Question de M. ROUX Olivier (Français établis hors de France - UC) publiée le 02/07/1987

M.Olivier Roux attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la dégradation de la place de la langue française au grand-duché du Luxembourg. En effet, la culture luxembourgeoise semble accuser un penchant prononcé pour le monde germanique : ainsi, d'une part, selon une enquête récente, les programmes télévisés allemands sont beaucoup plus regardés que les chaînes françaises ; d'autre part, le nombre des étudiants luxembourgeois dans les universités allemandes est en constante augmentation depuis 1981, alors qu'il reste stationnaire en France. Par ailleurs, il serait question de réduire, dans les écoles luxembourgeoises, le nombre d'heures consacrées à l'enseignement des langues étrangères, donc du français. Il lui demande en conséquence quelles mesures il envisage de prendre pour inverser cette tendance et rendre à notre langue la place traditionnelle qu'elle occupait au grand-duché du Luxembourg, pays avec lequel la France a toujours entretenu de solides relations d'amitié.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 13/08/1987

Réponse. -La question de l'honorable parlementaire appelle la réponse suivante : la situation linguistique, au Luxembourg est la suivante : le luxembourgeois, le français et l'allemand sont toutes trois langues officielles ; cependant elles ont un usage différent : l'allemand est la langue d'enseignement du premier cycle, mais le français, langue de l'administration, est la langue unique d'enseignement du second cycle et celle du diplôme de fin d'études. Dans un contexte général de réduction de la place faite au Luxembourg à l'enseignement des langues, la tendance est forte de réduire les horaires de français à l'école primaire. Il n'existe d'ailleurs qu'une seule école primaire luxembourgeoise où le français soit, par dérogation, la langue d'enseignement. S'agissant des études supérieures, un quart des étudiants luxembourgeois (environ 800 sur 3 000) choisissent d'étudier en France, surtout en droit, économie, médecine et lettres. Mais les autorités luxembourgeoises sont conscientes aussi de ce que la langue française est une composante essentielle de l'identité luxembourgeoise et qu'un affaiblissement de la position de cette langue altérerait la spécificité du grand-duché, le Gouvernement français peut compter sur l'appui des autorités luxembourgeoises elles-mêmes. Les efforts en cours sont actuellement les suivants : s'agissant de l'enseignement du français, nous avons obtenu que le projet de réduction des horaires à l'école primaire soit reconsidéré ; un collège français, reconnu et soutenu par le ministère des affaires étrangères, a été créé il y a trois ans : le collège Vauban suit les programmes français et une classe de troisième sera ouverte à la rentrée 1987-1988 ; l'aide attribuée à ce collège par le ministère des affaires étrangères sera accrue (postes, stages, subvention, matériel). D'autre part, une association de professeurs de français au Luxembourg sera constituée avec le soutien du ministère des affaires étrangères et un poste d'attaché linguistique sera créé en 1988. D'une manière plus générale, la dernière commission mixte culturelle, scientifique et technique franco-luxembourgeoise, qui s'est tenue au Luxembourg le 22 mai 1987, a prévu un ensemble de dispositions pour intensifier la coopération dans le domaine de l'enseignement primaire et secondaire, ainsi que dans celui des relations universitaires. Le budget de l'aide à l'enseignement du français a été augmenté en 1987 de 12,5 p. 100 par rapport à l'année précédente. En matière de radiodiffusion et de télévision, un accroissement des émissions consacrées au pays partenaire est encouragé de part et d'autre. Au grand-duché, une collaboration étroite existe depuis 1983 entre le centre culturel français de Luxembourg et les services de la R.T.L. En outre, le projet franco-allemand de création d'une chaîne culturelle à vocation européenne prévoit d'associer le Luxembourg. Enfin, l'ensemble des dispositionsprises lors de la dernière commission mixte culturelle, scientifique et technique dans les secteurs du livre, du cinéma, des échanges artistiques et des échanges de jeunes ainsi que dans les domaines scientifiques et techniques et de la coopération transfrontalière (notamment avec la Lorraine) servent indirectement la langue française au Luxembourg en resserrant les liens traditionnels de francophonie entre les deux pays. Le ministère des affaires étrangères tient le texte du protocole de cette commission mixte à la disposition de l'honorable parlementaire.

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