Question de M. HUSSON Roger (Moselle - RPR) publiée le 10/07/1997

M. Roger Husson appelle l'attention de M. le secrétaire d'Etat aux anciens combattants sur la revendication exprimée par la FNACA de voir l'officialisation de la date du 19 mars pour célébrer la fin des combats en Algérie. En effet, cette fédération, dont l'assise politique est bien connue, fait pression depuis longtemps sur le Gouvernement pour que cette date soit celle de la commémoration de la paix en Algérie. De plus, et souvent par ignorance, des personnalités politiques et des représentants de l'Etat prêtent leur concours, ce jour-là, à des cérémonies non officielles. Or il lui rappelle que, du 19 mars au 3 juillet 1962, date officielle d'accession à l'indépendance de l'Algérie et de transfert au nouvel Etat de la responsabilité du maintien de l'ordre, plus de 300 soldats français de souche, plus de 70 000 supplétifs et plus de 2 000 civils ont encore été tués ou massacrés ou ont disparu. Il lui demande donc de bien vouloir lui faire connaître son avis sur ce point et, dans l'hypothèse où le 19 mars serait officialisé, de lui préciser s'il envisageait de retirer aux défenseurs du 19 mars, ayant servi en Algérie après cette date, leur carte d'anciens combattants, à laquelle ils n'auraient plus droit puisque leur fédération estime que la guerre d'Algérie s'est terminée le 19 mars 1962.

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Réponse du ministère : Anciens combattants publiée le 11/12/1997

Réponse. - Les accords d'Evian, négociés sous la présidence du général de Gaulle et approuvés par le peuple français le 8 avril, ont fixé au 19 mars 1962, la date du cessez-le-feu en Algérie. A ce titre, la date du 19 mars pourrait bien constituer la date commémorative de la fin du conflit algérien. Les choses ne sont pourtant pas aussi simples car pour beaucoup de nos compatriotes, rapatriés ou harkis, cette date, parce qu'elle rappelle des événements douloureux, reste controversée. Il ne s'agit donc pas d'opposer la douleur des uns aux sacrifices des autres mais de replacer la réponse à la question posée dans son contexte historique. Pour le secrétaire d'Etat aux anciens combattants, une date nationale commémorative doit rassembler tous les citoyens dans une même communauté du souvenir partagé et accepté. C'est pourquoi, même si la date du 19 mars est conforme à l'Histoire, par respect pour la douleur encore ressentie aujourd'hui il est préférable de ne pas la sanctuariser aujourd'hui comme unique date de commémoration. Par contre, nous devons tous agir pour que la guerre d'Algérie fasse réellement partie de notre histoire et que nous acceptions de regarder en face cette période de notre vie nationale. L'exigence de vérité est inhérente aux valeurs de la République. Par respect pour la mémoire de nos soldats qui ont répondu à l'appel de la nation, qui ont combattu et qui trop souvent hélas sont morts, nous avons un devoir de reconnaissance et de mémoire.

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