Question de M. RINCHET Roger (Savoie - SOC) publiée le 28/03/1996

M. Roger Rinchet attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la baisse progressive du nombre d'élèves français souhaitant apprendre l'allemand au profit exclusif de l'apprentissage de l'anglais. Cette situation semble résulter de l'idée aujourd'hui largement répandue dans notre pays que la pratique de l'anglais suffit à elle seule pour communiquer en Europe et dans le monde. Or, cette conception de l'Europe des langues est tout à fait contraire à la diversité des pays composant l'Union européenne, fondée sur la richesse de ses langues et de ses cultures. Par ailleurs, l'apprentissage des langues telles que l'allemand, mais aussi l'italien et l'espagnol apparaît comme un outil indispensable pour tisser, notamment dans les régions frontalières, des liens économiques et commerciaux. Il lui demande en conséquence de bien vouloir lui indiquer les moyens qu'il compte mettre oeuvre pour promouvoir dès l'école primaire une vraie politique de langues et favoriser ainsi l'apprentissage de l'allemand.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 30/05/1996

Réponse. - Dans le cadre du nouveau contrat pour l'école, la rentrée 1995 a vu la mise en place d'une expérimentation visant à initier les élèves de CE 1 à une langue vivante. A partir de séances quotidiennes, brèves, prenant appui sur des méthodes audiovisuelles, l'élève découvre une langue vivante, ce qui lui permet d'aborder avec plus de facilité les apprentissages proposés au cycle des approfondissements. Six langues sont proposées : anglais, allemand, arabe, espagnol, italien et portugais. Cette diversité témoigne du souci de ne pas favoriser la prééminence de l'anglais. Ainsi l'allemand a-t-il été choisi par 11,7 p. 100 des enseignants, ce qui place cette langue au second rang. Les maîtres du premier degré ont normalement vocation à assurer cet enseignement ; pour la première année, l'expérimentation est conduite avec les enseignants volontaires, les inspecteurs d'académie veillant à ce que soit prise en compte, dans l'intérêt des élèves, la possibilité de poursuivre, au-delà de l'année scolaire 1995-1996, l'enseignement de la langue choisie. Pour aider les maîtres dans cette tâche nouvelle, le ministre a demandé au Centre national de documentation pédagogique de concevoir et de réaliser vingt mille coffrets de vidéocassettes en anglais, allemand, espagnol, italien. Ces vidéocassettes, intitulées CE 1 sans frontière, ont été diffusées gratuitement dans les classes participant à l'opération en 1995-1996. Le CNDP prépare pour la rentrée prochaine une série destinée au CE 2 qui profitera de l'expérience acquise cette année. C'est dans le respect du principe de la polyvalence des maîtres que cette innovation pédagogique sera progressivement étendue au cycle des approfondissements. Au cours moyen se poursuit l'enseignement d'initiation aux langues étrangères (EILE) mis en place ces dernières années, dans les mêmes conditions qu'antérieurement. L'EILE est assuré par des enseignants du premier et second degré, des intervenants extérieurs rémunérés par les collectivités locales et agréés par l'inspection académique, des assistants ou instituteurs étrangers. Cet enseignement propose les mêmes langues qu'au cours élémentaire, auxquelles s'ajoute le russe. Il est mis en place localement, en fonction du choix de langues offert par le collège du secteur. La continuité avec l'enseignement secondaire est ainsi garantie. Au sein de ce dispositif, l'allemand représente 22,6 p. 100. La formation continue des maîtres est assurée dans le cadre des plans départementaux de formation, dont le pilotage est assuré par les inspections académiques. Des séances sont organisées afin d'initier les maîtres à l'utilisation des supports pédagogiques qui leur sont proposés. S'agissant de la formation initiale, les instituts universitaires de formation des maîtres sont tous engagés dans le développement des enseignements linguistiques. Cinq d'entre eux (Dijon, Lille, Nantes, Poitiers, Strasbourg) ont rendu obligatoire une centaine d'heures d'enseignement de langue, réparties sur les deux années de formation. Un groupe national d'experts est chargé d'évaluer la mise en place du dispositif d'initiation aux langues vivantes au CE 1. Ce groupe remettra un rapport d'étape en mai 1996. Ses conclusions permettront de définir les modalités de généralisation progressive de l'opération.

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