Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 13/10/1994

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur les incidents de frontière de plus en plus fréquents entre les différentes factions en présence au Liberia et la Côte-d'Ivoire. En effet, ce dernier pays, où 500 000 Libériens cohabitent pacifiquement avec les Ivoiriens, voit des incursions libériennes périodiques, qui dégénèrent en pillages, violences avec mort d'hommes. Il souhaiterait avoir des informations sur les initiatives que la France pourrait prendre pour ramener la paix dans cette zone, sachant que des pays francophones, liés par des accords de défense, sont frontaliers du Liberia

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 17/11/1994

Réponse. - La guerre civile qui ravage le Liberia depuis décembre 1989 a des conséquences dramatiques. Outre les très nombreuses victimes qu'elle a faites dans la population, elle affecte la stabilité des pays voisins dans la mesure où des centaines de milliers de Libériens ont fui leur pays et se sont réfugiés dans les pays voisins, principalement en Guinée et en Côte-d'Ivoire. Selon des estimations dignes de foi, un tiers de la population vivrait en dehors du pays. Il arrive, en outre, que les diférentes factions en lutte fassent des incursions dans les Etats limitrophes et utilisent le territoire de ceux-ci pour la poursuite de leurs activités belliqueuses. Les différents accords signés pour tenter de mettre fin à ce conflit, qu'il s'agisse de ceux de Yamoussoukro en 1991, de Cotonou en juillet 1993 ou d'Akossombo, au Ghana, en septembre 1994, ne sont pas traduits dans les faits : les factions en lutte n'ont pas procédé au désarmement auquel elles s'étaient engagées ; les cessez-le-feu sont restés lettre morte et les dispositions prévoyant des élections n'ont pas pu être mises en oeuvre. La France, qui avait appuyé toutes ces initiatives, constate avec regret leur échec et l'accroissement du nombre des factions, qui n'est pas de nature à contribuer à un apaisement de la situation. Elle appelle donc à un cessez-le-feu effectif et à la fin des approvisionnements en armes et en munitions. Parallèlement, elle soutient les efforts tentés par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui a mis en place une force interafricaine, l'ECOMOG, en vue de rétablir la paix, la sécurité et la stabilité au Liberia. La France appuie également l'action décidée en 1993 par le Conseil de sécurité de l'organisation des Nations Unies qui a institué en 1993 une mission d'observation au Liberia, la MONUL. Notre pays a voté le 21 octobre 1994 la résolution du Conseil de sécurité qui prolonge jusqu'au 13 janvier 1995 le mandat le la MONUL et demande au gouvernement national de transition et à tous les Libériens de s'attacher à parvenir à une entente politique et à la réconciliation nationale et de coopérer avec le président de la CEDEAO et avec le sécrétaire général de l'ONU en vue d'aboutir à un règlement durable. Enfin, nous intervenons discrètement auprès des pays voisins du Libéria pour qu'ils cherchent en commun une solution au conflit dans un cadre régional et agissent auprès des différentes factions pour qu'elles déposent les armes.

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