Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 18/12/1997

M. Emmanuel Hamel attire l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur l'information parue à la page 40 du quotidien Le Figaro du 20 novembre dernier sous le titre : " Les sans-domiciles fixes dans le piège de l'alcool " selon laquelle " plus de 80 % des sans-abri consomment de l'alcool, certains jusqu'à six litres par jour. Et les dispositifs de soins ne sont pas adoptés à leur cas. " Il lui demande quelle est sa réaction face à cette information et si, comme le préconisent les animateurs de l'association Vie Libre, auteurs de l'enquête ayant abouti aux chiffres mentionnés ci-dessus, elle envisage de prendre des mesures d'urgence pour mettre en place des structures spécifiques pour soigner l'alcoolisme des sans-abri.

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Réponse du ministère : Emploi publiée le 12/02/1998

Réponse. - L'étude réalisée par l'association Vie libre auprès de 266 personnes sans abri à Paris à la fin du premier semestre de 1997 a porté sur la place de l'alcool dans la vie quotidienne de ces personnes. Ces données, si elles ne sont pas nouvelles qualitativement, apportent des précisions quantitatives importantes. On sait que l'alcool intervient souvent comme un des facteurs qui participent, en la provoquant ou en l'accélérant, à la désinsertion et à l'exclusion des personnes en situation de précarité. L'alcool intervient également comme un recours utilisé par les personnes en grande difficulté sociale. L'enquête de Vie libre montre que la consommation d'alcool double après un an de vie dans la rue. Ce qui signifie, globalement, d'une part, que la consommation d'alcool était déjà très importante, avant l'errance sans abri, et qu'elle augmente de manière dramatique, compromettant alors, souvent, les possibilités de retour à une vie sociale à part entière. Parallèlement à l'augmentation de la précarité, le dispositif de lutte contre l'alcoolisme, financé par l'Etat, a vu, progressivement, se modifier la population qu'il suivait. Aujourd'hui, plus des 2/3 des consultants sont considérés comme alcoolodépendants et plus de la moitié sont en situation de précarité. Le rôle de ce dispositif, pour prévenir les risques liés à l'alcool d'une évolution qui fait passer de la précarité à l'exclusion, est donc très important. Afin de consolider ce dispositif ou faire une référence vis-à-vis de la prise en charge ambulatoire des personnes alcooliques, au sein de l'ensemble des dispositifs généraux, sanitaires et sociaux, un projet est à l'étude pour transformer les centres d'hygiènes alimentaire et d'alcoologie en structures médicosociales financées par l'assurance maladie. La prise en charge du problème alcool des plus démunis et des sans-abri en particulier doit être réalisée dans le cadre d'une prise en charge globale à la fois sanitaire et sociale. La priorité est ici de permettre aux personnes qui au niveau local sont au contact direct des sans-abri d'être réellement sensibilisées et formées à la question de l'alcool et de leur permettre de trouver des réponses adaptées. L'existence même de ces réponses passe par la mise en place de réseaux de soins alcoologiques, associant tous les moyens dont les CHAA, les établissements de soins, la médecine de ville, les dispositifs sociaux. La diminution de la consommation d'alcool des personnes sans-abri, voire pour certains une évolution vers une abstinence souhaitable, nécessite dans la durée un accompagnement sanitaire et un accompagnement social de la personne.

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