Question de M. BODIN Yannick (Seine-et-Marne - SOC) publiée le 19/02/2010

Question posée en séance publique le 18/02/2010

M. Yannick Bodin. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, porte-parole du Gouvernement.

La situation à l'éducation nationale est de plus en plus préoccupante.

Les récents événements sont révélateurs d'un malaise qui va bien au-delà des actes de violence eux-mêmes. Depuis plusieurs jours, la communauté éducative se mobilise et manifeste.

Monsieur le ministre, vous accusez les régions et les départements de ne pas suffisamment équiper les établissements scolaires en clôtures et en systèmes de vidéosurveillance. Certes, nous sommes en période électorale, mais je souligne que c'est faux ! La région d'Île-de-France, par exemple, consacre chaque année 5 millions d'euros à la sécurisation des lycées. Aujourd'hui, 300 de ses lycées sont équipés de systèmes de vidéosurveillance.

Mais vous savez très bien qu'on ne résoudra pas le problème de la sécurité par ces seuls équipements. Les personnels et les élèves ne demandent pas plus de caméras. Ils réclament plus de surveillants !

La réponse est de votre totale responsabilité : c'est la présence d'adultes auprès des jeunes qui doit être renforcée, tant pour la réussite éducative que pour la prévention et la sécurité. La violence reculera lorsque les élèves seront encadrés par des adultes qualifiés, en nombre suffisant. Il faut des professeurs, des éducateurs, des surveillants, des assistantes sociales, des infirmières, des psychologues. Les équipes mobiles de sécurité ne sont qu'un pis-aller.

Vous avez supprimé 11 200 postes en 2008, 13 500 en 2009 et 16 000 cette année ! Quand donc allez-vous vous arrêter ?

De plus, les professeurs en congé ne sont pas remplacés. Certaines académies se tournent vers Pôle emploi pour engager des volontaires sans qualification.

Et que dire de la réforme de la formation des maîtres ? Demain, les futurs professeurs, après leurs études universitaires, se retrouveront directement dans une classe, sans aucune formation spécifique. Vous avez supprimé l'année de formation professionnelle, simplement pour faire des économies. Or le métier d'enseignant est un métier qui s'apprend.

Vous avez annoncé des états généraux de la sécurité à l'école. Si ce n'est pas l'occasion de prendre des engagements pour renforcer les moyens humains de l'éducation nationale, ce ne sera qu'un coup médiatique de plus.

Quand donc cesserez-vous, monsieur le ministre, de supprimer des postes à l'éducation nationale et quand rétablirez-vous ceux qui font si cruellement défaut dans nos établissements scolaires ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 19/02/2010

Réponse apportée en séance publique le 18/02/2010

M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur Bodin, la sécurité de nos élèves mérite mieux qu'une polémique politicienne ! (Exclamations sur les travées du groupe socialiste. – Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Nicolas About. Très bien !

M. Jean-Louis Carrère. Vous commencez mal !

M. Luc Chatel, ministre. Je veux rassurer les parents d'élèves : tous les jours, 13 millions d'élèves se rendent à l'école, au collège ou au lycée, fort heureusement sans encombres ni difficultés.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Heureusement !

M. Simon Sutour. Quel exploit !

M. Luc Chatel, ministre. Mais si les agressions dont nous avons entendu parler ces derniers jours sont rares, voire exceptionnelles, elles sont intolérables et doivent être condamnées avec la plus grande fermeté.

M. Jean-Louis Carrère. Ce n'est pas la question !

M. Luc Chatel, ministre. Si la solution se réduisait à une question de moyens, cela se saurait !

M. David Assouline. Cela se sait !

M. Luc Chatel, ministre. Je rappelle que, depuis 2002, nous sommes passés de 9 500 à 12 000 conseillers principaux d'éducation. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)

Au printemps dernier, le Premier ministre a souhaité créer, dans le cadre du plan de relance, 5 000 postes de médiateurs de réussite scolaire.

À la rentrée dernière, avec Brice Hortefeux, nous avons mis en place les équipes mobiles de sécurité, soit 500 postes nouveaux directement consacrés à la sécurité de nos établissements scolaires et placés auprès des recteurs. (Mêmes mouvements.)

Donc, les moyens, nous les avons mis, monsieur le sénateur !

M. Jean-Pierre Bel. Parlez-nous de ceux que vous avez supprimés !

M. Luc Chatel, ministre. En réalité, la sécurité est aussi l'affaire de tous !

J'entends dire que, dans un lycée de 1 500 élèves, il n'y aurait que 11 surveillants. Certes, mais 180 adultes sont effectivement présents. (M. Jean-Louis Carrère s'exclame.)

La sécurité et la responsabilité doivent être partagées par l'ensemble des acteurs de la communauté éducative. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Monsieur le sénateur, je vous rejoins sur un seul point : nous devons agir simultanément dans toutes les directions, en matière aussi bien de prévention, d'éducation et de dissuasion, que d'accompagnement des personnels. (Mme Janine Rozier approuve.)

C'est précisément ce que nous avons décidé de faire en intervenant à la fois sur la dissuasion, en amont, et sur la formation de nos personnels d'encadrement. Ainsi, avant la fin de l'année, les 400 chefs d'établissements les plus sensibles bénéficieront d'une formation à la gestion de crise. Dans l'académie de Créteil, nous avons décidé de mettre en place des stages à la tenue de classe.

L'autorité à l'école constitue un vrai sujet, parce que trop d'élèves n'ont pas, en dehors de l'école, une autorité qui leur fait face. Nous sommes donc totalement mobilisés sur cette question.

M. le président. Veuillez conclure, monsieur le ministre.

M. Luc Chatel, ministre. En revanche, j'y insiste, la sécurité est l'affaire de tous. Monsieur le sénateur, vous serez le bienvenu aux états généraux de la sécurité à l'école et nous écouterons vos propositions ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)

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