Question de Mme BORVO COHEN-SEAT Nicole (Paris - CRC) publiée le 03/07/1997

Mme Nicole Borvo attire l'attention de Mme le ministre de la culture et de la communication sur le projet de création d'un musée des civilisations et des arts premiers qui entraînerait la disparition du musée de l'Homme actuellement installé au palais de Chaillot et du même coup le démantèlement du Muséum national d'histoire naturelle, dont le musée de l'Homme fait partie. La commission arts premiers prévoit le rattachement de l'un des trois laboratoires du musée de l'Homme, celui d'ethnologie, au ministère de la culture. Cela le détournerait de sa vocation scientifique, réduisant les objets à leur seule dimension esthétique. Elle prévoit également des collections ethnographiques du musée de l'Homme et celles du musée des Arts d'Afrique et d'Océanie au Trocadéro. La mise en oeuvre de ce projet dissocierait l'ethnologie du reste, ce qui reviendrait à couper l'homme de la nature, alors même que l'existence du Muséum repose sur ce lien. Le conseil d'administration et le conseil scientifique du Muséum ont adopté deux motions condamnant ce démantèlement. Un comité de défense du musée de l'Homme a déjà recueilli de très nombreuses adhésions. L'intégrité du Muséum national d'histoire naturelle doit être préservée. Cet établissement unique au monde et placé sous l'autorité du ministère de l'éducation nationale tire son originalité du fait qu'il associe trois missions : conservation, recherche, enseignement et diffusion des connaissances. Le Muséum intégrant le musée de l'Homme constitue un pôle de référence dans les disciplines qui y sont développées. Il reçoit à ce titre de nombreux groupes scolaires. Des spécialistes du monde entier trouvent dans ses laboratoires, associés à des collections scientifiques, un lieu unique de recherche et d'échange. Pour toutes ces raisons, elle lui demande ce qu'elle compte faire pour annuler le projet contenu dans le rapport Friedman, afin d'arrêter la destruction d'un outil utile pour le pays et pour les populations et, en premier lieu, celles de Paris et de ses environs.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 21/08/1997

