Question de M. PASTOR Jean-Marc (Tarn - SOC) publiée le 17/02/1999

M. Jean-Marc Pastor attire l'attention de Mme le secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat sur les conséquences des litiges relatifs au respect d'un jour de fermeture hebdomadaire opposant les artisans boulangers traditionnels aux entreprises commerciales ou industrielles exploitant des terminaux de cuisson. En application d'arrêtés préfectoraux (eux-mêmes pris en vertu de l'article L. 221-17 du code du travail), les artisans boulangers sont en effet tenus de respecter l'obligation de fermer un jour par semaine. Considérant le non-respect de cette consigne par les exploitants de terminaux de cuisson, bon nombre de fédérations représentatives d'artisans boulangers ont porté l'affaire devant la justice. Il en ressort une jurisprudence abondante et contradictoire. Pour le Tarn, par exemple, l'arrêté préfectoral a été déclaré valable pour les seuls boulangers. La loi nº 98-405 du 25 mai 1998 a empêché la confusion entre boulangers artisanaux et terminaux de cuisson, mais les règles relatives aux artisans boulangers ne semblent pas être appliquées aux terminaux de cuisson. Il lui demande de bien vouloir lui faire part de son sentiment sur cette question.

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Réponse du ministère : Petites et moyennes entreprises publiée le 30/06/1999

