Question de M. DARNICHE Philippe (Vendée - NI) publiée le 07/08/1997

M. Philippe Darniche appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur la Conférence baleinière internationale qui se tiendra, en octobre 1997, à Monaco. En effet, le Japon continue de refuser la moindre restriction en termes de quotas, voire d'arrêt définitif, dans la pêche au requin et à la baleine. Il n'est pas inutile de rappeler ici que, chaque année, près de 100 millions de requins sont massacrés à des fins purement " dégustatives ", conformément à la technique de pêche dite de " finning ". Puisque les Japonais, et plus généralement les peuples maritimes d'Asie, ne consomment que l'aileron dorsal, le reste de l'animal est rejeté purement et simplement à la mer. Par ailleurs, le Japon continue de pêcher, chaque année, plus de 400 cétacés dans le " sanctuaire " international de l'Antarctique. Il lui demande donc son avis personnel à ce sujet et les mesures qu'il entend prendre pour défendre, au nom de notre pays, l'arrêt de la pêche au requin et à la baleine et préserver ainsi les deux espèces aquatiques, prédatrices ou non, en voie de disparition sur la surface du globe.

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Réponse du ministère : Agriculture publiée le 01/10/1998

Réponse. - Le comité scientifique de la commission baleinière internationale (CBI), dans son souci de disposer de données scientifiques les plus complètes non seulement sur l'état des stocks de cétacés mais également sur leur reproduction et tous les paramètres pemettant de comprendre leur cycle de vie, a amendé en 1986 la convention de 1946. Cet amendement (nouvel article VIII du texte de la Convention) prévoit la possibilité pour chaque partie contractante d'allouer des permis de pêche spéciaux à ses nationaux pour mener une pêche scientifique dans la limite de quotas fixés par nombre d'unité. C'est en utilisant cette possibilité de chasse scientifique que le Japon s'est engagé dans un programme de captures dont les objectifs sont également commerciaux puisque la viande est vendue pour la consommation. D'une manière générale, le Japon conteste la validité des décisions de protection prises par la commission baleinière en arguant que celle-ci a été créée à l'origine pour gérer l'exploitation d'une ressource. La France défend au sein de la commission baleinière le principe d'une stricte protection des cétacés, en soutenant le moratoire en vigueur sur la pêche commerciale. Elle a été à l'origine du " sanctuaire austral ", dont l'objectif est de faciliter la survie des espèces les plus menacées et s'est prononcée contre la pratique des pêches dites scientifiques. S'agissant de la pêche aux requins, ces espèces ne sont pas gérées par la CBI ni aucune autre commission internationale ou régionale de pêche. Elles font aujourd'hui l'objet de quelques pêcheries commerciales au niveau international. Un certain nombre de pêcheries d'autres espèces sont également à l'origine de captures accessoires de requins. Afin d'expertiser les risques de ces captures sur les populations de requins, un groupe de travail a été créé par l'organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (OAA). L'exemple de l'OAA ne devrait pas manquer d'être repris par d'autres organes de gestion des pêcheries, en particulier les commissions régionales de pêche qui gèrent directement les stocks auxquels peuvent être associées certaines espèces de requins. La France participe activement à ces instances dans un souci de préservation des ressources halieutiques et, partageant vos préoccupations, je veille à ce que les représentants français les expriment avec force. Néanmoins, les scientifiques comme les gestionnaires s'accordent pour reconnaître qu'il faudra encore de nombreuses années d'études et de recherches pour disposer de connaissances approfondies sur les différentes espèces de requins.

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