Question de M. DÉSIRÉ Rodolphe (Martinique - RDSE) publiée le 21/06/1990

M. Rodolphe Désiré attire l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et du budget, sur le nouvel indice élaboré par les Nations unies et destiné à mesurer le développement des Etats. Le programme des Nations unies pour le développement (P.N.U.D.) a, en effet, inventé une nouvelle unité de mesure : l'indicateur de développement humain (I.D.H.) qui prend désormais en compte, outre le traditionnel revenu moyen par habitant, l'espérance de vie et le taux d'alphabétisation de la population. L'intérêt du travail du P.N.U.D., qui demeure sans doute perfectible, réside dans une meilleure approche de la réalité des nations. Il lui demande donc de bien vouloir lui faire connaître son opinion quant à l'élaboration d'un I.D.H. susceptible de mesurer le bonheur régional brut des différentes régions de France et d'outre-mer.

- page 1346


Réponse du ministère : Économie publiée le 18/10/1990

Réponse. - Le Programme des Nations Unies pour le développement (P.N.U.D.) a publié son premier rapport annuel. Celui-ci présente le classement de 130 pays en fonction d'un indice de progrès social, construit à partir de trois indicateurs : l'espérance de vie, l'alphabétisation chez les adultes et le produit national brut par habitant (ajusté en fonction du pouvoir d'achat), utilisé comme capacité d'acheter les produits nécessaires à la satisfaction des besoins essentiels. La construction de cet indice comporte trois étapes. La première détermine pour le pays l'insuffisance relative de chaque variable, en la rapportant aux valeurs maximales et minimales qu'elle prend dans l'ensemble des 130 pays. La deuxième établit une insuffisance moyenne, moyenne arithmétique des trois indicateurs. La troisième calcule un indice du progrès social (I.P.S.) égal à " 1 - insuffisance moyenne ". L'ambition de cette démarche est de relativiser le poids du seul indicateur de revenu par habitant : ainsi l'écart entre pays en développement et pays industrialisés est plus important sur le revenu que sur les autres indicateurs que sont l'espérance de vie et le taux d'alphabétisation. Ceux-ci " corrigeaient " le produit national brut (P.N.B.) en indiquant les effets de son mode de répartition. L'utilisation d'un indicateur synthétique comme l'I.P.S. soulève toutefois de nombreuses interrogations. Le choix des indicateurs utilisés est inévitablement arbitraire. Les auteurs du rapport soulignent eux-mêmes qu'il ne peut servir à mesurer tous les aspects du niveau de vie d'une population et que, étant une moyenne, il masque dans un même pays des disparités considérables selon le sexe, le revenu et la région. Outre la sélection toute subjective des variables, la méthode suppose au moins deux hypothèses très fortes : elle postule une indépendance entre les variables retenues et accorde à chacune un poids identique dans l'indice synthétique. Le débat sur lamesure du bien-être (et du " bonheur national brut ") s'est déroulé tout au long des années soixante et soixante-dix dans la communauté internationale des économistes et comptables nationaux (cf. " Peut-on mesurer le bien-être national ? " par Oleg Arkhipoff. Les collections de l'Institut national de la statistique et des études économiques (I.N.S.E.E.), série C, n° 41, avril 1976). L'impossibilité conceptuelle et pratique d'établir un agrégat significatif a conduit notamment l'Organisation de coopération et de développement économique (O.C.D.E.) à engager un programme d'indicateurs sociaux ne comportant pas moins d'une cinquantaine d'items sans volonté a priori de synthèse ni d'agrégation. La France a participé à ces débats et ces travaux. Ceux-ci n'ont pas produit les résultats escomptés et les différents programmes nationaux et internationaux sont actuellement en sommeil. Les efforts des administrations économiques françaises et internationales ont alors plutôt porté sur l'amélioration des systèmes de comptes nationaux : système de comptabilité nationale de l'Organisation des Nations Unies (O.N.U.), système européen de comptes nationaux de la Communauté économique européenne (C.E.E.), système élargi de comptabilité nationale française. Les améliorations recherchées et les développements réalisés ont privilégié les comptes satellites dans des domaines comme la santé, l'éducation, l'action sociale, etc. Ces outils d'information économique sont complémentaires des agrégats et cadres " classiques " et tendent à se répandre internationalement. Enfin, les travaux portant sur les régions métropolitianes, départements et territoires d'outre-mer présentent des contraintes spécifiques quant à la disponibilité des informations statistiques, l'éclatement des agrégats et soldes économiques, etc. L'I.N.S.E.E. produit régulièrement une comptabilité économique des départements d'outre-mer (D.O.M.) et une comptabilité régionale, élément d'un ensemble d'informations régionales publié sous le titre de " Statistiques et indicateurs des régions françaises ". ; régions métropolitianes, départements et territoires d'outre-mer présentent des contraintes spécifiques quant à la disponibilité des informations statistiques, l'éclatement des agrégats et soldes économiques, etc. L'I.N.S.E.E. produit régulièrement une comptabilité économique des départements d'outre-mer (D.O.M.) et une comptabilité régionale, élément d'un ensemble d'informations régionales publié sous le titre de " Statistiques et indicateurs des régions françaises ".

- page 2255

Page mise à jour le