Question de M. TAITTINGER Pierre-Christian (Paris - U.R.E.I.) publiée le 10/07/1986

M.Pierre-Christian Taittinger demande à M. le ministre de l'industrie, des P. et T. et du tourisme à partir de quelle date est envisagé le renouvellement des centrales R.E.P. actuelles et quand sera connu le programme de construction des centrales R.E.P. avancées plus performantes sur le plan économique et permettant une meilleure utilisation de l'uranium.

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Réponse du ministère : Industrie publiée le 11/09/1986

Réponse. -L'âge moyen des centrales R.E.P. françaises est de quatre ans et la plus ancienne d'entre elles, Fessenheim I, date de 1977. Leur remplacement ne présente donc aucun caractère d'urgence. La durée de vie économique escomptée des centrales nucléraires est de vingt-cinq ans et c'est sur cette période qu'ont été répartis les amortissements. Toutefois, techniquement les composants principaux des chaudières nucléaires ont été dimensionnés pour une durée de vie de quarante ans. Or, le coût du kilowattheure d'origine nucléaire compte une forte part d'investissements (plus de la moitié), il serait donc intéressant de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires même si pour cela il faut prévoir des interventions de " rajeunissement " importantes sur certains composants ou même envisager le remplacement de ces composants. Le bon fonctionnement des centrales nucléaires françaises a conduit E.D.F. à envisager de prolonger leur utilisation au-delà de leurdurée de vie économique, cet objectif n'étant, d'ailleurs, pas limité à E.D.F. Aux Etats-Unis, par exemple, un important programme d'études a été lancé dans ce sens, en prenant comme modèle d'application la centrale Surry I qui a démarré en 1972. En France, une structure de travail a été mise en place en 1985 au sein d'E.D.F., à laquelle Framatome, le constructeur français, et le commissariat à l'énergie atomique, seront appelés à collaborer. Il semble, aujourd'hui, raisonnable de penser que les centrales nucléaires R.E.P. actuelles pourront fonctionner au moins trente ans, quarante ans peut-être. C'est donc au plus tôt vers l'an 2000, et plus vraisemblablement aux environs de l'an 2010, que devraient être passées les premières commandes des centrales destinées à remplacer celles qui fonctionnent actuellement. En ce qui concerne la construction de centrales R.E.P. avancées, plusieurs concepts nouveaux sont actuellement étudiés par le C.E.A., E.D.F. et Framatome, qui visent tous un gain sur le coût du kilowattheure (investissements, exploitation et combustible) et une meilleure utilisation des ressources en uranium naturel : le R.V.S., réacteur à variation de spectre dans lequel on favorise au début du cycle la production de plutonium à partir de l'U 238, plutonium dont une partie sera brûlée en fin de cycle ; les R.S.M., réacteurs sous-modérés dans lesquels la formation de plutonium, ultérieurement utilisable dans un R.E.P., est plus importante que dans un R.E.P. standard ; le P.C.V.S., réacteur convertisseur à variation de spectre qui combine les deux concepts précédents (Framatome). Les études réalisées jusqu'à présent ont confirmé l'intérêt que présentaient ces types de réacteurs : économie d'uranium, meilleure utilisation du plutonium, coût du cycle du combustible abaissé... Néanmoins, des études complémentaires sont nécessaires concernant la neutronique, la thermohydraulique, les problèmes de sûreté... Un programme de trois ans a été lancé en 1984 pour lever ces incertitudes et démontrer la faisabilité de ces nouveaux concepts. Si celle-ci était démontrée, on pourrait envisager une disponibilité du produit à la fin de la décennie 90.

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