Question de M. LORIDANT Paul (Essonne - SOC) publiée le 01/03/1990

M. Paul Loridant s'inquiète auprès de M. le ministre du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle de la recrudescence constatée en 1988 des accidents du travail. En effet, alors qu'on avait assisté depuis 1980 à une diminution régulière de ceux-ci, le nombre des accidents du travail a connu en 1988 une forte augmentation de 3,9 p. 100 exactement et ceux-ci se sont élevés à 688 428 (chiffre provisoire), contre 662 800 en 1987. Selon les statistiques publiées par la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés, le secteur le plus touché est celui du bâtiment et des travaux publics. Les conséquences en terme d'incapacité permanente et de décès sont lourdes. Ainsi, les accidents avec incapacité permanente augmentent de 8,4 p. 100, et le nombre de décès de 6,9 p. 100. Il apparaît également que les travailleurs intérimaires sont deux fois plus souvent victimes d'accidents du travail avec arrêt que l'ensemble des salariés. En conséquence, il souhaite connaître les causes réelles de ce renforcement dramatique de tendances : reprise économique, introduction de nouvelles technologies, modification de l'organisation du travail, développement de la précarité de l'emploi... De même, constatant que le nombre de visites d'entreprises opérées par les inspecteurs du travail a fortement diminué en 1988, il lui demande de bien vouloir l'informer des mesures envisagées en matière de prévention et de contrôle des conditions de travail.

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Réponse du ministère : Travail publiée le 03/05/1990

