Question de M. GERBAUD François (Indre - RPR) publiée le 02/12/1999

M. François Gerbaud se fait l'écho auprès de Mme le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale du mécontentement manifesté par les professionnels du secteur vitivinicole suite à la publication du rapport commandé à M. Kopp par la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Plusieurs articles de ce document qualifient en effet sans nuances l'alcool de drogue. Les viticulteurs comprennent d'autant moins cette assimilation abusive que le texte organisant le plan triennal de lutte contre la drogue et la toxicomanie prenait soin d'opérer une claire distinction entre produits incriminés, d'une part, comportements de consommation, d'autre part. Qui plus est, l'annonce du plan avait été l'occasion d'arrêter le principe d'un groupe de travail réunissant représentants du ministère et professionnels de la filière. Ces derniers étant tout à fait disposés à s'impliquer dans les campagnes de santé publique afin de promouvoir une forme modérée et conviviale de consommation du vin, lui serait-il possible d'apporter des précisions sur les points suivants : dans le débat qui s'ouvre, quelle position le Gouvernement entend-il adopter s'agissant des différentes boissons alcoolisées, et peut-il garantir aux représentants du secteur vinicole qu'ils seront réellement associés à la redéfinition de la politique publique de lutte contre la toxicomanie ?

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Réponse du ministère : Santé publiée le 05/10/2000

Réponse. - La toxicité de l'alcool, soit du fait d'une consommation régulière excessive, soit du fait d'une consommation aiguë conduisant à l'ivresse, n'est pas une donnée scientifique nouvelle. A ce titre le rapport du professeur Bernard Roques relatif à la dangerosité des drogues, tout en confortant les idées scientifiques préexistantes, a contribué à renouveler les approches de la prise en charge des dépendances en démontrant que la dangerosité d'une substance psychoactive, quelle qu'elle soit, est liée aux modifications comportementales qu'elle induit en fonction des quantités consommées. Or, la fréquence très importante des hospitalisations provoquées ou aggravées par une consommation d'alcool excessive, les 50 000 décès liés, chaque année, à la toxicité directe ou indirecte de l'alcool, ainsi que les conséquences sociales, familiales et professionnelles de l'alcoolisation imposent de placer la lutte contre l'alcoolisme au rang de priorité de santé publique. Ce rappel d'une réalité sur laquelle, depuis plus d'un siècle, de grands scientifiques et de nombreuses associations attirent régulièrement l'attention ne vise pas à diaboliser la consommation d'alcool, mais bien à faire prendre conscience de la nécessité de poursuivre et d'amplifier les actions d'éducation pour permettre au plus grand nombre de maintenir leur consommation d'alcool dans les limites compatibles avec le respect de leur santé physique, psychique, psychologique et sociale, et à améliorer la réponse sanitaire pour prendre en charge les personnes en difficulté importante du fait de leur consommation d'alcool. Il ne s'agit nullement de stigmatiser l'usage raisonnable et convivial du vin, qui fait partie intégrante d'une tradition culturelle bien ancrée. Dans cette optique, le groupe de travail qui a été mis en place à l'initiative de la secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés permet d'associer les professionnels de l'alcool à une réflexion sur la prévention de l'alcoolisme.

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