Question de M. LE JEUNE Edouard (Finistère - UC) publiée le 27/09/1990

M. Edouard Le Jeune attire l'attention de M. le ministre de la solidarité, de la santé et de la protection sociale sur le fait qu'environ 600 décès annuels sont directement liés aux anesthésies dans les établissements médicaux français. Au total, chaque année, 3,5 millions de Français sont confiés aux mains des médecins anesthésistes, des spécialistes dont la discipline a profondément évolué depuis une quinzaine d'années, mais qui est loin d'être parvenue à limiter les risques. Toutes les études concordent, en effet, pour chiffrer à plus de 600 le nombre de décès imputables, pour partie ou entièrement, à l'anesthésie. L'anesthésie appartient bel et bien aux premiers rangs des spécialités à risques qu'il faut combattre. Deux aspects, la surveillance et l'examen pré-anesthésique, concernent les six mille médecins spécialisés français en activité, d'autres sont directement liés à la gestion des établissements et aux moyens matériels : nombre d'hôpitaux, de cliniques privées demeurent mal lotis en salles de réveil, en appareils de surveillance. Il arrive encore qu'un patient se réveille seul dans une " salle de réveil " anonyme ou qu'un bilan sanguin remplace l'examen pré-anesthésique. Régulièrement dénoncé par la presse à l'occasion d'un décès suspect, le problème des anesthésies soulève au fond la question du souci de sécurité manifesté par les patients lorsqu'ils entrent dans un établissement médical. Il lui demande comment il envisage de traiter ce problème, par quels moyens et quelles actions auprès des établissements et personnels directement concernés.

- page 2078


Réponse du ministère : Santé publiée le 27/12/1990

Réponse. - L'importance qu'il faut attacher à la sécurité anesthésique est certaine et justifie la politique menée dans ce domaine par le Gouvernement. Cette préoccupation s'est manifestée de différentes façons. L'enquête épidémiologique sur les anesthésies effectuée par l'Inserm avait pour but, d'une part de fournir des informations sur la fréquence des accidents d'anesthésie et d'autre part de mettre en évidence les facteurs favorisant ces accidents. Cette enquête a montré que l'anesthésie est responsable d'environ un décès sur 13 000 actes pendant la période opératoire et les premières vingt-quatre heures suivantes. Si l'on tient compte des comas l'anesthésie est à l'origine d'un décès ou coma pour 8 000 actes. Enfin les décès totalement liés à l'anesthésie représentent moins de 5 p. 100 de la mortalité opératoire globale. A la suite de cette enquête, un ensemble de trois circulaires a rappelé les règles qui doivent être respectées au cours de la pratique d'anesthésie. La première, du 23 mars 1982, a fixé les mesures à mettre en oeuvre dans les établissements de soins publics et privés. Les deux autres portent l'une sur la salle de réveil et la surveillance rigoureuse qui doit y être exercée, l'autre sur la distribution des gaz à usages médicaux. Par ailleurs, plus récemment, des mesures ont été prises pour que tous les établissements sanitaires soient en mesure de traiter en urgence une hyperthermie maligne. Enfin, dans un autre domaine, celui de la formation, les infirmiers spécialisés en anesthésie-réanimation bénéficient d'un programme de formation actualisé et complet. Une amélioration continue de la sécurité anesthésique doit être attendue de la modernisation des blocs opératoires avec création de nouvelles salles de réveil fonctionnelles et l'installation de matériels de surveillance de plus en plus performants.

- page 2754

Page mise à jour le