Question de M. LE JEUNE Edouard (Finistère - UC) publiée le 17/02/1994

M. Edouard Le Jeune attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du tourisme sur l'apport de l'éclairage à la sécurité routière. Des études récentes confirment que l'éclairage réduit sensiblement les risques de conduite nocturne. La commission internationale de l'éclairage a publié une déclaration en septembre 1992 qui rend compte de 62 études menées dans 15 pays : 85 p. 100 des résultats démontrent que l'éclairage améliore sans conteste la sécurité. Aujourd'hui, le problème de la sécurité routière reste malheureusement posé avec autant d'acuité, et les statistiques relatives à la gravité et à la fréquence des accidents de la circulation de nuit restent toujours aussi révélatrices. Il lui demande, en conséquence, quelles actions il compte entreprendre pour faire de l'éclairage un élément déterminant dans la lutte contre l'insécurité routière.

- page 339


Réponse du ministère : Équipement publiée le 23/06/1994

Réponse. - L'analyse critique de la soixantaine d'études (ou de données de suivi) rassemblées par la commission internationale de l'éclairage (CIE) conduit aux appréciations suivantes : l'éclairage des voies urbaines, ainsi que des autoroutes urbaines ou suburbaines a un effet plutôt positif sur la sécurité de la circulation. A noter cependant que la réduction des accidents ne peut être sérieusement quantifiée, qu'elle reste très variable selon les sites concernés, l'intensité des trafics, les conditions météorologiques et demeure de toute façon très modeste ; on ne peut objectivement conclure à une amélioration de la sécurité apportée par l'éclairage des voies ordinaires ou autoroutières situées en rase campagne ni même des carrefours ; de fortes interrogations subsistent quant à un éventuel bénéfice pour les voies ordinaires périurbaines, les échangeurs sur autoroutes, les passages piétons. L'absence d'effet plus marqué de cet équipement, dont le rôle peut sembler a priori positif du fait de l'amélioration de la visibilité qu'il entraîne, est à relier probablement à des modifications de comportement. Concernant le cas de l'éclairage par temps de brouillard, il faut noter que si un certain rôle de guidage a pu être évoqué (qui pourrait être un des éléments expliquant l'augmentation des vitesses observées dans l'étude qui vient d'être citée), les conditions de perception des objets sont plutôt dégradées par un éclairage classique, qui accroît généralement la luminance du brouillard et réduit de ce fait les contrastes. On ne peut donc a priori en attendre un bénéfice en matière de sécurité. D'autres dispositions semblent à cet égard plus positives du point de vue de la perception des obstacles, tel un éclairage rasant à contre-flux ou une chaussée très claire. En conséquence, il n'est pas recommandé, en règle générale, d'éclairer les routes, autoroutes et carrefours situés en milieu rural, car il n'est pas certain que cela en améliore la sécurité. Les exceptions concernent plutôt les voies en milieu péri-urbain qui peuvent présenter à l'usager un environnement particulier : présence d'une zone éclairée à proximité immédiate de la voie, perception difficile d'un point singulier comme un carrefour ou des échangeurs très rapprochés. Par ailleurs, il est important, pour une bonne " lisibilité " des entrées d'agglomérations notamment, que l'éclairage des voies reste une caractéristique clairement associée au milieu urbain. Il faut, d'autre part, garder présent à l'esprit certains inconvénients de l'éclairage : dégradation de la sécurité secondaire due à la présence de mâts, dégradation des conditions de perception sur les voies adjacentes non éclairées, sans occulter sur un autre plan la charge financière en fonctionnement et entretien.

- page 1561

Page mise à jour le