Question de M. DELONG Jacques-Richard (Haute-Marne - RPR) publiée le 25/12/1986

M. Jacques Delong appelle l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur les moyens de lutte contre les incendies qui ruinent le littoral méditerranéen et son arrière-pays. En 1986, 55 000 hectares ont été dévastés, soit cinq fois la superficie de Paris. Il constate que les efforts jusqu'ici déployés n'ont pas permis de juguler ce fléau et que les forêts de production comme les forêts de protection sont désormais également vouées à la destruction sur quatre millions d'hectares, soit près de 25 p. 100 de la forêt française. Il regrette d'observer que les zones rurales sont sacrifiées au point d'être condamnées à une désertification comparable à celle du Sahel africain. Il s'étonne que les pouvoirs publics et les médias reconnaissent l'ampleur du désastre lorsque le feu met en cause l'existence même des sites mondialement réputés en zone littorale. Il déplore les sacrifices des sauveteurs que rien ne peut réparer. Souhaitant donc connaître le coût et l'étendue des pertes en hommes et en biens subies en 1986, il lui demande toutes précisions relatives aux forêts domaniales, communales et privées de la zone méditerranéenne. Il souhaite connaître le coût, la nature et l'ampleur des moyens en personnels et en matériels qui seront mis en oeuvre en 1987 par rapport à 1986. Il souligne à ce propos l'impossibilité de surcharger les budgets des communes forestières rurales impliquées par le coût élevé du débroussaillement préventif et par les conséquences financières des incendies, l'opportunité de baser des Canadair dans les Alpes-Maritimes et d'aboutir à une réelle coordination entre les maires des communes forestières et tous les services chargés sur le terrain de la lutte contre les incendies. Considérant les efforts de l'Etat, les aides apportées par les collectivités territoriales, il lui demande de bien vouloir lui préciser la part prise par son département ministériel à la mise en oeuvre du " conservatoire " décidée par M. le Premier ministre. Il souhaite enfin connaître si les 16 305 " causes inconnues " de feux de forêts entre 1973 et 1985 - sans insister sur des anomalies constatées en 1986 - relèvent de causes réputées inconnaissables, comme sur le pourtour européen de la Méditerranée.

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Réponse du ministère : Intérieur publiée le 26/02/1987

Réponse. -En 1986, les incendies de forêts ont causé la mort de onze personnes, dont huit sauveteurs, et ont parcouru 47 000 hectares. Pour éviter que des incendies d'une telle ampleur ne se renouvellent, un effort significatif est entrepris pour améliorer le dispositif de lutte, tant par l'accroissement des moyens disponibles que par une mobilisation préventive plus importante que par le passé. En 1987, trois bombardiers d'eau supplémentaires de type Tracker supplémentaires compléteront la flotte des bombardiers d'eau de la sécurité civile. Un Fokker 27 sera expérimenté et le recours aux hélicoptères en version bombardier d'eau (neuf appareils) ou transport de commando (trois) sera développé. Ce développement très important de la flotte des moyens aériens permettra de procéder systématiquement à la mise en place d'aéronefs sur des bases autres que Marignane. Deux Tracker seront ainsi basés à Nice ; le département des Alpes-Maritimes bénéficiera également de l'implantation de deux hélicoptères largueurs d'eau. La même tactique devant également prévaloir dans l'emploi des moyens terrestres, l'Etat participera financièrement aux mesures adoptées par les départements pour mobiliser préventivement les sapeurs-pompiers afin de diminuer leurs délais d'intervention. Outre ces mesures nouvelles, une ligne budgétaire intitulée Conservatoire de la forêt méditerranéenne a été créée pour accroître les actions entreprises dans le domaine de la prévention. Le ministère de l'intérieur n'est pas le gestionnaire principal de ces crédits, qui relèvent du ministère de l'agriculture. Mais toutes les parties concernées, au premier rang desquelles les collectivités territoriales, seront associées à leur répartition afin que soit garantie la coordination des interventions visant à la protection de la forêt contre l'incendie. Enfin, deux actions seront intensifiées pour améliorer la connaissance de l'origine des sinistres : d'une part, le renforcement de l'activité des Bureaux d'études et de centralisation des renseignements sur les incendies de forêts (B.E.C.R.I.F.), d'autre part, le réaménagement de l'instrument statistique utilisé dans le domaine des feux de forêts.

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