Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 10/03/1994

M. Emmanuel Hamel signale à l'attention de M. le ministre de la coopération l'étude intitulée " Simulation dynamique des effets macro-économiques de la dévaluation du franc CFA " que vient de rendre publique la commission économique pour l'Afrique de l'organisation des Nations Unies. Il lui demande quel est son jugement sur cette étude, selon laquelle " on ne peut pas dire avec certitude si la dévaluation est une mesure efficace ou non " et qui n'écarte pas l'hypothèse d'une nouvelle dévaluation des pays de la zone franc CFA.

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Réponse du ministère : Coopération publiée le 16/06/1994

Réponse. - La note de la Commission économique pour l'Afrique intitulée " simulation dynamique des effets macro-économiques de la dévaluation du CFA " se caractérise par une compréhension imparfaite des mécanismes de la dévaluation et de l'analyse économique qui peut en être faite. Peuvent en particulier être relevées une confusion entre valeur, volume et quantités, une confusion entre prix intérieurs et prix internationaux, une mauvaise appréciation des élasticités et l'absence de prise en compte du fait que la plupart des produits exportés le sont à un cours fixé en devises au niveau mondial. Est également négligé le fait que les pays africains sont globalement dépendants des prix plus qu'ils ne contribuent à leur fixation. Enfin, la notion de prix relatif est mal comprise, comme l'est l'évolution des coûts des facteurs de production consécutivement à la dévaluation. Sur cette base, qui présente donc des faiblesses conceptuelles théoriques et méthodologiques, les auteurs de la note élaborent un modèle qualifié de dynamique. Le modèle lui-même est très simple et relève plus d'un modèle pédagogique que d'un modèle de prévision. Ses équations d'importation et d'exportation sont extrêmement simplifiées et contestables dans leur fondement. L'équation d'investissement ne prend pas en compte une possibilité d'investissement national. Enfin, rien n'est dit explicitement sur la valeur des principales élasticités. Ce modèle, bien que contestable, pourrait cependant fonctionner de façon à peu près satisfaisante s'il n'était alimenté par des hypothèses peu réalistes. On peut relever notament le fait que les exportations après dévaluation seront vendues à moitié prix, ce qui oblige à doubler le volume des exportations pour les maintenir en valeur. L'intérêt des scénarii présentés est alors, sur la base d'un modèle incertain et d'hypothèses contestables, plutôt limité. Les recommandations n'ont globalement que peu de rapport avec le modèle : nécessité d'alléger et de consolider la dette extérieure, conclusion exacte mais absente du modèle ; accroissement de la compétitivité des produits nationaux, ce qui est l'un des objectifs de la dévaluation, et qui passe par une reprise de l'investissement. Les auteurs ne prennent pas en compte l'investissement intérieur, ce qui implique évidemment une augmentation importante des flux de capitaux en provenance de l'extérieur. Cette note ne saurait donc constituer une base acceptable de discussion sur les effets de la dévaluation.

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