Question de M. COLLOMBAT Pierre-Yves (Var - SOC) publiée le 21/05/2010

Question posée en séance publique le 20/05/2010

M. Pierre-Yves Collombat. La montée du chômage et le sous-emploi sont, de loin, la première préoccupation des Français, avant même le financement des retraites ; je vous laisse deviner ce qu'il en est de la burqa ! (Sourires sur les travées du groupe socialiste. – Murmures sur les travées de l'UMP.)

Nos compatriotes ont raison de s'inquiéter ! En effet, le bilan de Nicolas Sarkozy et de ses gouvernements, depuis mai 2007, est de 693 400 chômeurs et sous-employés en plus.

M. René-Pierre Signé. C'est grave !

M. Pierre-Yves Collombat. Je parle ici uniquement des personnes qui effectuent des actes positifs de recherche d'emploi, soit les catégories A, B et C de la DARES, la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques. Avec celles qui, inscrites à Pôle emploi, ne font pas de recherches, c'est-à-dire les catégories D et E, on frôle les 900 000 personnes : 862 600 exactement.

À titre de comparaison, je rappellerai que, de juin 1997 à mai 2002, le gouvernement de Lionel Jospin avait, lui, fait baisser de 516 200 le nombre des demandeurs d'emploi des catégories A, B et C et de 578 300 celui de l'ensemble des chômeurs. (Protestations sur les travées de l'UMP.)

M. Jean-Marc Todeschini. Eh oui !

M. Pierre-Yves Collombat. Il existe donc, entre les résultats des deux politiques, un écart de 1 440 000 demandeurs d'emplois !

M. René-Pierre Signé. Le parallèle est éloquent !

M. Pierre-Yves Collombat. Comme disait tout à l'heure M. Tron, il s'agit là d'un vrai point de divergence entre nous ! (Rires sur les travées du groupe socialiste. – Exclamations sur les travées de l'UMP.)

Autre comparaison, cette fois avec nos partenaires de l'OCDE : selon les derniers chiffres publiés par cette organisation, le taux de chômage français, soit 10,1 %, est supérieur à celui de tous les autres pays membres !

D'un côté, les chômeurs de longue durée ont augmenté de 30,4 % en un an ; de l'autre, les jeunes, même diplômés, « galèrent » de plus en plus. Seuls 36 % des jeunes diplômés de 2009 sont en poste !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est à cause du bouclier fiscal !

M. Pierre-Yves Collombat. J'aurai donc deux questions.

Je voulais poser la première à Mme Lagarde, mais elle nous a quittés ! (Exclamations sur les travées de l'UMP.)

M. Didier Boulaud. Elle est partie chercher la croissance !

M. Pierre-Yves Collombat. Ne doutant pas que la lutte contre le chômage et le sous-emploi ne soit son ardente obligation, je souhaitais qu'elle m'explique comment il est possible de les réduire tout en diminuant les déficits publics, puisque telle est l'autre priorité du Gouvernement.

M. Jean-Claude Carle. Si, c'est possible !

M. Pierre-Yves Collombat. J'avoue, en effet, ne pas comprendre comment on fait pour relancer l'emploi tout en comprimant la demande et les emplois publics !

Ma seconde question, qui s'adressait plutôt à vous, monsieur Wauquiez, est d'ordre pratique. Le vœu le plus cher d'un nombre croissant de nos concitoyens serait de pouvoir travailler plus pour gagner plus… (Sourires sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

M. Charles Revet. C'est bien, ça !

M. Pierre-Yves Collombat. Quels conseils leur donneriez-vous pour leur permettre d'atteindre ce double objectif ? (Rires et applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

M. Didier Boulaud. De voter Sarkozy !

M. le président. Je vous rappelle, monsieur Collombat, que l'on n'interroge qu'un seul ministre à la fois !

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Réponse du Secrétariat d'État chargé de l'emploi publiée le 21/05/2010

Réponse apportée en séance publique le 20/05/2010

M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État chargé de l'emploi. Monsieur Collombat, j'ai écouté avec attention les chiffres que vous avez cités, notamment lorsque vous avez comparé la période 1997-2002 à celle que nous vivons actuellement. Mais, curieusement, il y a une donnée sur laquelle vous n'avez pas établi de comparaison entre ces deux périodes : celui de la croissance, et notamment de la croissance à l'échelle mondiale… (Sourires sur les travées de l'UMP. – Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)

