Question de M. MERCIER Michel (Rhône - UC) publiée le 17/10/1996

M. Michel Mercier attire l'attention de M. le ministre de l'aménagement du territoire, de la ville et de l'intégration sur les décisions prises par les architectes des bâtiments de France, allant à l'encontre des souhaits exprimés par les municipalités. Les propriétaires de maisons individuelles ou de terrains situés dans les périmètres protégés, au titre des monuments historiques, rencontrent des difficultés, lors du contrôle des dossiers de travaux de construction ou de restauration par les responsables du service départemental de l'architecture. Dans le pays Beaujolais, par exemple, priorité était donnée à la mise en valeur des pierres jaunes, lors des restaurations de façades, pour protéger le site des Pierres Dorées. Ce choix est remis en question, le rejointement des façades est interdit et le crépissage imposé. Afin que nos régions puissent conserver leur authenticité, il lui demande quelles dispositions il compte adopter, afin que les décisions prises par les maires, dans ce domaine, soient respectées.

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Transmise au ministère : Culture


Réponse du ministère : Aménagement du territoire publiée le 06/02/1997

Réponse. - Les architectes des bâtiments de France ont plus particulièrement pour mission la conservation de la mise en valeur du patrimoine et des paysages naturels protégés, en application de lois spécifiques de protection. La qualité et la pertinence de ces missions sont garanties par des formations spécifiques et des connaissances professionnelles d'une grande rigueur scientifique et historique, seules garantes de l'authenticité et de la qualité des restaurations immobilières que conduisent les architectes des bâtiments de France, ou pour lesquelles ils sont amenés à donner leurs avis. Ces missions et ces prescriptions en matière de restauration de bâtiments se situent quelquefois en contraction avec les pratiques ou les usages adoptés de bonne foi par les habitants. C'est particulièrement le cas pour le patrimoine vernaculaire du Pays des Pierres Dorées, en Beaujolais, pour lequel l'honorable parlementaire fait état de tensions s'exprimant entre l'architecte des bâtiments de France et les propriétaires de biens immobiliers anciens à restaurer, qui souhaitent faire apparaître les pierres des façades. Le patrimoine vernaculaire du Pays des Pierres Dorées est d'un intérêt et d'une valeur historique, architecturale et paysagère remarquables. La protection de nombreux monuments permet la sauvegarde de la mise en valeur des villages du secteur. L'habitat traditionnel de ce secteur proche de Lyon et Villefranche est construit en grande majorité en petits moellons de pierre simplement équarris, hourdés à la chaux et destinés à être enduits. Les façades réalisées en pierre de taille appareillées sont donc très rares dans la région même à Lyon ou à Villefranche où la tradition des enduits est l'une des caractéristiques (le Vieux-Lyon est l'un des meilleurs exemples). Seuls les arcs des rez-de-chaussée, piliers, encadrements de baies sont en général en pierre de taille. Les connaissances historiques (les textes d'archives depuis le XVIe siècle, les études archéologiques photos anciennes, traces encore visibles d'enduits partiels très anciens) se sont développées et enrichies depuis plusieurs décennies comme partout en France et confirment que la maçonnerie des façades de la région lyonnaise étaient le plus souvent enduites ou destinées à l'être. Ces façades étaient traditionnellement enduites à la chaux et au sable local dans les tonalités du sable ocré, autant par nécessité technique pour assurer la bonne conservation de ces pierres calcaires fragiles à l'humidité et au gel, que par un souci de qualité, de recherche de décor et d'affirmation de son image. Ce principe général n'exclut évidemment pas les maçonneries de pierres apparentes des bâtiments agricoles, dépendances, murs simplement hourdés à la chaux ; ils méritent d'être laissés en l'état ou rejointoyés au mortier de chaux à pierres vues. Il apparaît cependant que ces orientations aussi objectives et historiques qu'elles soient, sont encore mal comprises par certains acteurs locaux attachés à conférer à la pierre " dorée " une valeur faussement essentielle du patrimoine architectural local. L'architecte des bâtiments de France et ses collaborateurs se sont efforcés, dans ce secteur du pays du Beaujolais, de mieux informer les partenaires et les pétitionnaires, en organisant plusieurs visites et réunions sur place. Pour renforcer cette pratique pédagogique et travailler en toute concertation avec le public et les élus locaux, il a été prévu de programmer en 1997 une étude développant la valorisation des techniques traditionnelles de restauration dans ce terroir. Cette étude s'appuyant, bien entendu, sur l'analyse de l'habitat ancien des Pierres Dorées devrait aboutir notamment à une formation des artisans locaux à ces techniques. Ainsi, loin de dénaturer le débat local sur cet important sujet de patrimoine et de fausser l'authenticité des restaurations entreprises, ainsi que le redoute l'honorable parlementaire, tous les moyens sont-ils au contraire mis en oeuvre pour garantir, avec les efforts de tous, une protection plus réfléchie et plus durable de ce pays remarquable. ; restauration dans ce terroir. Cette étude s'appuyant, bien entendu, sur l'analyse de l'habitat ancien des Pierres Dorées devrait aboutir notamment à une formation des artisans locaux à ces techniques. Ainsi, loin de dénaturer le débat local sur cet important sujet de patrimoine et de fausser l'authenticité des restaurations entreprises, ainsi que le redoute l'honorable parlementaire, tous les moyens sont-ils au contraire mis en oeuvre pour garantir, avec les efforts de tous, une protection plus réfléchie et plus durable de ce pays remarquable.

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