Question de M. VIDAL Marcel (Hérault - SOC) publiée le 23/04/1987

M.Marcel Vidal interroge M. le ministre de l'équipement, du logement, de l'aménagement du territoire et des transports sur le projet d'installer un cosmodrome européen dans la région Béziers-Narbonne. Il lui demande quelle est la position de ses services quant à l'éventuelle réalisation d'un site équivalent à celui de Kourou (Guyanne) sur l'espace visé.

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Transmise au ministère : Industrie


Réponse du ministère : Industrie publiée le 03/09/1987

Réponse. -La presse s'est fait récemment l'écho d'un projet de cosmodrome dans la région Languedoc-Roussillon. Les informations rapportées laissaient entendre que ce projet serait actuellement à l'étude et ferait même l'objet d'une négociation avec nos partenaires de l'Agence spatiale européenne. Un tel projet, s'il existait, serait extrêmement bénéfique pour le Languedoc-Roussillon. Malheureusement, il est dénué de tout fondement car les obstacles techniques et économiques à surmonter sont rédhibitoires. L'origine de cette idée vient d'une réflexion prospective menée en 1983 par différentes personnes dont aucune n'est spécialiste du domaine spatial. A aucun moment, ce projet, qui avait fait l'objet d'une communication, n'a eu un caractère officiel et il n'a pas été repris, même à titre confidentiel, par le Centre national d'études spatiales. L'implantation d'une base de lancement de France serait une faute économique majeure. En effet, la différence de latitude avec la Guyane ferait perdre 25 p. 100 de performance en renchérissant d'autant le coût de lancement pour la mise en orbite des satellites géostationnaires, soit les deux tiers des satellites. En outre, les cadences de tir n'exigent absolument pas une seconde base : vers la fin du siècle, il sera procédé à une douzaine de tirs de la fusée Ariane par an, dont 2 à 3 pour l'avion orbital Hermès. Enfin, une base de lancement dans le Languedoc-Roussillon est incompatible avec les exigences de sécurité des populations. Le lancement de fusées restera encore longtemps une opération extrêmement dangereuse, notamment à cause de l'utilisation d'hydrogène liquide en très grande quantité. De surcroît, il faut prévoir des zones dégagées pour la retombée des premiers étages, et un large dégagement dans la direction du tir car le lanceur peut toujours exploser ou dévier sans qu'il soit possible de modifier sa trajectoire. La densité de population en Europe, sa configuration géographique, l'importance de la circulation maritime en Méditerranée ne permettent en aucun cas de respecter ces contraintes. Du reste, l'U.R.S.S. et les Etats-Unis ont plusieurs bases de lancement car aucun de leurs sites ne respecte les contraintes de sécurité pour toutes les directions de tir. Or la France, et donc l'Europe, dispose, avec la base de Kourou en Guyane, d'un site exceptionnel qui satisfait à toutes ces exigences. Il est donc exclu de s'en priver, d'autant que cette base représente un intérêt économique de premier plan pour le développement de la Guyane. L'ensemble de ces éléments explique les raisons pour lesquelles l'Agence spatiale européenne n'a aucunement l'intention de créer une seconde base de lancement en Europe.

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