Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 25/11/1999

M. Emmanuel Hamel attire l'attention de Mme le ministre de la culture et de la communication sur l'information parue à la page 36 du quotidien Le Figaro du 4 novembre 1999 selon laquelle, d'après une étude réalisée par une institution américaine pour la sauvegarde du patrimoine, la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais serait un " des monuments les plus menacés à travers le monde ". Il lui demande quelle est sa réaction face aux conclusions de cette étude et quelles dispositions elle envisage de prendre pour que cette cathédrale, célébrité du patrimoine historique de la France, soit restaurée.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 13/01/2000

Réponse. - L'honorable parlementaire a évoqué la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, l'un des plus célèbres édifices gothiques de France, mais aussi des plus menacés, de par l'ambition même qui a présidé à sa conception. La construction de la cathédrale gothique fut décidée par l'évêque Milon de Nanteuil, après l'incendie de l'ancienne cathédrale, la " Basse-uuvre ", dont subsistent encore aujourd'hui d'importants vestiges, en 1225. Dès le départ, l'ambition des constructeurs généra des problèmes de stabilité ; le ch ur de la nouvelle cathédrale, inauguré en 1272, s'effondra partiellement dès 1284. Après reconstruction, le chapitre fit édifier, de 1499 à 1550, un transept ; quinze ans plus tard, une gigantesque tour-lanterne, qui faisait alors de Saint-Pierre de Beauvais la plus haute église de la chrétienté, était achevée sur la croisée de ce transept. Cette tour s'effondra à son tour dès 1573, endommageant les voûtes sous-jacentes. Au début du xviie siècle, on entreprit d'achever la cathédrale par l'édification de la nef. Seule la première travée, adjacente au transept, fut effectivement réalisée. Un ultime projet d'achèvement de cette nef, au xixe siècle, fut rapidement abandonné. L'histoire tumultueuse de Saint-Pierre de Beauvais conforte la tradition qui voit en elle un édifice construit à la limite des possibilités techniques de son temps, fleuron de l'art gothique français, fragilisé par l'ambition de ses constructeurs. La célèbre hauteur des voûtes, qui augmente la prise au vent et défie les lois de l'équilibre, a de tous temps généré des inquiétudes quant à la stabilité de l'édifice et suscité des travaux de confortement de ses structures. Des erreurs ont été commises lors de certaines de ces restaurations : une insuffisante connaissance, à l'époque, des techniques de construction médiévales, a conduit à attribuer à une campagne de restauration des tirants de fer dont la corrosion provoquait une dégradation des maçonneries des arcs-boutants, et à la dépose d'une partie de ces tirants. On sait aujourd'hui que ce dispositif, remontant à l'origine de la construction, jouait un rôle important dans la stabilité de l'édifice, et que leur suppression a probablement accentué la fragilisation des structures. Dès 1990, il a donc été décidé de soutenir la cathédrale de Beauvais par des étais, afin d'éviter tout risque majeur pour l'édifice et pour le public et de se donner le temps de procéder aux indispensables et complexes études devant permettre la restauration de la cathédrale. Ces études ont porté sur plusieurs parties de l'édifice : les couvertures hautes, les contreforts du chevet, dont les anciens tirants devront être remis en place ou remplacés et dont les maçonneries devront être restaurées, la stabilisation définitive de la croisée et de la travée de nef existante, enfin, la mise en sécurité des réseaux électriques et le renforcement des dispositifs de défense contre l'incendie. L'ensemble de ces opérations constituera un programme assez lourd, qui fera dès l'an 2000 l'objet d'un commencement de mise en uvre, par la pose de nouveaux tirants et la préparation de la remise en place des anciens et de la restauration des arcs-boutants. Des études seront par ailleurs menées en vue de préparer les travaux de stabilisation définitive. Le total des financements de l'Etat pour la cathédrale de Beauvais en 2000 se montera à 7 MF. C'est peu, sans doute, eu égard aux besoins du monument, et il conviendra d'augmenter sensiblement cette dotation dès que les études préalables nécessaires auront été menées à terme ; il convient toutefois de rappeler que la cathédrale de Beauvais n'est que l'une des 87 églises cathédrales de France dont le ministère de la culture et de la communication finance la restauration et l'entretien. Il est évident qu'elle constituera, parmi ces cathédrales, une des priorités du service des monuments historiques pour les années à venir ; mais d'autres édifices majeurs doivent également être pris en compte et nécessitent d'importants travaux : parmi ceux-ci, les grandes cathédrales de Chartres, d'Amiens, de Bourges, de Strasbourg ou de Reims, sur lesquelles porte également, depuis quelques années, un effort particulier.

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