Question de M. VOILQUIN Albert (Vosges - U.R.E.I.) publiée le 15/03/1990

M. Albert Voilquin attire l'attention de M. le Premier ministre sur l'étonnement manifesté par un grand nombre de nos concitoyens, particulièrement de la génération des Résistants 40-45, sur la facilité déconcertante avec laquelle les gouvernements semblent reconnaître comme inéluctable, voire normale, la réunification allemande, quarante-cinq ans à peine après la fin du dernier cauchemar dû aux hégémonies germano-japonaises de l'époque. Il convient de noter au passage que les " quatre puissances alliées victorieuses du Reich " continuent à garantir le statut de Berlin, mis plus ou moins en cause présentement. Sans préjuger de l'avenir, il lui demande si on peut continuer encore, au moins cette année, à fêter avec faste le 45e anniversaire de la Victoire du 8 Mai 45, dans le souvenir de l'histoire et des millions de victimes, et en faisant en sorte que l'oubli ne tombe pas comme un voile que l'on essaierait de tendre pour construire l'Europe et le monde de demain. Ceci concerne également les garanties à s'entourer pour une nouvelle situation d'une Allemagne réunifiée, qui doit être une garantie pour la paix et la sécurité de demain. Il lui demande de bien vouloir préciser la position gouvernementale sur ce problème d'actualité, tout en confortant la volonté d'une construction européenne solide et durable.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 21/02/1991

Réponse. - La rapide réunification de l'Allemagne a soulevé chez certains de nos concitoyens une émotion que l'histoire permet de comprendre. Mais il convient de rappeler que c'est la guerre froide qui a créé la coupure de l'Allemagne : la France, avec ses alliés, s'est toujours déclarée favorable à l'unité allemande, dès que les circonstances le permettraient et par des voies pacifiques. Elle se félicite que les Allemands aient pu exercer librement leur droit à l'autodétermination. L'existence des droits et responsabilités des quatre puissances victorieuses en 1945 et les implications de l'unification allemande sur les autres Etats rendaient toutefois nécessaire de discuter des aspects externes de ce processus. C'est dans ce but qu'a été engagée une négociation réunissant les quatre puissances et les deux Etats allemands. Celle-ci a permis la signature, à Moscou, le 12 septembre dernier, du traité portant règlement définitif concernant l'Allemagne. La création d'une Allemagne unie s'est faite ainsi sous l'égide de la concertation et du droit, avec le plein consentement de la communauté internationale, et dans le respect des idéaux démocratiques. L'Allemagne unie trouve sa place dans l'architecture d'un ordre européen nouveau, fondé sur la paix et la coopération, qui se dessine aujourd'hui et qui a été consacré par la réunion de la C.S.C.E. qui s'est tenue à Paris en novembre. Dans ces conditions, loin de s'effacer, le souvenir des victimes que nous honorons le 8 mai trouve son sens le plus haut : il doit nous inciter à bâtir pour le siècle prochain une Europe qui sera un exemple de paix, de liberté et d'entente entre les nations.

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