Question de Mme BIDARD-REYDET Danielle (Seine-Saint-Denis - CRC) publiée le 21/06/1996

Question posée en séance publique le 20/06/1996

M. le président. La parole est à Mme Bidard-Reydet.
Mme Danielle Bidard-Reydet. Avant d'en venir à ma question, je tiens à évoquer l'attentat, destiné à tuer, dont le
maire communiste de Sartène a été victime cette nuit.
En mon nom propre, au nom du groupe communiste républicain et citoyen ainsi que - j'espère pouvoir le dire - au nom du
Sénat tout entier, je veux apporter notre témoignage de solidarité à Dominique Bucchini et dire notre condamnation de
tels actes.
M. Guy Penne. Très bien !
Mme Danielle Bidard-Reydet. Nous exigeons du Gouvernement qu'il mette tout en oeuvre pour que soient
immédiatement recherchés et arrêtés les criminels qui ont perpétré cet attentat. (Applaudissements sur les travées du
groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur les travées socialistes et sur certaines travées du RPR et
des Républicains et Indépendants.)
J'en viens maintenant à ma question d'actualité.
Le cancer du sein est responsable, chaque année, de la mort de 200 000 femmes dans le monde, dont 10 000 femmes en
France.
La qualité et la continuité des efforts de la recherche médicale dans ce domaine sont déterminantes pour combattre ce
fléau.
La décision de Roussel-UCLAF d'abandonner les recherches sur une molécule identifiée par les chercheurs comme
pouvant présenter une efficacité supérieure aux produits actuels dans le traitement de cette maladie suscite un grand émoi.
La raison invoquée par le groupe germano-franco-américain Hoechst-Marion-Roussel relève de la stricte logique
financière. Il concentre en effet son activité sur quelques médicaments, les plus rentables, détruit des équipes de recherche
de haut niveau scientifique, organise la suppression de 8 000 postes, sur 42 000 salariés, pour atteindre un taux de
rentabilité de 20 p. 100 de son chiffre d'affaires, et envisage sa cotation sur le marché boursier.
Dans une grande unité, la quasi-totalité des personnels de Roussel-UCLAF conteste ces orientations. Il y a quelques
heures, une nouvelle manifestation les réunissait, à Romainville, pour avancer des propositions. Refusant d'adopter
l'argumentation unilatérale de leur direction, ils souhaitent un large débat contradictoire sur une chaîne publique de
télévision.
Dans la réponse à une question d'un député communiste, vous vous êtes reconnu concerné par ce problème et vous avez
mis l'accent sur la nécessaire préservation de la recherche-développement dans l'industrie pharmaceutique française.
Avec les salariés de l'entreprise, les chercheurs, les médecins, les malades et l'ensemble des femmes, nous ne pouvons
nous contenter de simples déclarations : il faut des engagements concrets.
Comment comptez-vous obtenir de cette multinationale pharmaceutique privée, qui reçoit des fonds publics français, que
ses choix ne reposent pas seulement sur des critères financiers mais intègrent pleinement les besoins de la santé publique ?
(Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur quelques travées
socialistes.)

- page 4057


Réponse du ministère : Santé publiée le 21/06/1996

Réponse apportée en séance publique le 20/06/1996

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat à la santé et à la sécurité sociale. Monsieur le président, mesdames,
messieurs les sénateurs, je voudrais d'abord indiquer que le Gouvernement, unanime, condamne l'attentat auquel Mme
Bidard-Reydet a fait allusion et ressent la même émotion.
S'agissant de votre question, madame le sénateur, il est clair que la lutte contre le cancer sous toutes ses formes est un
combat de tous les instants et que c'est une priorité de santé publique du Gouvernement.
Cela étant dit, la présentation que vous faites de la recherche médicale est un peu partielle.
Mme Danielle Bidard-Reydet. Je n'avais que deux minutes !
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. La recherche médicale consiste en fait à « cribler » des molécules en fonction
d'objectifs thérapeutiques. Après un certain nombre d'années, cela aboutit, le cas échéant, à des médicaments.
Ainsi, lorsque la recherche est simplement engagée, on ne peut pas dire qu'il y aura à coup sûr un nouveau médicament. Il
faut, à l'évidence, que soient menés préalablement des études toxicologiques et des essais thérapeutiques, qui permettront
éventuellement de déterminer qu'il y a promesse d'un médicament efficace.
Mme Danielle Bidard-Reydet. Encore faut-il les mener, ces recherches et ces études !
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. En ce qui concerne la molécule à laquelle vous faites plus précisément allusion,
en l'état de mes informations, elle n'a jamais été administrée à l'homme et les études toxicologiques ne sont pas terminées.
Il n'est donc pas possible, aujourd'hui, de prédire une postérité thérapeutique à cette molécule.
Pour le reste, la politique du Gouvernement en matière de recherche pharmaceutique et d'industrie du médicament
consiste, bien entendu, à mettre en oeuvre un cadre favorable aux progrès thérapeutiques et à préserver notre capacité de
recherche et de développement. C'est tout le sens des conventions qui ont été légalisées dans le cadre du DMOSS voté
ici même voilà quelques semaines. Il s'agit de disposer d'une industrie pharmaceutique dynamique et innovante, au
bénéfice de la santé des Français. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de
l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

- page 4057

Page mise à jour le