Pourquoi un tel oubli ? Peut-être, tout simplement, parce que, au cours de cette période, la France a connu le meilleur taux de croissance des vingt dernières années…

M. Yannick Bodin. Grâce à nous !

M. Jean-Louis Carrère. Nous avions Strauss-Kahn, vous avez Lagarde !

M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État. … et que cette situation n'a guère été mise à profit pour réaliser les réformes qui étaient nécessaires ! (Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

À l'inverse, aujourd'hui, nous avons à affronter la pire crise mondiale pour ce qui concerne l'emploi.

M. David Assouline. Vous avez cassé la croissance !

M. Didier Boulaud. La croissance, Sarkozy devait aller la chercher avec les dents. Il les a perdues ?

M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État. Je veux tout de même rappeler quelques réalités, monsieur Collombat.

Vous avez affirmé que la France était, de tous les pays de l'OCDE, celui où la situation de l'emploi était la plus dégradée. Observez donc ce qu'il en est en Espagne ou au Portugal !

M. René-Pierre Signé. Ces pays sont plus pauvres !

M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État. Puisque vous voulez des chiffres, examinez donc l'évolution du taux de chômage moyen des pays de l'OCDE !

En France, le chômage a augmenté en un an de 20 %. C'est beaucoup trop, nous en sommes tous d'accord, mais, dans le même temps, il a crû aux États-Unis de plus de 100 %,…

M. Pierre-Yves Collombat. Ils partaient de bien plus bas !

M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État. … en Espagne de 150 %, au Royaume-Uni de 50 %.

M. René-Pierre Signé. Comparaison n'est pas raison !

M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État. Bien sûr, mais je réponds sur les points qu'a évoqués M. Collombat, ne serait-ce que par respect pour lui !

Ces chiffres signifient tout simplement que, dans la période récente, la France a été, avec l'Allemagne, le pays qui a le mieux résisté sur le front du chômage. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.) Cette réalité est peut-être déplaisante pour vous, mais c'est celle qui résulte de la politique de l'emploi.

M. David Assouline. C'est une contre-vérité !

M. Didier Boulaud. Quid des promesses électorales du candidat Sarkozy ?

M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État. Permettez-moi, maintenant, de poser quelques questions simples.

Le parti socialiste, qui, aujourd'hui, se préoccupe tant de l'emploi, a-t-il soutenu les mesures qui ont été mises sur la table au cours de la période récente ? Non ! (Protestations continues sur les travées du groupe socialiste.)

Le contrat de transition professionnelle, destiné à aider les personnes qui ont perdu leur emploi, a-t-il été voté par le parti socialiste ? (Non ! sur les travées de l'UMP.)

Les mesures destinées à favoriser la formation en alternance, notamment au bénéfice de l'emploi de nos jeunes, ont-elles été soutenues par le parti socialiste ? (Non ! sur les travées de l'UMP.)

L'activité partielle, qui est destinée à prévenir les licenciements et à former plutôt que licencier, a-t-elle été défendue par le parti socialiste ? (Non ! sur les travées de l'UMP.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Le résultat est formidable !

M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État. La réalité, monsieur le sénateur, c'est que, sur tous ces sujets, le parti socialiste s'est enfermé dans une politique d'opposition systématique, à la différence des partenaires sociaux qui, eux, ont fait preuve d'esprit de responsabilité au cours de cette période, pour gérer, ensemble, les nouveaux outils de la politique de l'emploi.

M. Didier Boulaud. Parlez-nous plutôt des élections régionales, par exemple en Auvergne, où trois membres du Gouvernement ont été battus !

M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État. Monsieur le sénateur, si j'ai un conseil à donner à nos compatriotes qui veulent sortir de ces difficultés, c'est de ne surtout pas suivre les propositions qui sont formulées en matière d'emploi par le parti socialiste !

M. le président. Veuillez conclure, monsieur le secrétaire d'État !

M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'État. En effet, si nous devions appliquer la politique de matraquage fiscal qui est prônée par Martine Aubry, il y aurait fort peu de chances que notre pays parvienne à se redresser ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP et sur certaines travées de l'Union centriste.)

M. Jean-Pierre Sueur. Voilà un discours archi-politicien !

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