Question de M. MÉLENCHON Jean-Luc (Essonne - SOC) publiée le 27/10/1994

M. Jean-Luc Mélenchon attire l'attention de M. le ministre de l'industrie, des postes et télécommunications et du commerce extérieur sur la situation délicate de la Compagnie générale de géophysique (CGG). Cette entreprise française, filiale de Elf et Total, est spécialisée dans la prospection pétrolière et détient 15 p. 100 du marché mondial. La CGG intervient dans un secteur hautement concurrentiel, en amont de la " chaîne " de la production pétrolière. Elle est utilisatrice d'une main-d'oeuvre très qualifiée. Pour la troisième fois de son histoire, elle connaît un plan social, menaçant plus de 200 emplois, sur les 1 700 que possède l'entreprise, sur tous ses établissements. Ce sont les deux établissements de Massy, dont le siège social, qui sont au premier plan concernés. Malheureusement, elle subit de plein fouet la crise du secteur pétrolier et la concurrence très rude (parfois déloyale, avec notamment une politique de dumping sur les prix de la part des entreprises américaines et des transnationales). Si, ainsi qu'on peut le penser au regard de la restructuration engagée par Elf et Total, il est décidé de mettre fin à l'existence d'une filière française dans ce secteur, c'est un pan supplémentaire de notre industrie qui tombe. Cette position semble incompatible avec la volonté affichée d'une Europe forte. Lorsqu'il s'agit d'un intérêt national qui est en jeu, il lui demande si on ne peut envisager des solutions particulières. Bull a bénéficié d'aides acceptées par la Communauté européenne. Il lui demande d'intervenir auprès du Conseil de l'Europe et des organismes mondiaux, comme la Banque mondiale, pour qu'une aide (sous forme de contrats notamment) soit accordée à ce fleuron de notre industrie nationale.

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Réponse du ministère : Industrie publiée le 29/12/1994

Réponse. - La Compagnie générale de géophysique (CGG) connaît depuis 1993 une réduction importante de son activité. La faiblesse des cours du pétrole a conduit les compagnies pétrolières à restreindre leurs dépenses d'exploration, domaine sur lequel la CGG réalise la quasi-totalité de son chiffre d'affaires. A l'instar de ses concurrents, la CGG doit donc faire face à une réduction importante du marché de la géophysique qui s'est manifestée par une diminution des volumes mais également par une chute des niveaux de prix. Après avoir enregistré des pertes significatives en 1993 et au premier semestre 1994, la CGG a décidé d'engager un programme de restructuration afin d'adapter ses moyens au marché mondial. Il est évidemment regrattable que cette restructuration passe par une réduction sensible des effectifs. Il convient cependant de souligner que les marchés de la CGG se situent presque tous à l'étranger, dans un contexte hautement concurrentiel et que cette société est confrontée à des concurrents anglo-saxons généralement plus diversifiés et qui ont eux-mêmes fait, ces dernières années, un important effort de restructuration. Les organismes internationaux, comme la Banque mondiale, peuvent être amenés, dans le cadre de certaines études, à financer des opérations faisant appel à des sociétés de prospection pétrolière. Il faut cependant savoir que ces opérations s'accompagnent de procédures d'appels d'offres qu'il est difficile d'influencer au niveau national. Par ailleurs, il est clair que l'avenir d'un groupe à vocation internationale comme la CGG ne peut pas reposer sur quelques opérations financées par les organismes internationaux qui ne représentent qu'une part extrêmement faible du marché mondial. Pour surmonter cette période difficile, qui malheureusement peut s'avérer durable, la CGG doit impérativement atteindre un niveau de compétivité comparable à celui de ses concurrents. Pour atteindre un niveau de compétitivité suffisant, la CGG, dont le métier fait appel à des techniques de plus en plus complexes, doit principalement miser sur l'excellence technologique. A cet égard, il convient de rappeler que le Gouvernement soutient les programmes de recherche et développement des industriels du secteur parapétrolier français, comme le font les Gouvernements d'autres pays pour leurs opérateurs. Grâce à ce soutien, complété par des aides européennes, la CGG et ses filiales ont pu développer de nouveaux outils qui leur ont permis, ces dernières années, de bien résister aux pressions de la concurrence et de se développer sur de nouveaux marchés. A travers ces aides, le Gouvernement continuera à soutenir la CGG dans ses efforts de recherche et développement, cela afin de maintenir son avance technologique qui reste un gage essentiel de sa compétitivité sur les marchés internationaux. Enfin, s'agissant des mouvements annoncés par Elf et Total pour ce qui concerne leur participation dans le secteur parapétrolier, il va de soi que le Gouvernement est décidé à rester vigilant pour que l'avenir de ce secteur ne soit pas remis en cause, mais qu'au contraire, celui-ci profite pour saisir de nouvells opportunités.

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