Réponse. - Le projet du musée de l'Homme, des Arts et des Civilisations, dont le principe a été retenu à la suite du rapport remis à M. le Président de la République par la commission présidée par M. Jacques Friedmann, est entré au début de cette année dans une phase nouvelle, caractérisée par la mise en place d'une association de préfiguration et d'un conseil scientifique. L'association de préfiguration, qui s'est réunie pour la première fois le 28 février 1997, a pour membres fondateurs, autour du président M. Jacques Friedmann, Mme Françoise Cachin, directeur des musées de France et M. Bernard Dizambourg, directeur de l'information scientifique, des technologies nouvelles et des bibliothèques au ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Les membres de droit sont le ministre de la culture, le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, le ministre de l'économie, des finances et du budget, et le ministre de la défense. M. Germain Viatte, conservateur général du patrimoine, ancien directeur des musées de Marseille, ancien chef de l'inspection générale des musées de France, et précédemment directeur du Musée national d'art moderne - centre de création industrielle, a été nommé directeur du projet muséologique. La mission de préfiguration doit définir dans les mois à venir avec tous les partenaires concernés un nouveau concept de musée permettant, comme le souhaite le Président de la République, de donner aux arts d'Afrique, des Amériques, d'Océanie et d'Insulinde leur juste place dans les institutions muséologiques de la France. Sur la base des recommandations de la " commission des arts premiers " une réflexion approfondie s'engage, qui prendra en compte la vocation des institutions existantes et qui s'appuiera sur les compétences d'un conseil scientifique réunissant des experts, anthropologues, ethnologues et historiens de l'art de ces civilisations, hommes de culture, dont la diversité d'origine permet de garantir que la vocation scientifique des différentes composantes de l'actuel musée de l'Homme sera prise en compte. Les personnalités appelées à constituer ce conseil scientifique, qui doit se réunir très prochainement, sont en effet MM. Simha Arom, ethnomusicologue, professeur à Paris I et à l'EHESS ; Jean-Paul Barbier, collectionneur et directeur du musée Barbier-Mueller ; Ezio Bassani, africaniste, historien d'art, professeur à l'université internationale de l'art à Florence ; Claude-François Badez, ethnoarchéologue, américaniste, professeur à l'EHESS ; Georg Baselitz, artiste et collectionneur ; Georges Didi-Huberman, professeur d'anthropologie du visuel à l'EHESS ; Mme Christiane Falgayrette, directeur de la fondation Dapper ; MM. Claude Hagège, linguiste, professeur au Collège de France ; Jean Jamin, ethnohistorien, professeur à l'EHESS ; Michel Laclotte, président de la mission pour l'Institut national d'histoire de l'art ; Jacques Le Goff, historien et président du conseil scientifique de l'Ecole nationale du patrimoine, professeur à l'EHESS ; Claude Levi-Strauss, de l'Académie française, anthropologue ; Jean-Pierre Mohen, préhistorien, directeur du laboratoire de recherches des musées de France ; Youssouf Tatacisse, historien, ethnologue chargé de recherches au CNRS ; Edouardo Mattos Moctezuma, directeur du musée du Templo Mayor à Mexico, ainsi que les membres de droit : Michel Colardelle, directeur du musée des Arts et Traditions populaires ; Jean-François Jarrige, de l'Institut, directeur du musée Guimet ; Jacques Kerchache, collectionneur et expert ; Henri de Lumley, directeur du Muséum d'histoire naturelle et du musée de l'Homme ; Jean-Hubert Martin, directeur du musée des Arts africains et océaniens ; Pierre Rosenberg, de l'Académie française, président-directeur de l'établissement public du musée du Louvre ; Germain Viatte, directeur du projet muséologique du musée de l'Homme, des Arts et des Civilisations. Plutôt que de désorganiser le musée de l'Homme, ce projet vise à renforcer certaines fonctions (conservation, recherches, expositions, acquisitions) et à développer la connaissance et la diffusion des oeuvres, ainsi que des documents ethnographiques assemblés tout au long de son histoire, en les portant à la connaissance du plus large public. Il prendra également en compte l'expérience et les acquis patrimoniaux du musée des Arts africains et océaniens. Comme l'a déclaré le Président de la République, il aura une " double dimension artistique et scientifique " et devra encourager la recherche, en partager les enjeux avec un très large public, développer les instruments de connaissance, développer une muséographie qui mette clairement en évidence les multiples dimensions de ces civilisations et la qualité artistique de leurs réalisations. Il bénéficiera de structures administratives permettant de doter le musée des moyens qui lui sont nécessaires et qui font aujourd'hui cruellement défaut aux institutions existantes, et de développer ses différentes missions en facilitant l'enrichissement des collections et la coopération internationale. Loin de constituer un mouvement de retrait ou un démantèlement, ce projet s'inscrit donc fortement dans le renouveau des grandes institutions culturelles de la France. ; directeur du musée Guimet ; Jacques Kerchache, collectionneur et expert ; Henri de Lumley, directeur du Muséum d'histoire naturelle et du musée de l'Homme ; Jean-Hubert Martin, directeur du musée des Arts africains et océaniens ; Pierre Rosenberg, de l'Académie française, président-directeur de l'établissement public du musée du Louvre ; Germain Viatte, directeur du projet muséologique du musée de l'Homme, des Arts et des Civilisations. Plutôt que de désorganiser le musée de l'Homme, ce projet vise à renforcer certaines fonctions (conservation, recherches, expositions, acquisitions) et à développer la connaissance et la diffusion des oeuvres, ainsi que des documents ethnographiques assemblés tout au long de son histoire, en les portant à la connaissance du plus large public. Il prendra également en compte l'expérience et les acquis patrimoniaux du musée des Arts africains et océaniens. Comme l'a déclaré le Président de la République, il aura une " double dimension artistique et scientifique " et devra encourager la recherche, en partager les enjeux avec un très large public, développer les instruments de connaissance, développer une muséographie qui mette clairement en évidence les multiples dimensions de ces civilisations et la qualité artistique de leurs réalisations. Il bénéficiera de structures administratives permettant de doter le musée des moyens qui lui sont nécessaires et qui font aujourd'hui cruellement défaut aux institutions existantes, et de développer ses différentes missions en facilitant l'enrichissement des collections et la coopération internationale. Loin de constituer un mouvement de retrait ou un démantèlement, ce projet s'inscrit donc fortement dans le renouveau des grandes institutions culturelles de la France.

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