Question de M. TRÉGOUËT René (Rhône - RPR) publiée le 22/08/1996

M. René Trégouët appelle l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la santé et à la sécurité sociale sur la nécessité de développer la prévention de l'alcoolisme chez les jeunes. Une récente étude de l'association nationale de prévention de l'alcoolisme montre en effet que 40 p. 100 des 11-19 ans déclarent boire de l'alcool occasionnellement et de 12 p. 100 régulièrement. Une autre enquête du comité français d'éducation pour la santé montre qu'à 12 ans, 10 p. 100 des jeunes ont déjà bu un alcool fort dans la semaine. Une telle évolution est très préoccupante car ce développement d'un alcoolisme précoce ne peut avoir que des conséquences néfastes en matière de santé publique, mais aussi d'échec scolaire, d'accident de la circulation et de comportements agressifs. Il lui demande donc quelles sont les mesures qu'entend prendre le Gouvernement pour combattre et prévenir rigoureusement le développement de cet alcoolisme précoce, dont le coût humain et social est inacceptable, et qui hypothèque gravement l'avenir d'une partie de notre jeunesse.

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Réponse du ministère : Santé publiée le 20/02/1997

Réponse. - L'accroissement de consommation d'alcool par les jeunes constitue un phénomène particulièrement préoccupant que l'on observe aujourd'hui parmi les différents usages de ce produit dans la population. Cette consommation se caractérise à la fois par une recherche d'ivresse qui, d'après les données dont on dispose dans ce domaine, semble augmenter parmi les jeunes et en particulier les adolescents, et d'autre part par un usage plus continu chez certains adolescents. Alcools forts et bière apparaissent les produits les plus recherchés par les jeunes, les premiers permettant d'accéder plus rapidement à l'ivresse, les seconds en particulier avec certaines bières à très fort taux d'alcool, pour leur accessibilité plus grande et leur coût plus faible. Le Gouvernement est particulièrement alerté sur ce phénomène et plusieurs mesures sont prises pour en modifier l'évolution. Tout d'abord le prix de certains produits va être augmenté de manière significative pour en diminuer le pouvoir attractif et signifier qu'il s'agit de produits qui ne sont pas inoffensifs. L'attention a également été attirée sur le danger constitué par de nouveaux produits, appelés habituellement " Prémix ", qui laissent croire parfois qu'il s'agit de boissons ordinaires, rafraîchissantes, alors qu'il s'agit de boissons alcoolisées destinées à un public jeune. Il est nécessaire que ces produits informent explicitement le consommateur sur leur nature de boisson alcoolisée et soient vendus séparément des sodas et des jus de fruit. Les campagnes de prévention nationale sur l'alcool, réalisées par le Comité français d'éducation pour la santé et financées par le Fonds national de prévention de la Caisse nationale d'assurance maladie sont depuis plusieurs années particulièrement destinées à toucher le public des jeunes, en communiquant sur le caractère trompeur de l'alcool et en particulier sur les effets illusoires procurés par l'ivresse. Mais c'est surtout au contact direct des jeunes que la prévention de la consommation nocive d'alcool et des conduites à risque en général pourra être le plus efficace. Les comités départementaux de prévention de l'alcoolisme, les comités départementaux d'éducation pour la santé et les autres acteurs de prévention, spécialisée ou non, interviennent principalement en direction de ces publics, souvent dès les classes primaires, mais aussi au niveau des lycées. Dans le cadre des conférences régionales de santé, l'alcool a été dans la majorité des cas identifié comme un déterminant de santé prioritaire et plusieurs régions ont choisi comme thème d'action prioritaire la lutte contre les méfaits de l'alcool. C'est dans ce cadre que des actions de prévention mobilisant l'ensemble des acteurs concernés au niveau local pourront prendre toute leur efficacité et que les moyens disponibles pourront être le mieux utilisés.

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