Réponse. - Pour la première fois depuis 1982 les chiffres provisoires pour 1988 montrent une augmentation sensible du nombre d'accidents du travail pour le régime général. En 1988, le nombre d'accidents avec arrêt de travail a été, selon les statistiques provisoires de la Caisse nationale d'assurance maladie, en augmentation de 3,87 p. 100 pour le seul régime général (688 428 en 1988 contre 662 800 en 1987) ; de même on constate une augmentation de 8,4 p. 100 du nombre d'accidents avec incapacité permanente (68 475 en 1988 contre 63 152 en 1987) et une augmentation de 6,9 p. 100 du nombre des décès (1 073 en 1988 contre 1 004 en 1987). Cette tendance générale à l'augmentation du nombre d'accidents du travail en 1988 par rapport à 1987 dissimule en fait des évolutions contrastées. Si le nombre d'accidents avec arrêt est en augmentation dans dix secteurs d'activité sur quinze (la métallurgie ; le B.T.P. ; le bois ; le caoutchouc-papier-carton ; le livre ; le vêtement; l'alimentation ; les transports et la manutention ; les commerces non alimentaires et l'interprofessionnel), le B.T.P. et l'interprofessionnel totalisent à eux seuls 23 000 accidents supplémentaires par rapport à 1987 (soit 90 p. 100 de l'augmentation du nombre total d'accidents). Par contre, l'augmentation du nombre d'accidents graves est partout sensible, à l'exception de deux secteurs, le textile et les cuirs et peaux (mais qui ne regroupent au total que 250 000 salariés) qui voient le nombre d'accidents avec incapacité permanente diminuer. Enfin, le nombre d'accidents mortels continue de diminuer dans les secteurs de la métallurgie, du bois, de l'alimentation, de l'interprofessionnel... En revanche, on constate une augmentation, très importante, des décès dans le B.T.P. (346 en 1988 contre 258 en 1987 soit plus de 34 p. 100) et les commerces non alimentaires (100 décès en 1988 contre 87 en 1987 soit 14 p. 100 d'augmentation), secteurs dans lesquels on constate également une augmentation sensible du nombre des accidents graves comme des accidents avec arrêt. Cette augmentation générale du nombre d'accidents s'explique sans doute pour une grande part par une croissance de l'activité économique mais il n'est pas possible, à travers les données existantes aujourd'hui de préciser avec certitude la part respective dans cette évolution de la reprise économique, de l'introduction de nouvelles technologies ou du développement des formes précaires de l'emploi. C'est pourquoi le ministre du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle a également, pour mieux connaître et plus vite les accidents du travail, décidé de la création d'un observatoire des risques professionnels. Cet observatoire sera chargé d'analyser chaque année un échantillon de 10 000 accidents du travail selon une grille qui fera apparaître notamment : la cause matérielle de l'accident et le lieu où il est survenu ; le lien juridique entre la victime et l'entreprise où elle a été accidentée - salarié permanent de l'entreprise, salarié intérimaire, salarié d'une entreprise intervenante... ; le métier, la qualification et la formation de l'accidenté et le secteur d'activité concerné. L'inspection du travail réalisera les enquêtes nécessaires au recueil des informations qui permettront l'analyse de ces accidents. Les conclusions de l'observatoire des risques professionnels seront établies annuellement et publiées par mon ministère et permettront de mieux connaître les risques propres à chaque type d'activité et d'entreprise et de mener ainsi des actions plus sûrement efficaces en matière de prévention. Le ministère du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle a également décidé une série de mesures destinées à améliorer l'efficacité de la prévention dans les entreprises et notamment dans les secteurs où les risques sont particulièrement élevés. Ainsi dans le secteur du bâtiment et des travaux publics l'inspection du travail sera mobilisée pour veiller à ce que les prescriptions réglementaires, particulièrement celles relatives au travail en hauteur (les chutes de hauteur sont à elles seules responsables de plus de la moitié des morts supplémentaires de 1988), soient strictement appliquées. De même une attention particulière sera portée à la coordination des différentes entreprises intervenant sur un même chantier. Afin que toutes les suites soient tirées de ces contrôles, une concertation étroite avec les Parquets sera établie. Pour favoriser la concertation entre les partenaires sociaux et l'Etat une commission spécialisée duConseil supérieur de la prévention des risques professionnels sera mise en place au cours de l'année. Elle réunira les organisations représentatives des salariés et des employeurs de ce secteur d'activité, des personnes qualifiées en matière de prévention dans le B.T.P. et les pouvoirs publics. D'ici la fin de l'année 1990 un constat sera établi sur l'état du risque professionnel dans ce secteur, faisant notamment le point des forces et des faiblesses des moyens d'action en matière de prévention. Le ministre du travail, de la formation et de la formation professionnelle, en accord avec le ministre de l'équipement, du logement, des transports et de la mer, a demandé à M. Max Querrien, membre de la section des travaux publics du Conseil d'Etat, de dresser ce constat et de proposer une série de mesures destinées à renforcer la prévention dans le B.T.P., après avoir entendu l'ensemble des partenaires sociaux. Par ailleurs, l'année 1989 s'est caractérisée par une recrudescence des accidents graves dans le secteur de la chimie. Le ministre du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle a, dans ce domaine, décidé de développer une stratégie cohérente destinée à consolider les acquis mais également à se doter des moyens d'investigations nécessaires pour prévenir les risques nouveaux avant qu'ils ne se ; matière de prévention. Le ministère du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle a également décidé une série de mesures destinées à améliorer l'efficacité de la prévention dans les entreprises et notamment dans les secteurs où les risques sont particulièrement élevés. Ainsi dans le secteur du bâtiment et des travaux publics l'inspection du travail sera mobilisée pour veiller à ce que les prescriptions réglementaires, particulièrement celles relatives au travail en hauteur (les chutes de hauteur sont à elles seules responsables de plus de la moitié des morts supplémentaires de 1988), soient strictement appliquées. De même une attention particulière sera portée à la coordination des différentes entreprises intervenant sur un même chantier. Afin que toutes les suites soient tirées de ces contrôles, une concertation étroite avec les Parquets sera établie. Pour favoriser la concertation entre les partenaires sociaux et l'Etat une commission spécialisée duConseil supérieur de la prévention des risques professionnels sera mise en place au cours de l'année. Elle réunira les organisations représentatives des salariés et des employeurs de ce secteur d'activité, des personnes qualifiées en matière de prévention dans le B.T.P. et les pouvoirs publics. D'ici la fin de l'année 1990 un constat sera établi sur l'état du risque professionnel dans ce secteur, faisant notamment le point des forces et des faiblesses des moyens d'action en matière de prévention. Le ministre du travail, de la formation et de la formation professionnelle, en accord avec le ministre de l'équipement, du logement, des transports et de la mer, a demandé à M. Max Querrien, membre de la section des travaux publics du Conseil d'Etat, de dresser ce constat et de proposer une série de mesures destinées à renforcer la prévention dans le B.T.P., après avoir entendu l'ensemble des partenaires sociaux. Par ailleurs, l'année 1989 s'est caractérisée par une recrudescence des accidents graves dans le secteur de la chimie. Le ministre du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle a, dans ce domaine, décidé de développer une stratégie cohérente destinée à consolider les acquis mais également à se doter des moyens d'investigations nécessaires pour prévenir les risques nouveaux avant qu'ils ne se manifestent (règles de mises sur le marché, règles de l'étiquetage, information des utilisateurs...). Enfin, des travaux, en 1989, ont été conduits à l'accasion de la directive "utilisation des machines" sur la modernisation de certaines dispositions du code du travail relatives aux presses et machines comparables. Les accidents qui surviennent sur ces machines sont le plus souvent très graves, et proportionnellement les plus nombreux puisqu'ils représentent près d'un accident sur six de la totalité des accidents graves liés aux machines. En liaison avec les partenaires sociaux, le but à atteindre est, d'ici 1996, de réduire, dans des proportions qui pourraient être très importantes, les risques, en modifiant les presses anciennes de telle sorte que les dispositifs de prévention résultant des technologies actuelles y soient inclus. Cet objectif réaliste au regard du délai retenu suppose également un renforcement des délais et du contenu des vérifications périodiques de ces matériels. ; manifestent (règles de mises sur le marché, règles de l'étiquetage, information des utilisateurs...). Enfin, des travaux, en 1989, ont été conduits à l'accasion de la directive "utilisation des machines" sur la modernisation de certaines dispositions du code du travail relatives aux presses et machines comparables. Les accidents qui surviennent sur ces machines sont le plus souvent très graves, et proportionnellement les plus nombreux puisqu'ils représentent près d'un accident sur six de la totalité des accidents graves liés aux machines. En liaison avec les partenaires sociaux, le but à atteindre est, d'ici 1996, de réduire, dans des proportions qui pourraient être très importantes, les risques, en modifiant les presses anciennes de telle sorte que les dispositifs de prévention résultant des technologies actuelles y soient inclus. Cet objectif réaliste au regard du délai retenu suppose également un renforcement des délais et du contenu des vérifications périodiques de ces matériels.

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