Question de M. FOY Alfred (Nord - NI) publiée le 25/11/1999

M. Alfred Foy appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur la réforme des études scientifiques, telle qu'il l'envisage. Selon les modalités du projet, les étudiants titulaires d'un diplôme d'études universitaires générales (DEUG) obtenu avec mention pourraient opter pour une licence " Santé ". L'obtention de celle-ci et le niveau personnel ouvriraient l'accès à un concours unique, déterminant, selon le classement, pour la poursuite des études médicales. Ainsi, la sélection existerait toujours, mais à partir de la 3e année validée et non plus de la 1re, comme c'est le cas aujourd'hui. Qu'en sera-t-il alors des étudiants désirant se spécialiser ? Il leur sera difficile de prétendre à une formation de haute qualité, ponctuée des stages en milieu hospitalier et, comme fréquemment désormais, d'un approfondissement des connaissances dans une université à l'étranger, s'ils doivent patienter plusieurs années avant d'intégrer une filière scientifique. Par ailleurs, la mise en oeuvre de la thérapie scientifique impose des connaissances étendues, liées à l'avancée technologique : la réforme ferme, cependant, l'accès à la recherche et minimise le moteur individuel que représente l'internat dans un cursus universitaire. En ce qui concerne les étudiants recalés, se pose la question des débouchés offerts par l'obtention d'une maîtrise de santé, dans le contexte économique actuel : quelles professions y correspondent, sans formation supplémentaire ? N'est-ce pas ainsi se confiner au domaine du leurre, en dispensant à des personnes initialement issues d'une formation humaniste un semblant de culture scientifique dont elles ne trouveront jamais d'application professionnelle ? En conséquence, sous couvert de faire face à l'échec universitaire, l'adoption de cette réforme aboutirait, d'une part, à une formation disciplinaire moins performante qu'elle ne l'est aujourd'hui et, d'autre part, à l'éclosion d'un statut ambigu pour les étudiants les moins concurrentiels. Il le remercie de bien vouloir lui apporter des précisions quant à ses intentions.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 06/01/2000

Réponse. - Le mode de sélection actuel des étudiants en médecine, en odontologie et en pharmacie est un véritable gâchis. De vingt à trente pour cent (20 à 30 %) des étudiants seulement admis en 2e année le sont à leur premier concours ; un certain nombre de ces étudiants ont suivi un autre cursus auparavant ; 15 % environ sont en réalité à bac p 1. De soixante-quinze à quatre-vingts pour cent (75 à 80 %) sont éliminés après deux tentatives, et une partie seulement de ces étudiants bénéficient de droit d'une admission en 2e classe de DEUG Sciences de la vie. Il faut aussi remarquer que les modalités du concours ne laissent aucune chance à des jeunes gens doués pour les displines littéraires, juridiques ou économiques qui auraient pourtant leur place dans les métiers de la santé. L'idée est de sélectionner après deux années d'un DEUG Sciences de la vie les meilleurs étudiants intéressés par la poursuite d'études dans une filière longue de santé. La troisième année, spécifique à chacune de ces filières (médecine, odontolongie ou pharmacie), devrait néanmoins comporter des unités de valeur relatives à l'organisation des systèmes de soins, à l'économie de la santé, au droit, à l'éthique et à la déontologie, ainsi que des enseignements sur le développement des biotechnologies et de l'instrumentation, domaines trop négligés jusqu'ici. Les étudiants devraient déclarer leur intention de s'inscrire dans l'une ou l'autre de ces trois filières et concourir pour celle-ci. Ainsi, la durée des études ne serait pas allongée, du moins pour le plus grand nombre. Les étudiants feraient des choix positifs, évitant une sélection par l'échec. Ceux qui ne seraient pas admis dans l'une de ces filières continueraient leurs études dans la voie correspondant au DEUG qu'ils ont obtenu. L'organisation des deuxième et troisième cycles devra tenir compte des modifications éventuelles de ces cursus, dans une perspective d'orientation vers les filières actuelles des études de médecine, de pharmacie et d'odontologie. Aucune remise en cause des filières de l'internat n'est envisagée. La filière de biologie médicale devrait rester une filière commune aux études de médecine et de pharmacie, avec des concours d'accès distincts. Le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie souhaite élaborer ce projet de réforme en prenant tout le temps nécessaire à une bonne information et à une concertation avec toutes les parties intéressées. S'appuyant sur les résultats de cette concertation, une commission sera chargée de faire des propositions. C'est à partir de ces propositions que seront préparées les modifications législatives et réglementaires appropriées.

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