Réponse apportée en séance publique le 29/06/1999

M. Jean-Marc Pastor. Madame la secrétaire d'Etat, ma question concerne les conséquences des litiges relatifs au
respect de la fermeture hebdomadaire d'un jour qui opposent les artisans boulangers traditionnels aux entreprises
commerciales ou industrielles exploitant des terminaux de cuisson.
En application d'arrêtés préfectoraux eux-mêmes pris en vertu de l'article L. 221-17 du code du travail, les artisans
boulangers sont tenus de respecter l'obligation de fermer un jour par semaine. Face au non-respect de cette consigne
par les exploitants des terminaux de cuisson, bon nombre de fédérations représentatives d'artisans boulangers ont
porté l'affaire devant la justice.
Il en ressort aujourd'hui une jurisprudence abondante et souvent contradictoire. Pour le Tarn, par exemple, l'arrêté
préfectoral a été déclaré valable pour les seuls boulangers : la loi votée en juin 1998 ayant empêché - et c'est heureux -
la confusion entre les boulangers artisanaux et les exploitants de terminaux de cuisson, on ne peut donc appliquer à
ces derniers les règles relatives aux artisans boulangers.
Je vous demande de bien vouloir me faire part de votre sentiment sur cette question, ainsi que des mesures que vous
comptez prendre dans ce domaine afin de mettre tout le monde sur un même pied d'égalité.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat.
Monsieur le sénateur, la question de la distribution au bon moment d'un bon pain nécessite une réponse très technique.
Sur le fondement de l'article L. 221-17 du code du travail, le préfet peut imposer, à la demande des organisations
professionnelles d'employeurs et de salariés, un jour de fermeture hebdomadaire à l'ensemble des établissements de la
profession pendant toute la durée du repos des personnels salariés. Les modalités d'application de cette disposition
sont définies par un accord préalable pris à la majorité des représentants de la profession concernée.
Si l'arrêté de fermeture s'impose à tous les établissements de la profession, y compris à ceux qui n'emploient pas de
personnel salarié, il ne peut avoir de portée au-delà de l'accord professionnel. Le champ d'application de l'arrêté est
nécessairement circonscrit par le périmètre de la profession, qui exprime sa volonté au travers de la majorité de sa
représentation.
La diversification des modes de distribution, que vous avez fort justement soulignée, monsieur le sénateur, a soulevé la
question de l'interprétation qu'il convenait de donner à la « profession » au sens de l'article L. 221-17 du code du travail.
Les tribunaux judiciaires et administratifs ont tranché sur ce point, en soutenant que la profession se définit non pas par
le mode de distribution, mais par l'identité du bien ou du service offert à la clientèle.
En application de cette jurisprudence, l'accord préalable sur les modalités du repos hebdomadaire doit s'accompagner
de la consultation de tous les distributeurs d'un même produit de consommation. La volonté de la majorité des
distributeurs concernés est alors prise en compte par l'arrêté préfectoral, qui donne force obligatoire à l'accord.
La loi n° 98-405 du 25 mai 1998 déterminant les conditions juridiques de l'exercice de la profession d'artisan boulanger
ne paraît pas de nature à modifier la jurisprudence précitée. Nous en avions d'ailleurs parlé au cours des débats
parlementaires qui ont précédé l'adoption de cette loi. En effet, l'objet de ce texte est de permettre l'information du
consommateur sur la qualité du pain mis en vente par un professionnel. Il ne peut avoir d'effet sur le terrain social en
réduisant la portée de l'article L. 221-17 du code du travail, qui doit permettre de réaliser une concurrence équilibrée
entre le plus grand nombre de professionnels, indépendamment du mode de fabrication et de la forme de distribution du
produit, condition propre au respect par les employeurs de l'obligation de donner un repos hebdomadaire à leur
personnel. C'est pourquoi nous nous trouvons devant une question aussi compliquée.
M. Raymond Courrière. C'est en effet bien compliqué !
Mme Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat. Lors de la discussion de la loi du 25 mai 1998, la question du
non-respect des arrêtés préfectoraux de fermeture hebdomadaire par certains distributeurs de pain avait été longuement
abordée. Je me suis engagée à rappeler aux préfets la volonté du Gouvernement de veiller aux conditions d'une
concurrence équilibrée entre les différents distributeurs de pain, par une stricte application des arrêtés de fermeture
intervenus dans cette profession.
A la suite de cet engagement, une circulaire a été adressée à tous les préfets de France. Elle a rencontré des
difficultés de mise en oeuvre dans plusieurs départements, ce qui nous a conduits à prendre des mesures un peu plus
vigoureuses.
C'est pourquoi j'ai décidé d'approfondir la concertation avec les différents acteurs professionnels, afin d'établir un
document explicatif qui permettra notamment d'aboutir à une meilleure maîtrise de la conciliation préalable à la prise de
l'arrêté de fermeture.
Cela étant, monsieur le sénateur, les entorses au droit et aux accords professionnels ne sont pas forcément le fait de
distributeurs qui ne seraient pas artisans boulangers. C'est pourquoi nous avons rencontré tant de difficultés à régler
ces problèmes.
Par conséquent, je vous rejoins pour souhaiter que l'on puisse régler dans de bonnes conditions ce qui est en réalité un
problème d'application par le préfet d'accords professionnels et de volonté du Gouvernement et du Parlement. Je crois
donc qu'il faut rouvrir une bonne négociation professionnelle...
M. Raymond Courrière. Il faut des règles plus simples !
Mme Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat. ... et le document qui sera distribué permettra de réaffirmer le contenu de
la charte du boulanger telle que nous l'avions définie ici. Les règles doivent être clairement exprimées, ce qui n'est pas
le cas aujourd'hui.
M. Raymond Courrière. C'est trop compliqué !
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Madame la secrétaire d'Etat, je vous remercie de votre réponse. Elle ouvre un chantier, celui du
débat, celui de l'échange.
La mise en place de la charte, dont le principe avait été évoqué en juin 1998, me semble un élément très important. En
effet, on s'est rendu compte, au cours des douze derniers mois, que bon nombre de départements éprouvaient toute
une série de difficultés pour mettre en application - et, surtout, en harmonisation - la législation en vigueur, qui prévoit
surtout, en fait, des mesures sociales.
Au-delà des circulaires et des directives données aux préfets, il faut organiser une concertation et consulter les
intéressés. Vous vous y employez, et je vous en remercie.

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