Question de M. TRÉGOUËT René (Rhône - RPR) publiée le 22/02/1990

M. René Trégouët appelle l'attention de M. le ministre de la solidarité, de la santé et de la protection sociale sur les graves conséquences humaines, financières et sociales liées à la maladie d'Alzheimer. Cette maladie qui touche principalement les personnes âgées de plus de 60 ans, se traduit par une altération croissante et irréversible des facultés intellectuelles et de la santé mentale. Les personnes atteintes de cette affection perdent complètement leur autonomie et doivent être assistées et soignées en permanence par un personnel médical compétent. A ce jour, en dépit de recherches intensives, les causes exactes de cette maladie restent inconnues et on ne sait ni la soigner, ni même en ralentir l'évolution. Les autorités médicales estiment que 10 p. 100 des personnes de plus de 65 ans sont aujourd'hui atteintes de cette maladie. Cette proportion monte à 20 p. 100 pour les personnes de plus de 80 ans. On estime qu'en 1995, 500 000 personnes âgées seront atteintes par la maladie d'Alzheimer et ce nombre augmentera rapidement pour des raisons démographiques évidentes. Il lui demande donc quelles sont les mesures envisagées par le Gouvernement pour lutter contre ce nouveau fléau social et, d'une manière générale, pour développer la recherche médicale dans le domaine des affection liées au vieillissement.

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Réponse du ministère : Solidarité publiée le 30/08/1990

Réponse. - Cette maladie, comme toutes les démences, constitue, en effet, un problème crucial dans le domaine de la santé des personnes âgées. Cett affection dégénérative provoque, en particulier, des troubles de la mémoire, de la parole, du jugement et des fonctions constructices. Le nombre de personnes âgées qui en sont atteintes est en augmentation, ce qui est lié à l'évolution démographique de notre pays qui se traduit par un vieillissement de la population. L'évolution de cette maladie dégénérative nécessite des possibilités de prise en charge variées et adaptées à chaque stade de la maladie. Il est indispensable que les autorités départementales élaborent des schémas gérontologiques permettant de déterminer les besoins et de prévoir les moyens à mettre en place pour y faire face : adaptation des structures d'hébergement existantes, création de nouveaux établissements prenant en compte dans leur projet l'accueil de ce type de pensionnaires, développement de l'accueil familial, de l'accueil de jour, de l'hébergement temporaire, développement de la coordination... Il est également indispensable que tous les partenaires concernés (Etat, assurance-maladie, département, professionnels, personnes âgées, associations...) soient impliqués dans l'élaboration de ce schéma. L'Etat se doit, quant à lui, de donner aux autorités locales les moyens d'appliquer leur politique lorsqu'elle implique des actions relevant de sa compétence. A ce titre, il est rappelé qu'une enveloppe complémentaire de 350 millions de francs est prévue dans le budget 1990 afin de permettre la création de 7 500 places de sections de cure et de 1 000 places de soins infirmiers à domicile. Au total 15 000 places devraient être ainsi créées en 1990. Mais le développement des services ou des structures permettant une prise en charge adaptée ne suffit pas. Il faut permettre aux familles de pouvoir y accéder dans les meilleures conditions financières possibles. C'estpourquoi des réflexions approfondies sont actuellement menées sur la prise en charge de la dépendance. De plus, il est essentiel que soit développée la formation gérontologique des intervenants. La mise en place de la capacité en gérontologie pour les médecins et l'adaptation des programmes d'études des personnels paramédicaux tendent à répondre à ce souci. Enfin, en ce qui concerne la recherche, de nombreuses équipes se consacrent en France à l'étude de la maladie d'Alzheimer tant dans le domaine de l'épidémiologie que de la recherche clinique ou fondamentale et, à cet égard, la création d'une intercommission de gérontologie à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (I.N.S.E.R.M.) doit aider au développement des travaux sur cette maladie. Ainsi, en 1989, l'I.N.S.E.R.M. a consacré plus de 30 millions de francs sur ce seul sujet. Renforcer le maintien à domicile par le développement des services d'aide et de soins, l'adaptation des structures existantes aux spécificités de la prise en charge des personnes atteintes de troubles des fonctions supérieures, une meilleure formation des intervenants, le développement de la recherche telles sont quelques-unes des conditons si l'on veut répondre au défi du vieillissement démographique.

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