Question de M. de RICHEMONT Henri (Charente - RPR) publiée le 30/12/1999

M. Henri de Richemont attire l'attention de M. le ministre de la défense sur les leçons à tirer des récentes opérations au Kosovo. S'agissant d'opérations menées en commun avec nos alliés européens et américains, il semble que ces derniers - parce qu'ils disposaient des moyens les plus importants - ont pu imposer aux autres leur doctrine militaire et leur manière de mener la campagne, particulièrement aérienne. Il apparaît aussi que les européens ont connu entre eux un déficit " d'interopérabilité " dû à la fois à l'utilisation de matériels différents et à des différences de doctrine et de procédures. Sachant que ces différences doivent être gommées peu à peu si l'on veut qu'à l'avenir les unités d'intervention européennes puissent man oeuvrer ensemble en s'affranchissant du leadership américain, il souhaiterait savoir quelles mesures ont été mises en place pour que les forces françaises et celles de ses alliés européens apprennent à mieux collaborer, en utilisant sinon les mêmes matériels, au moins les mêmes procédures et en se référant à la même doctrine.

- page 4253


Réponse du ministère : Défense publiée le 30/03/2000

Réponse. - La conduite d'opérations en coalition a pour corollaire un processus décisionnel, en matière d'objectifs politiques et de modes d'action militaire, impliquant plusieurs nations et obligeant leurs forces armées à travailler en synergie. Il convient donc de distinguer l'aspect stratégique (décisions d'ordre politico-militaire) des aspects opérationnels et tactiques. En ce qui concerne la manière dont l'alliance atlantique a mené la récente campagne aérienne en république fédérale de Yougoslavie, les alliés s'étaient pleinement accordés au préalable sur les buts politiques à rechercher l'option militaire adoptée et les conditions d'emploi de la force. Durant les opérations, la France a été en mesure de s'assurer du respect de ce cadre stratégique et de contribuer étroitement à la conduite militaire. Sur un plan plus opérationnel, la capacité de différentes forces nationales à agir en commun est dépendante de leur interopérabilité globale qui se mesure en termes technique, humain mais aussi doctrinal. L'un des apports de l'alliance atlantique est d'avoir développé tout un " corpus de standardisation " dont la définition consensuelle a toujours impliqué la France. Dans ce domaine, les forces françaises ont d'ailleurs atteint un excellent niveau. Fruit d'entraînements intensifs et répétés, effectués dans des cadres multinationaux mêlant forces européennes et américaines, cette compétence est unanimement reconnue. Dans le cas des opérations récentes au Kosovo, la France est ainsi apparue comme une nation capable d'apporter une contribution significative et de qualité (armements de précision tout temps notamment), et de participer pleinement à tous les niveaux, dans le strict respect de sa position spécifique au sein de l'alliance : non-participation aux structures militaires intégrées.

- page 1143

Page mise à jour le