Question de M. TAITTINGER Pierre-Christian (Paris - U.R.E.I.) publiée le 12/07/1990

M. Pierre-Christian Taittinger demande à M. le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de l'environnement et de la prévention des risques technologiques et naturels majeurs, quelles explications peut-on trouver à la pollution brusque de la Seine constatée le 30 juin entre Triel et Mantes.

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Réponse du ministère : Environnement publiée le 01/11/1990

Réponse. - Les analyses et les études réalisées par le service de la navigation de la Seine démontrent sans ambiguïté qu'un brusque abaissement de la teneur en oxygène dissous de l'eau du fleuve s'est produit le 30 juin dans certains tronçons situés à l'aval immédiat de l'agglomération parisienne. C'est donc un phénomène d'asphyxie qui constitue la cause principale directe de l'importante mortalité de poissons constatée entre Triel et Mantes (environ 100 tonnes de poissons morts). La désoxygénation est elle-même la conséquence d'une combinaison de plusieurs facteurs : des orages de forte intensité sont survenus le 30 juin et les jours précédents sur la région parisienne ; la plus grande partie de l'agglomération n'étant pas équipée d'un réseau d'assainissement séparatif et la capacité de traitement au niveau des principales stations d'épuration (Achères notamment) étant insuffisante, les orages ont entraîné un important apport d'eaux pluviales chargées de matières organiques dans la Seine ; cet apport est survenu à un moment où le débit du fleuve était réduit d'environ un tiers par rapport à l'écoulement normal à cette saison, en raison de la sécheresse persistante depuis la fin de 1988 ; par suite, l'effet de dilution qui atténue les conséquences d'une pollution s'est trouvé diminué en proportion ; enfin, indépendamment du phénomène de pollution, la teneur en oxygène de l'eau se trouvait déjà naturellement limitée par un épisode climatique de chaleur qui a duré plusieurs jours entourant le 30 juin : la solubilité de l'oxygène dans l'eau est d'autant moindre que la température est plus élevée. Par ailleurs, le ruissellement sur les surfaces imperméabilisées de la région parisienne, lié aux orages, a également entraîné dans la Seine des substances déposées sur ces surfaces (hydrocarbures et autres produits toxiques), ce qui a vraisemblablement contribué à diminuer davantage les chances de survie des poissons luttant contre l'asphyxie. Toutefois, il est certain que la contamination par les substances toxiques n'aurait pu, à elle seule, provoquer la mortalité subite qui a été constatée ; elle ne doit donc pas être considérée comme une cause première, mais seulement comme un facteur aggravant. Le désastre écologique qu'a subi la Seine le 30 juin dernier démontre la fragilité de l'écosystème et l'importance des aménagements qui doivent encore être réalisés pour empêcher le retour d'accidents comparables. Des investissements considérables ont déjà été consentis par toutes les parties concernées (Etat, agence de bassin, collectivités, industriels) pour l'amélioration de la qualité de la Seine, avec des résultats notables : en période normale, la vie de la plupart des espèces de poissons y est maintenant possible, ce qui n'était pas le cas il y a dix ans. Il reste cependant encore beaucoup à faire, notamment pour traiter la pollution par les eaux pluviales au niveau de l'agglomération parisienne.

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