Question de M. MÉLENCHON Jean-Luc (Essonne - SOC) publiée le 21/05/1987

M.Jean-Luc Mélenchon demande à M. le ministre de l'industrie, des P. et T. et du tourisme de lui indiquer les justifications et les résultats du rejet à l'air libre, le 15 octobre 1986, d'une subtance fortement radioactive, le tritium. Cette expérience faite depuis le centre d'études du C.E.A. de Saclay, dans l'Essonne, répondait, semble-t-il, à des essais demandés par la Communauté européenne. Les rejets opérés à Saclay ont libéré deux fois un gramme de tritium. Selon le journal Le Canard enchaîné du 6 mai 1987, cette quantité équivaudrait à ce qui est toléré en un an pour tout le parc nucléaire français. C'est pourquoi il souhaite connaître les raisons précises de ce rejet, leur finalité expérimentale. De plus, et devant l'inquiétude des populations, il lui demande de lui préciser la quantité exacte de tritium rejeté et les risques qu'ils font courir sur les habitants de la zone concernée. Enfin, il souhaite disposer des chiffres de la radioactivité sur Bru yères-le-Châtel et les communes environnantes depuis cette expérience.

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Réponse du ministère : Industrie publiée le 15/10/1987

Réponse. -Le programme français sur la fusion thermonucléaire contrôlée est poursuivie dans le cadre d'une coopération européenne qui s'est établie au sein de l'Euratom. Les recherches actuelles sont orientées vers la fusion d'un mélange deutérium-tritium, qui sont deux gaz isotopes de l'hydrogène et dont l'un - le tritium - est radioactif avec une période (demi-vie) de 12,3 ans. L'utilisation du tritium dans un réacteur à fusion contrôlée nécessite en particulier que l'on maîtrise parfaitement toute la technologie de ce gaz et que l'on connaisse dans les moindres détails les risques potentiels que représenterait son emploi en quantité importante dans les installations à caractère industriel. Les communautés européennes ont ainsi demandé au C.E.A., compte tenu de ses acquis sur la technologie et la sûreté d'emploi du tritium, d'effectuer une étude destinée à mieux connaître le comportement dans l'atmosphère de cet isotope. Il faut rappeler que le tritium est un isotope de l'hydrogène et qu'il lui est de ce fait quasi équivalent du point de vue chimique. Comme tout hydrogène, il peut se combiner à l'oxygène pour former de l'eau. L'objectif de cette étude est la mesure du taux de conversion du tritium gazeux en eau tritiée dans l'environnement. Elle consistait à effectuer une expériementation dans l'atmosphère, mettant en oeuvre une faible quantité de tritium gazeux dans des conditions climatiques bien définies. Un certain nombre de conditions étaient à remplir pour effectuer une telle expérience. Il fallait une très bonne pratique des manipulations tritium et, en ce qui concerne le site, un terrain favorable à la mise en place d'une trentaine de détecteurs dans un secteur précis afin de suivre la formation d'eau tritiée en fonction du temps. De plus, une station météorologique spécialisée est indispensable pour assurer les prévisions en vitesse et direction du vent et le suivi de la manipulation. Le centre d'études de Bruyères-le-Châtel répondait à ces spécialisations. Avant l'expérience une étude a permis de déterminer un risque radiologique maximal en supposant notamment un comportement du tritium le plus défavorable possible. Compte tenu de ce risque maximal, aucune mesure particulière n'était à prévoir dans la zone concernée par l'expérience, ni pour les expérimentateurs ni pour la population. Les conditions de sûreté de cette expérimentation ont été examinées et ont reçu l'accord des autorités suivantes : M. le directeur du service central de protection contre les rayonnements ionisants (S.C.P.R.I.) agissant au nom du ministre de la santé ; M. le haut commissaire à l'énergie atomique, agissant au nom du ministre de l'industrie, des P. et T. et du tourisme ; M. le Préfet, commissaire de la République de l'Essonne. Des actions d'information ont été menées au niveau du personnel du centre ainsi que des représentants des communes avoisinantes, notamment au cours de réun
ions organisées en juin et septembre 1986 au centre d'études de Bruyères-le-Châtel. Deux mois d'attente ont été nécessaires pour obtenir les conditions météorologiques prévues. Cette expérience portant sur 0,7 g de tritium a été réalisée le 15 octobre 1986. Après exploitation des résultats, les remarques suivantes peuvent être faites : les conditions expérimentales prévues ont été strictement respectées ; les résultats obtenus par les différents laboratoires français et étrangers sont concordants ; dans l'atmosphère, la conversion du tritium en eau tritiée a pu être estimée : elle est très faible, de l'ordre de 1 p. 100 par jour ; c'est par conversion au niveau du sol et réémission que l'on observe de faibles concentrations en eau tritiée ; les conséquences sanitaires, dans la zone où la concentration maximale a été observée (quelques centaines de mètres sous le vent) ont été insignifiantes, de l'ordre de 0,01 millirem (à comparer aux 100 millirem par an apportés par l'irradiation naturelle), soit l'équivalent de dose reçue par un téléspectateur passant sa soirée à regarder une émissioon de télévision. Aucune détection de tritium n'a pu être faite sur les agents ayant participé à l'expérimentation. En ce qui concerne des résultats de surveillance de l'environnement, qui représente 180 prélèvements mensuels, dont 120 concernent le suivi du tritium, aucune évolution liée à l'expérience n'a été mise en évidence dans la période qui a suivi celle-ci. Seul le prélèvement atmosphérique moyen hebdomadaire situé à 2 km sous le vent a bien évidemment détecté l'expérience. ; et réémission que l'on observe de faibles concentrations en eau tritiée ; les conséquences sanitaires, dans la zone où la concentration maximale a été observée (quelques centaines de mètres sous le vent) ont été insignifiantes, de l'ordre de 0,01 millirem (à comparer aux 100 millirem par an apportés par l'irradiation naturelle), soit l'équivalent de dose reçue par un téléspectateur passant sa soirée à regarder une émissioon de télévision. Aucune détection de tritium n'a pu être faite sur les agents ayant participé à l'expérimentation. En ce qui concerne des résultats de surveillance de l'environnement, qui représente 180 prélèvements mensuels, dont 120 concernent le suivi du tritium, aucune évolution liée à l'expérience n'a été mise en évidence dans la période qui a suivi celle-ci. Seul le prélèvement atmosphérique moyen hebdomadaire situé à 2 km sous le vent a bien évidemment détecté l'expérience.

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