Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 11/03/1999

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la sécurité en Colombie. L'assassinat par la guérilla de trois ressortissants américains doit nous conduire à réfléchir sur les conditions de sécurité dans ce pays. Les trois victimes, arrivées il y a peu dans le pays, se consacraient à la défense des intérêts des Indiens u'was. Le FARC semble être à l'origine de ces assassinats. Les corps des victimes ont été retrouvés au Venezuela, à une vingtaine de kilomètres de la frontière. C'est un nouveau coup dur pour le processus de paix engagé par le président Colombien, et complique encore sa tâche en le plaçant en porte-à-faux vis-à-vis de Washington. Compte tenu du grave développement de l'insécurité dans ce pays, on peut se demander si on ne pourrait pas réfléchir à l'assurance de nos compatriotes obligés de travailler dans les zones peu sûres. La lenteur des tractations pour obtenir la libération des otages devenant particulièrement préoccupante, on peut se demander s'il ne faudrait pas rechercher des solutions collectives pour contrecarrer les risques individuels.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 27/05/1999

Réponse. - L'honorable sénateur a bien voulu interroger le ministre des affaires étrangères sur la sécurité des étrangers en Colombie. Le gouvernement français partage les préoccupations de l'honorable parlementaire sur ce sujet. Il note la détérioration de la situation des ressortissants étrangers sur le territoire colombien. La multiplication des enlèvements et des assassinats intervient alors que le dialogue avec les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), engagé par le président Pastrana dès son élection, en juin 1998, est bloqué depuis janvier dernier. Le processus de paix est fragilisé et ses chances de réussite sont de plus en plus incertaines. Les corps de trois missionnaires américains, qui travaillaient dans la communauté indigène des U'was, dans la région pétrolifère de l'Arauca (nord-ouest de la Colombie), zone dont les guérillas FARC et ELN (Armée de libération nationale) ainsi que les paramilitaires se disputent le contrôle, ont, en effet, été retrouvés le 5 mars au Venezuela, à proximité de la frontière avec la Colombie. Les FARC ont reconnu, le 10 mars, leur responsabilité dans l'enlèvement et l'assassinat des ces Américains. Quelques jours plus tard, la France a appris avec consternation le décès, remontant au 4 mars, d'un compatriote. M. Claude Steinmetz, technicien de l'entreprise " Géoservices ", qui avait été enlevé le 23 novembre 1998 sur le site pétrolier du Cupiaga (250 kilomètres à l'est de Bogota) par un front de l'ELN. Une autre de nos compatriotes, qui possède également la nationalité colombienne et réside en Colombie, Mlle Marie-Aline Oganesoff, a été enlevée à Bogota le 1er août 1998. Mlle Oganesoff est toujours détenue par les FARC. Ainsi que le sait l'honorable parlementaire, les autorités françaises suivent depuis le début cette affaire de très près et avec la plus grande attention, en relation régulière avec les autorités colombiennes responsables de la sécurité des étrangers sur leur territoire, en vue d'obtenir la libération saine et sauve et la plus rapide possible de Mlle Oganesoff. La France condamne avec la plus grande fermeté de tels actes qui témoignent de la gravité du problème des enlèvements et des atteintes aux droits de l'homme en Colombie. Dans la fiche " Conseils aux voyageurs ", qu'il diffuse, y compris sur Internet, le ministère des affaires étrangères " déconseille à nos concitoyens, sauf raison professionnelle impérative, de se rendre en Colombie ". Notre ambassade à Bogota est en relation régulière avec la communauté française de Colombie pour échanger des informations sur les conditions sécuritaires prévalant dans ce pays. En outre, une réunion s'est tenue, le 27 avril, à Paris, en présence de notre ambassadeur à Bogota, avec les principales entreprises françaises présentes en Colombie sur la question de la sécurité de leur personnel expatrié.

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