Question de M. CARLE Jean-Claude (Haute-Savoie - RI) publiée le 12/02/1999

M. Jean-Claude Carle attire l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur l'apprentissage qui a longtemps été une voie de formation dénigrée, voire méprisée. Cette relégation a une origine culturelle. Notre pays a longtemps privilégié les disciplines abstraites. L'enseignement technique, l'enseignement professionnel et l'apprentissage étaient considérés comme les voies de l'échec, alors que, dans le même temps, d'autres pays nous montraient qu'ils pouvaient être au contraire celles de la réussite. Ils apportent, en effet, une réponse simultanée au besoin de l'économie et au souhait du jeune. Ils intègrent, en outre, le savoir, c'est-à-dire la connaissance, le savoir-faire c'est-à-dire la compétence, et le savoir-être, c'est-à-dire le comportement. La crise économique et la montée du chômage ont montré les limites d'un système éducatif trop monolithique, souvent coupé des réalités du monde du travail. Depuis une quinzaine d'années, des mesures incitatives ont donc été prises pour relancer l'apprentissage. Les résultats ne se sont pas fait attendre. On comptait ainsi 370 000 jeunes en apprentissage au mois de septembre 1998, contre 220 000 en 1992, soit une croissance de près de 70 % en 6 ans. Cette envolée s'est en outre accompagnée d'une revalorisation notable de l'image de cette filière. Mais cette évolution remarquable est récente et encore fragile. Les effectifs d'apprentis atteignent à peine le quart des effectifs étudiants, alors qu'en Allemagne on comptait 1,5 million d'apprentis en 1990 : 45 % des 17-18 ans suivaient cette filière contre 38 % celle de l'enseignement général. L'effort devrait donc être poursuivi et approfondi. Or, le Gouvernement le remet en cause. Ainsi, l'article 131 de la loi de finances pour 1999 réserve le paiement de la prime de 6 000 francs à l'embauche aux apprentis détenant un faible niveau de qualification. Cette mesure est doublement néfaste pour l'apprentissage : elle en réduit l'attrait pour les entreprises et, en le concentrant sur les formations de faible niveau, elle nuit à son image. Le Gouvernement le reconnaît d'ailleurs implicitement puisqu'il a prévu de financer 230 000 nouveaux contrats en 1999, contre 240 000 en 1998, soit une baisse de 4,2 %. Cette mesure est source d'inquiétude pour l'avenir. Quelle politique entend suivre le Gouvernement en matière d'apprentissage ? Entend-il désormais s'en tenir au niveau de développement actuel ? Souhaite-t-il orienter différemment l'apprentissage ?

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La question est caduque

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