Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 28/04/1994

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation de notre ambassade en Géorgie. A la suite du voyage du président Chevarnadze en janvier dernier, il est apparu nécessaire de renforcer nos liens avec ce pays. La France ayant pris l'initiative de créer un groupe d'amis de la Géorgie, il serait opportun de nous installer sur place comme nous l'avons fait à Erevan et à Bakou. Nos partenaires, en particulier américains et allemands, ont déjà pris des positions importantes en Géorgie. Les industriels français semblent s'intéresser à son développement économique. Compte tenu de la politique étrangère russe dans cette région et de ses possibles développements, il se révèle souhaitable de renforcer notre présence dans ce pays. Par ailleurs, la Géorgie organise une représentation à Paris. Toutes ces raisons permettent de penser qu'il est important pour notre diplomatie de disposer d'une implantation raisonnable en Géorgie qui contribuera à renforcer nos liens avec ce pays et ses dirigeants.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 26/05/1994

Réponse. - La France attache, comme le souligne justement l'honorable parlementaire, une grande importance à ses relations avec la Géorgie. La signature d'un traité d'amitié, d'entente et de coopération à l'occasion de la visite officielle du président Chevardnadze à Paris en janvier dernier illustre pleinement notre volonté d'oeuvrer ensemble au développement de l'amitié traditionnelle entre nos deux peuples. La mise en place d'un dispositif diplomatique adéquat a toutefois connu un retard regrettable, en raison des incertitudes politiques qui ont entouré l'évolution intérieure de ce pays. Le départ du président Gamsakhourdia dans des circonstances violentes en décembre 1991 a ouvert une période troublée jusqu'à l'organisation, à l'automne 1992, par M. Chevardnadze de nouvelles élections présidentielles et législatives. Dès le début de l'année 1993 un ambassadeur a cependant été nommé à Tbilissi, qui a effectué de nombreuses navettes entre son pays de résidence et la France, permettant ainsi de sensibiliser de nombreux secteurs de notre administration et nos milieux économiques à ce pays encore mal connu. Un dialogue politique a été ainsi constamment maintenu, y compris aux heures les plus difficiles d'octobre 1993, où notre ambassadeur faisait parvenir au président Chevardnadze assiégé dans Soukhoumi un message de soutien et une invitation à se rendre en visite en France de la part des autorités françaises. La France a aussi pris l'initiative de créer le groupe des " Amis de Géorgie " qui assure dans le cadre de l'ONU un suivi apprécié du bon déroulement des délicates négociations entre le gouvernement géorgien et les Abkhazes. La souplesse de notre dispositif en Géorgie nous a permis d'assurer la présence quasi permanente de notre ambassadeur à ces réunions cruciales pour l'avenir du pays. Il va de soi que la France entend développer dans toute la mesure du possible sa présence à Tbilissi, notamment dans le domaine culturel et consulaire, où des mesures pourraient être prises prochainement si la stabilisation de la situation à Tbilissi se confirme. Ce renforcement de notre dispositif pose toutefois des problèmes financiers importants, qui doivent être replacés dans le contexte nouveau posé par l'éclatement de l'Union soviétique, avec quatorze Etats rétablis ou créés. D'ores et déjà, huit ambassades ont été ouvertes ; l'effort sera poursuivi, même s'il convient nécessairement de l'étaler dans le temps. Il s'agit bien pour nous de montrer le prix que nous attachons, dans un environnement difficile, au maintien de la souveraineté, de l'indépendance et de l'intégrité de ce pays, souci qui guide l'ensemble de notre politique à l'égard des Etats successeurs de l'Union soviétique, et notamment de la Géorgie.

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