Question de M. LE MENN Jacky (Ille-et-Vilaine - SOC) publiée le 18/02/2010

M. Jacky Le Menn attire l'attention de M. le secrétaire d'État chargé de la coopération et de la francophonie sur la crise alimentaire qui se profile au Niger.
En 2010, une nouvelle crise alimentaire est prévue au Sahel. Cette région était déjà très fragilisée et, cette année, le problème de la faim risque de s'aggraver, notamment au Niger. D'après le Fonds des Nations unies pour l'enfance, dans ce pays, "plus de la moitié de la population estime avoir moins de deux mois de stocks alimentaires jusqu'aux prochaines récoltes, attendues en octobre 2010". La production agricole en 2009 n'y a pas été bonne du fait de pluies erratiques qui ont commencé tard et terminé tôt. Des indicateurs de crise ont pu être observés rapidement comme des prix alimentaires élevés et des prix du bétail bas alors que les salaires restent faibles. L'exposition à la faim débute en général entre avril et septembre ; mais, cette fois, dès la fin de l'année précédente, les ménages montraient déjà des signes de vulnérabilité. Les familles vendent leur bétail, et les éleveurs, qui migrent en général en mars pour rechercher des pâturages et de l'eau, sont nombreux à avoir commencé à se déplacer dès novembre 2009. D'après les estimations, les réserves de céréales au Niger connaissent un déficit d'au moins 26 %. C'est pour l'ensemble de ces raisons qu'il est nécessaire d'agir vite dès à présent. L'État du Niger a d'ores et déjà pris quelques initiatives qui ne seront pas suffisantes.
Dans ces conditions, il souhaiterait savoir ce que la France compte faire pour venir en aide à la population concernée, en particulier au Niger particulièrement éprouvé par les conditions climatiques actuelles et ayant également à subir une situation institutionnelle largement condamnée par la communauté internationale.

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Réponse du Secrétariat d'État chargé de la coopération et de la francophonie publiée le 27/05/2010

Suite aux déficits de production prononcés (entraînant déficit céréalier, déficit fourrager affectant le bétail et prix élevés des denrées alimentaires) s'inscrivant dans un contexte de forte vulnérabilité alimentaire et de malnutrition structurellement élevée, la situation alimentaire et nutritionnelle s'annonce très critique dans la bande sahélienne. Cette crise alimentaire affecte tout particulièrement le Niger où 2,7 millions de personnes nécessitent une assistance tandis que 5,1 millions de personnes supplémentaires sont considérées « à risque » si la situation venait à se détériorer plus avant. Si l'attention porte principalement sur le Niger, il faut souligner que la situation est globalement fragile dans les zones sahéliennes de plusieurs pays de la région : au Tchad, 2 millions de personnes auront besoin d'assistance et les taux de malnutrition aiguë globale dépassent comme au Niger le seuil « critique » de 15 %. Bien que moins critique, la situation est également difficile dans le nord du Mali et les zones sahéliennes de Mauritanie et du Burkina Faso. En complément de la réponse des autorités et des autres donateurs, la France a consacré 3,5 M€ aux populations vulnérables du Niger soit plus de 15 % des fonds alloués à ce jour. Cette aide est mise en oeuvre à travers le programme alimentaire mondial (PAM) pour 0,9 M€ et par le dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires à hauteur de 2,2 M€. Des opérations d'appui nutritionnel, pour 0,5 M€, continuent d'être mises en oeuvre actuellement au titre de l'aide alimentaire 2009. Outre le Niger, la France a également alloué des fonds en faveur des populations affectées des zones sahéliennes du Tchad (1,8 M€), de Mauritanie (0,65 M€), du Burkina Faso (0,5 M€) et du Togo (0,15 M€). Nous suivons également de près la situation au nord du Mali afin de prévenir toute dégradation. La France a également favorisé la coordination de la réponse internationale et notamment européenne et incité la Commission à mobiliser des fonds additionnels pour répondre à la crise. En dépit de cette mobilisation précoce, des déficits de financement persistent tandis que les perspectives de contributions additionnelles, sont incertaines. Nous assurons donc un suivi rapproché de la situation alimentaire et nutritionnelle dans ces zones afin d'adapter la réponse le cas échéant et de prévenir une aggravation de la crise.

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