeuvré à l'établissement d'un groupe d'experts du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies consacré aux discriminations contre les femmes dans la loi et la pratique. Depuis l'an 2000, les autorités algériennes, et notamment le ministère de la justice, le ministère délégué à la famille et à la condition féminine ainsi que l'Institut national de la santé publique, se sont saisies de cette question. La France coopère avec les autorités algériennes sur ce sujet. Elle a ainsi cofinancé un programme de prise en charge des femmes victimes de violence. Faire prendre conscience aux femmes de leurs droits dans les domaines sociaux et politiques est un objectif essentiel, régulièrement abordé dans le cadre de notre relation bilatérale, à Alger comme à Paris.

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