Question de M. ROCCA SERRA Jacques (Bouches-du-Rhône - SOC) publiée le 24/03/1994

M. Jacques Rocca Serra appelle l'attention de M. le ministre de la culture et de la francophonie sur le recul de la langue française dans la vie économique internationale y compris dans les pays francophones ou traditionnellement utilisateurs du français en la matière. Les industriels français notent en effet que ce recul est de plus en plus manifeste dans les relations d'affaires. Même si l'objectif n'est pas de faire du français une seconde langue des affaires, concurrente de l'anglais, il est toutefois regrettable que son usage tende à s'effacer lorsque les partenaires sont l'un et l'autre de culture francophone. S'il est important de prendre des dispositions en faveur de l'usage du français en France ou de son emploi dans tous les nouveaux domaines de la science et de la technique, il lui demande cependant ce qui pourrait être envisagé également afin d'inciter aux mieux à l'usage du français dans la vie des affaires lorsque chacune des parties peut y recourir aisément. A défaut, outre une perte pour le rayonnement de notre langue, il craint que l'usage du français ne finisse peu à peu par s'avérer être un handicap économique supplémentaire pour nos entreprises.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 14/04/1994

Réponse. - Le ministre de la culture et de la francophonie remercie l'honorable parlementaire de soulever la question de la place du français dans le monde des affaires. Il est exact que le recul du français est préoccupant. Il tient en partie, dans certaines régions du monde, il est vrai, au recul de la pratique de la langue française. Il tient également au fait que l'anglais joue un rôle important dans les affaires, en particulier dans certains pays à croissance rapide. Il reste, que même s'il ne s'agit pas de faire du français, comme le souligne l'honorable parlementaire, une seconde langue des affaires, cette évolution n'est pas irréversible. Elle mérite en tout cas une politique déterminée. En effet, il est clair que la généralisation d'une langue qui n'est pas la nôtre constitue un avantage commercial considérable, quels que soient les efforts que les entreprises fassent pour l'apprendre, pour les pays qui l'utilisent. Aussi convient-il d'éviter que les entreprises françaises contribuent inutilement à cette évolution. Les entreprises françaises qui travaillent en anglais dans les pays francophones causent un tort immense aux intérêts culturels, politiques et économiques de notre pays. Celles qui préfèrent utiliser l'anglais plutôt que la langue du pays compromettent souvent leurs chances. L'étude approfondie des pratiques linguistiques québécoises ou japonaises prouvent qu'une attitude de respect intransigeant de leur langue nationale est pour leur économie un atout plutôt qu'une contrainte, alors qu'on pense trop souvent le contraire en France. Le ministère de la culture et de la francophonie a demandé au Conseil supérieur de la langue française de réfléchir aux moyens de sensibiliser les entreprises à ces questions. Le projet de loi présenté au Parlement contient des dispositions destinées à faire que le français demeure en France la langue de travail des entreprises.

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Erratum : JO du 05/05/1994 p.1103

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