Question de M. HUSSON Roger (Moselle - RPR) publiée le 06/05/1999

M. Roger Husson appelle l'attention de M. le ministre de la défense sur l'état de la puissance militaire yougoslave après plus d'un mois de bombardements de la Serbie par l'OTAN. En effet, selon les observateurs militaires occidentaux, l'armée yougoslave était, avant le déclenchement par l'OTAN de l'opération " Determined Force ", une des meilleures d'Europe. Forte de 225 000 hommes (forces paramilitaires comprises), elle pouvait aligner en ordre de bataille : 2 000 blindés dont 1 300 chars, 1 500 pièces d'artillerie, 72 LRM (lance-roquettes multiples), 284 avions de combat, 115 hélicoptères de combat, 3 frégates, 26 sous-marins et une redoutable défense anti-aérienne allant du canon de 20 millimètres au missile SA 6 Gainful. Or, après plus de 30 jours de frappes aériennes, il reste à Belgrade 90 % de son potentiel militaire qui constitue une menace très sérieuse pour les forces de l'OTAN, surtout dans l'optique d'une attaque terrestre (phase trois des opérations au Kosovo). Il lui demande donc de bien vouloir lui faire le point sur l'état actuel des capacités opérationnelles des forces armées yougoslaves.

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Réponse du ministère : Défense publiée le 19/08/1999

Réponse. - Au début du conflit au Kosovo, les effectifs des forces armées yougoslaves (VJ) étaient estimés à 225 000 hommes. Selon les éléments de la dernière déclaration effectuée en janvier 1998 par la République fédérale de Yougoslavie (RFY) dans le cadre des obligations liées au traité sur les forces conventionnelles en Europe, l'armée de terre yougoslave possédait 1 045 chars de bataille (dont 304 modernes), 850 véhicules de combat blindés et 3 750 pièces d'artillerie. Ces chiffres concordent avec les dernières données recueillies sur l'ordre de bataille de l'armée de terre yougoslave. Au terme de onze semaines de frappes aériennes réalisées par l'OTAN, le potentiel militaire de la RFY n'a été que très partiellement entamé. Les frappes directes dirigées contre les forces yougoslaves ont visé quasi exclusivement les matériels du 52e corps d'armée de Pristina et de leurs renforcements déployés au Kosovo. Organisés en dix brigades, les 30 000 hommes de la VJ présents dans la province, appuyés par 15 000 hommes appartenant aux forces de police, représentaient environ le cinquième du potentiel des forces terrestres. Les forces yougoslaves au Kosovo ont subi un certain affaiblissement du fait d'un isolement relatif de la province par la destruction d'ouvrages d'art sur les itinéraires venant de Serbie, d'un nombre plus important de frappes réalisées durant les derniers jours du conflit, et du harcèlement permanent conduit par l'armée de libération du Kosovo (UCK). Malgré les dégâts infligés à leur environnement et à leur logistique au Kosovo, les unités de la VJ sont restées capables, jusqu'à leur retrait, de mener à bien des opérations contre l'UCK et de bloquer les tentatives de pénétration organisées par cette dernière. Au total, les forces terrestres et de sécurité au Kosovo ont conservé jusqu'à leur départ une capacité opérationnelle certaine, due à l'application des principes hérités du concept de la défense populaire généralisée, tels que la dispersion des moyens, l'utilisation intensive de leurres et la multiplicité des lieux de stockage d'armes et de munitions. Elles ont essentiellement souffert des destructions économiques qui ont touché leur logistique, leur mobilité, voire leur moral. Les capacités de l'armée de l'air et de la défense aérienne yougoslaves ont été diminuées. Les intercepteurs Mig 29 et Mig 21 ont été en grande partie détruits. La défense sol-air a perdu une proportion importante de ses radars et de ses missiles de moyenne altitude. Cependant, après avoir tiré le tiers de ses missiles, elle conservait une capacité dissuasive envers les missions exécutées en dessous de 15 000 pieds. La marine est demeurée dans les eaux territoriales de la RFY et n'a montré aucune réactivité dans la baie de Kotor et le long de la côte monténégrine. Elle a mis à l'abri dans des tunnels côtiers ses bâtiments les plus opérationnels ; les autres, restés à quai, n'ont pas été pris à partie par l'OTAN. C'est pourquoi elle sort intacte du conflit.

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