Question de M. BARBIER Bernard (Côte-d'Or - RI) publiée le 04/01/1996

M. Bernard Barbier attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur " la disparition " d'un jeune enfant tibétain de six ans, reconnu comme étant le panchen lama et sur les atteintes de plus en plus graves au droit du peuple tibétain à disposer de lui-même, y compris dans le libre exercice de sa culture et de sa religion. En effet, au terme des rituels religieux traditionnels du bouddhisme tibétain, sa sainteté le dalai lama avait reconnu en mai dernier, le jeune enfant Gendhum Choekyi Nyima comme étant le successeur du Xe panchen lama, seconde autorité spirituelle du Tibet, décédé en 1989. L'enfant et sa famille avaient alors aussitôt disparu, tandis que les autorités chinoises mettaient en oeuvre une procédure de désignation d'un autre candidat. Le 29 novembre dernier, un deuxième enfant de six ans a été désigné par les Chinois Xe panchen lama. On peut penser que la communauté tibétaine dans son entier ne pourra jamais accepter sincèrement le candidat des Chinois. Ainsi, au-delà de l'intervention de l'Etat chinois dans une procédure purement spirituelle, c'est tout l'avenir politique du Tibet qui est en jeu. Comme il le sait sans doute, au nom des 200 députés et sénateurs qui les composent, le groupe d'études parlementaire sur les problèmes du Tibet de l'Assemblée nationale et l'Association des amitiés parlementaires pour le Tibet du Sénat ont décidé de parrainer l'enfant Gendhum Choekyi Nyima qui est devenu de facto le plus jeune " prisonnier politique " du monde. Des appels ont été adressés en conséquence aux plus hautes autorités de la République populaire de Chine afin que la sécurité et la liberté de mouvement de cet enfant et de sa famille soient garanties. Il lui rappelle qu'il avait déjà été saisi de la disparition de cet enfant il y a plusieurs mois par la question écrite no 11946 parue au Journal officiel (débats parlementaires du Sénat) du 24 août 1995. En conséquence, sans qu'il s'agisse de prendre partie dans un processus exclusivement religieux, il lui demande de bien vouloir lui faire connaître les actions que le Gouvernement français pourrait néanmoins entreprendre auprès des autorités chinoises et des instances internationales compétentes, afin que la sécurité et la liberté de l'enfant Gendhum Choekyi Nyima et de sa famille soient assurées et que le peuple tibétain puisse bénéficier enfin du respect de ses droits fondamentaux et de la liberté religieuse.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 08/02/1996

Réponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu attirer l'attention du ministre sur la situation de Gedhun Choekyi Nyima, que le Dalaï-Lama avait reconnu en mai dernier comme le successeur du Xe Panchen-Lama. Il a été pris bonne note de la décision de parrainage de ce jeune garçon tibétain, par le groupe d'études parlementaires sur les problèmes du Tibet et l'association des amitiés parlementaires pour le Tibet du Sénat. La France suit avec attention la situation des droits de l'homme partout dans le monde, y compris au Tibet. La France agit également en concertation avec ses partenaires de l'Union européenne. Dans le cadre d'un dialogue spécifique sur les droits de l'homme que l'Union européenne entretient avec la Chine, le problème du Tibet sera abordé lors d'une rencontre qui se tiendra à la fin du mois de janvier à Pékin. Cette intervention du pouvoir politique chinois dans le processus de sélection de la deuxième autorité religieuse tibétaine figure parmi les préoccupations européennes, de même que le sort des moines bouddhistes arrêtés illégalement. La France souhaite que s'établisse un dialogue constructif entre les autorités chinoises et le Dalaï-Lama, chef spirituel des Tibétains et prix Nobel de la paix, internationalement reconnu comme un interlocuteur pacifique et modéré.

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