Question de M. BEAUMONT René (Saône-et-Loire - UMP) publiée le 18/03/2010

M. René Beaumont attire l'attention de M. le ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche sur les fortes inquiétudes des exploitants agricoles de Saône-et-Loire face à la révision du classement en zones défavorisées datant des années 1970.
Si la volonté de la Commission européenne de réaliser le futur zonage sur les critères physiques dont la nature et les niveaux seraient communs à l'ensemble des États membres paraît reposer sur un principe de justice, il ne faut pas méconnaître que tous les États membres sont bien loin de disposer de données élaborées avec des critères homogènes. D'ailleurs, il en est de même en France en ce qui concerne les critères relatifs à la qualité des sols.
Le seul montant de l'indemnité compensatoire du handicap naturel (ICHN) versée annuellement à plus de quinze mille éleveurs des sept départements Nord-Massif Central s'élève à 56 millions d'euros.
C'est pourquoi il paraît utile d'avoir une réflexion nationale plus approfondie sur ce sujet afin de faire en sorte que le souci de justice évoqué ne se traduise par une réelle injustice vis-à-vis des éleveurs français habitués à ces indemnités.
Il souhaiterait savoir si la solution la plus juste ne serait pas de renoncer sur le territoire français à ce processus de révision qui apparaîtrait à tous forcément très injuste

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Réponse du Ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche publiée le 29/04/2010

L'indemnité compensatoire de handicap naturel (ICHN) vise à encourager, notamment par le pâturage à l'herbe, le maintien d'exploitations agricoles en zones défavorisées menacées de déprise. Cette aide contribue à une répartition harmonieuse de l'activité sur le territoire, à la préservation de l'espace naturel et à la promotion des modes d'exploitation durables. 53 % du territoire est concerné. En 2009, cette aide a été versée à 92 000 exploitants pour un budget de 513 M€ , dont 80 % environ est consacré aux exploitants des zones de montagne et de très haute montagne. La Commission européenne a engagé des travaux de révision des zones défavorisées simples. En tout état de cause, cette révision ne s'appliquerait qu'après 2013 et en dehors des zones de montagne et de haute montagne dont les délimitations demeurent inchangées. La révision souhaitée par la Commission européenne vise à répondre aux observations de la Cour des comptes européenne formulées dans son rapport du 27 juin 2003. Elle souligne notamment que l'éventail d'indicateurs utilisé par les États membres afin de déterminer ces zones est largement dicté par des priorités nationales. Elle note par conséquent un risque important de disparités de traitement entre les bénéficiaires. Une communication de la Commission a été adressée au Parlement le 21 avril 2009 proposant une nouvelle méthode de délimitation des zones défavorisées simples qui s'appuie sur la combinaison de deux catégories de critères communs à l'ensemble des États membres. Sont appliqués huit critères biophysiques définis de façon uniforme puis des critères liés aux systèmes de production qui visent à cibler le zonage en excluant les secteurs où le handicap naturel a été surmonté. La Commission a invité les États membres à effectuer sur cette base des simulations sur l'ensemble de leur territoire. Ces simulations ne sauraient être considérées à ce stade comme une nouvelle délimitation des zones défavorisées, mais elles doivent permettre d'apprécier la faisabilité et l'acceptabilité des options actuellement envisagées par la Commission. La France a présenté le résultat de ces simulations aux organismes professionnels et aux associations d'élus le 10 février dernier et a ensuite transmis ces travaux le 26 février à la Commission, accompagnés de remarques et d'objections. Les résultats font apparaître que certaines zones importantes, objectivement défavorisées, ne figurent pas dans le nouveau zonage. Le ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche a indiqué à la Commission européenne que les résultats de ces simulations ne pouvaient donc convenir en l'état. Il a mis en place un groupe de travail composé de représentants des organismes professionnels, des associations d'élus et des services de l'État afin d'engager une réflexion sur des critères additionnels plus conformes aux attentes de la France. Ce groupe devra rendre ses conclusions avant la fin du mois de juin 2010.

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